À quand l’autoroute Château Pétrus?

Le temps des Fêtes est à nos portes et plusieurs en profiteront pour trinquer en famille et entre amis. N’oubliez pas de mettre vos bouteilles d’alcool vides au recyclage! Attendez un instant. Si on en faisait plutôt la matière première d’une infrastructure routière?

C’est la solution qui a été envisagée et mise de l’avant avec succès par la Ville de Montréal, la Société des alcools du Québec (SAQ) et la Chaire SAQ de valorisation du verre dans les matériaux de l’Université de Sherbrooke.

Ensemble, ils ont décroché le prestigieux Prix d’Excellence 2021 de l’American Concrete Institute au niveau international, pour avoir incorporé l’équivalent de 70 000 bouteilles de vin à la structure des nouveaux ponts Darwin, sur le boulevard de l’Île-des-Sœurs dans l’arrondissement Verdun.

Le verre récupéré de l’équivalent de 70 000 bouteilles de vin a été intégré à la structure des nouveaux ponts Darwin, à Montréal (Photo : Groupe CNW/Ville de Montréal)

Environ 15 000 véhicules circulent chaque jour sur ces ponts, dont le budget de construction est évalué à 11 millions $.

« Ce sont les premiers ponts au monde construits avec du béton dans lequel de la poudre de verre recyclé finement broyé a été intégrée », a précisé Sylvain Ouellet, conseiller municipal à la ville de Montréal.

Un peu de nous autres là-dedans

« Nous sommes fiers, à la SAQ, qu’un peu de nous se retrouve dans ces ponts », a pour sa part déclaré Marie-Hélène Lagacé, vice-présidente, Affaires publiques, Communications et Responsabilité sociétale à la SAQ.

« Alors que la mise en place de la consigne élargie dans les prochains mois nous permettra d’obtenir du verre d’une grande qualité, l’utilisation de la poudre de verre dans les infrastructures est une façon innovante de valoriser la matière qui s’inscrit parfaitement dans notre volonté d’encourager l’économie circulaire », a poursuivi la porte-parole de la société d’État.

40 tonnes de CO2 en moins et de la solidité en plus

Selon le communiqué émis par le cabinet de la mairesse de la Ville de Montréal, la construction des ponts Darwin a permis d’engendrer une économie de 40 000 kg de ciment, soit 10% de moins qu’en construction conventionnelle. « La production de ciment étant une source d’émission de gaz à effet de serre, ce sont donc environ 40 tonnes de CO2 qui ne se sont pas retrouvées dans l’atmosphère grâce à cette méthode innovante de construction », peut-on lire dans ce document.

Selon le cabinet de la mairesse de Montréal, l’utilisation de la poudre de verre en remplacement du ciment dans le béton permet d’en accroître la durabilité et la résistance. (Photo : Groupe CNW/Ville de Montréal)

On ajoute que l’utilisation de la poudre de verre en remplacement du ciment dans le béton permet d’en accroître la durabilité et la résistance. Les ponts seront suivis de près par l’Université de Sherbrooke et la Ville de Montréal afin d’évaluer la performance du béton dans les années à venir.

L’utilisation de poudre de verre en remplacement du ciment dans la production de béton est officiellement reconnue par la norme américaine ASTM C1866 depuis avril 2020. Au Canada, la poudre de verre a été normalisée en décembre 2018 dans la norme CSA A3000.

Le MTQ étudie la situation

Reste à voir si la méthode peut être utilisée à plus grande échelle, sur nos autoroutes et viaducs par exemple.

À l’occasion d’un échange avec Transport Routier, Louis-André Bertrand, porte-parole du ministère des Transports du Québec (MTQ) dit que l’organisation n’écarte pas d’emblée l’utilisation du verre recyclé dans ses infrastructures, mais que cela représente certains défis.

« Le Ministère suit avec intérêt les travaux de la recherche de la Chaire SAQ de valorisation du verre dans les matériaux, particulièrement en ce qui a trait à l’utilisation du verre comme abrasif en viabilité hivernale, dans la structure de chaussée, dans le béton et dans les enrobés », dit-il dans un premier temps.

Le porte-parole du MTQ ajoute que, depuis plusieurs années, l’expertise du ministère a été mise à profit dans plusieurs projets de recherches menés par des partenaires sur la réutilisation du verre recyclé mais que celle-ci s’est avérée complexe.

« Son usage dans les différentes applications engendre des impacts sur les caractéristiques techniques et des coûts qu’il faut évaluer avant d’être en mesure d’utiliser ce verre de façon efficace et sécuritaire, à plus grande échelle », précise M. Bertrand.

À l’heure actuelle, le MTQ dit ne pas compter de projets-pilotes liés à l’utilisation du verre recyclé, en cours ou à venir, mais ajoute rester « ouvert et à l’affût de propositions de collaborations futures au sein de projets de recherche liés à la valorisation du verre dans les matériaux. »

Les ponts Darwin se trouvent à Verdun. (Photo : Groupe CNW/Ville de Montréal)

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