Illusions d’optique pour contrer les excès de vitesse

Même si un camion est limité à 105 km/h, ça n’empêche pas son chauffeur de commettre un excès de vitesse s’il ne remarque pas que, sur une portion de route secondaire, la limite permise passe de 90 km/h à 70 km/h. Ça vaut aussi pour les automobilistes, d’ailleurs.

Les excès de vitesses de ce genre seraient fréquents selon des municipalités qui s’inquiètent  de la sécurité de leurs citoyens.  Plusieurs d’entre elles ont demandé au ministère des Transports du Québec (MTQ) d’intervenir afin de mieux préparer les usagers de la route à l’approche d’une zone de transition de limite de vitesse, explique Isabelle Paré, conseillère en communication au MTQ à l’occasion d’un échange avec Transport Routier.

À Lantier dans les Laurentides, les bandes hachurées donnent l’illusion au conducteur qu’il circule plus rapidement, l’incitant à ralentir. (Photo : MTQ)

Le MTQ a ainsi mis en place un projet pilote de marquage spécial de la chaussée sur une vingtaine de zones de transition de ce type, un peu partout au Québec. C’est le cas par exemple sur la route 347 à St-Damien, dans Lanaudière, et sur la 329 à Lantier, dans les Laurentides. Les coûts sont d’environ 2 300 $ par site de marquage.

« Il faut souligner que le comportement des usagers de la route est influencé principalement par leur perception de l’environnement routier. Il ne suffit donc pas d’abaisser une limite de vitesse affichée pour que les conducteurs diminuent de façon significative la vitesse à laquelle ils circulent. Il faut que la limite imposée corresponde au milieu environnant de façon à inciter les conducteurs à adopter le comportement attendu », indique Mme Paré.

La porte-parole du MTQ explique que le ministère s’est inspiré d’un guide publié en 2018 par l’Association des transports du Canada (ATC), qui présente certains types de marquage pouvant être considérés comme mesures visant la réduction des vitesses pratiquées. Il en a retenu trois :

  • Limite de vitesse au sol

La limite de vitesse est rappelée au sol. L’inscription sur la chaussée est plus grande que le panneau de signalisation et se trouve directement dans le champ de vision du conducteur.

  • Rétrécissement visuel

On peint une ligne blanche continue du côté droit de la voie de circulation, de manière à la rétrécir. « Lorsque la voie de circulation est moins large, les conducteurs sont généralement moins confortables à circuler rapidement », indique Mme Paré.

  • Bandes transversales

Un marquage au sol hachuré, de plus en plus rapproché de chaque côté de la voie de circulation, crée une illusion d’accélération du véhicule et incite le conducteur à ralentir.

Comparaisons « avant/après »

Des relevés de vitesse ont été compilés avant l’application du marquage au sol et d’autres le seront après. Ils seront analysés afin d’évaluer l’effet du marquage entre le début et la fin des sites ciblés. Des relevés vidéo seront également utilisés pour analyser le comportement des conducteurs et la vitesse à laquelle ils circulent.

Le projet pilote se poursuit pendant quelques semaines encore et le dépôt d’un rapport, accompagné de recommandations, est prévu en fin d’année 2021.

Daniel Monette, maire de Saint-Damien où ce type de marquage est testé, dit fonder de grands espoirs à l’égard de cette initiative. « Nous attendrons avec grand intérêt les conclusions que le Ministère tirera des analyses », déclare-t-il.

Et si ça fonctionne bien, ces marquages à illusion d’optique pourraient-ils être utilisés sur des portions d’autoroutes, des bretelles de sortie ou d’entrée par exemple?

À cela, Mme Paré répond qu’il est pour le moment « trop tôt pour se prononcer quant à l’avenir de ce projet pilote et de son déploiement à plus grande échelle sur le réseau routier du Ministère. »

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