L’électrification des transports, c’est maintenant, dit un panel d’experts
L’électromobilité, ce n’est plus un projet à venir, mais une réalité actuelle, selon un groupe de discussion réuni dans le cadre du symposium d’AttriX Technologies tenu en début de semaine. « L’électrification du transport, on y est » ont répondu unanimement Sarah Houde, PDG de Propulsion Québec, Yves Provencher, président de Provencher Groupe Conseil et Sylvain Cabanetos, chargé de comptes pour InnovHQ.
«Il n’y a pas de projet plus nationaliste pour le Québec. L’électrification, c’est la meilleure façon de continuer à atteindre nos objectifs environnementaux», a indiqué Sarah Houde d’entrée de jeu. «Du point de vue économique, elle nous permettra de devenir indépendants du pétrole et de créer de la richesse ici. Notre électricité est abordable, nous avons le plus bas tarif en Amérique du Nord. C’est très important, car il n’y a pas de business case possible dans l’exploitation d’une flotte si l’électricité est chère.», Elle a dit beaucoup croire au projet de la filière batterie au Québec, soulignant que «notre sous-sol est rempli de tout ce qu’il faut pour fabriquer des batteries.»
Mme Houde a énuméré les étapes qui ont mené à la réalité actuelle au Québec, partant des plus petits véhicules qui font de plus courtes distances sur des itinéraires répétitifs, pour passer au transport scolaire caractérisé par des distances plus planifiées pour en arriver vers de plus gros véhicules qui transportent de plus grosses charges sur des distances plus longues sur des circuits diversifiés.
«Plus on avance, plus ça se complexifie d’un point de vue technique et technologique. C’est un chemin dans lequel on avance pour perfectionner les véhicules et la recharge afin de faire des circuits qui sont plus complexes », de dire Mme Houde.
Yves Provencher qui, jusqu’à tout récemment, travaillait pour Lion Électrique, est revenu sur l’électrification des autobus scolaires qui a précédé celle des camions. «Un autobus scolaire, ça reste que c’est un camion de classe 7. Nous sommes rendus maintenant aux vrais camions qui transportent des marchandises. Il y en a déjà quelques-uns qui circulent déjà à Montréal. C’est un bon test, car, comme on dit souvent : si ça marche à Montréal, ça va marcher partout.»
Le Québec possède aussi une des meilleures expertises au monde en matière d’électrification du transport. «Cela n’est certainement pas négligeable. Il y a la motorisation qui vient de Dana/TM4 qui équipe les camions Lion, mais les camions Paccar aussi font appel à de la technologie qui vient du Québec avec Nordresa », de souligner M. Provencher.
Sylvain Cabanetos d’InnovHQ, une filiale d’Hydro-Québec créée pour accélérer la transition énergétique, a souligné les progrès importants qui ont été faits depuis quelques années en matière de bornes de recharge, soulignant qu’il y a aujourd’hui une grande disponibilité de manufacturiers de bornes de recharge.
M. Cabanetos a abordé les trois piliers de l’électrification qui sont la disponibilité du véhicule, les subventions et la réglementation.
«On pense souvent au véhicule, et il faut effectivement trouver des véhicules qui vont répondre à nos opérations et qui sont disponibles au Québec, mais ce n’est que la première étape.. Ensuite, il y a les infrastructures. Est-ce que des subventions sont disponibles? Il y a aussi la formation. On parle d’écoconduite, de régénération de l’énergie par le freinage. Nous sommes dans un tout nouveau paradigme.»
La disponibilité des véhicules dictera les prochaines étapes de l’électrification dans le camionnage. «On parle beaucoup des véhicules du dernier mile. Les petites camionnettes et fourgonnettes qui peuvent s’électrifier assez facilement. Mais nous sommes rendus à des classes 6, à des classes 8 qui peuvent faire de plus petites distances. C’est disponible et c’est tout à fait envisageable d’aller dans cette direction », croit Sylvain Cabanetos.
Anthony Mainville, président d’AttriX qui animait le panel, a souligné que ceux qui adopteront rapidement l’électrification pour les livraisons en ville seront favorisés. «Les centres urbains vont favoriser les véhicules zéro carbone. On sait aussi qu’il y a des restrictions en ce qui a trait au bruit dans les zones urbaines. Il y a beaucoup d’opportunités d’affaires de ce côté et ces réglementations vont arriver beaucoup plus vite qu’on le pense.»
Yves Provencher a ajouté qu’outre les réglementations, les clients vont influencer le déploiement des camions électriques, donnant comme exemple Ikea, dont les appels d’offres précisent qu’au cours des cinq prochaines années, 20% des véhicules doivent être électriques dès la première année d’un contrat de transport. « Ikea dit, si vous voulez soumissionner avec nous, 20% de vos véhicules doivent être électriques et, en passant, dans cinq ans, ça devra être 100%. Si tu n’as pas de véhicules électriques, tu ne soumissionnes simplement pas.»
Sarah Houde a rappelé qu’à compter de 2030, Montréal n’acceptera aucun véhicule à moteur thermique au centre-ville.
«Tout le monde veut faire une transition. Les différents gouvernements se sont donné des objectifs ambitieux au cours des dernières années, mais on a du mal à les atteindre les objectifs. Il faut être toujours de plus en plus ambitieux pour compenser ce qu’on n’a pas réussi à atteindre », croit la PDG de Propulsion Québec.
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