Normes d’émissions 2027: l’EPA est-elle raisonnable?
Quand l‘Environmental Protection Agency (EPA) adopte de nouvelles normes d’émissions polluantes pour les véhicules et les moteurs lourds, les flottes en payent le prix. Au propre comme au figuré. Les lettres EGR suffisent encore à donner des sueurs froides à plusieurs directeurs de maintenance.
L’EPA vient d’annoncer les nouvelles normes qui s’appliqueront à partir de l’année modèle 2027. Je croyais que les oxydes d’azote (NOx) avaient pratiquement été éliminés des émissions des véhicules lourds au cours des dernières années, mais ce n’est apparemment pas le cas.
Il s’agit de la première mise à jour des normes de qualité de l’air pour les camions lourds depuis plus de 20 ans. Avec la future réglementation, les émissions de NOx seront 80 % plus strictes que celles qui s’appliquent aujourd’hui.
Les fabricants devront offrir des garanties obligatoires sur les dispositifs antipollution de 2,8 à 4,5 fois plus longues, et ils devront démontrer que les moteurs sont conçus de manière qu’il soit impossible pour les conducteurs d’altérer les contrôles électroniques des émissions.
Aussi, les normes devront être respectées dans un plus large éventail de conditions d’utilisation. Par exemple dans des situations de faible charge. Dans ces situations, qui génèrent des températures d’échappement plus basses, l’efficacité des systèmes de réduction catalytique sélective est moindre.
La règle devrait permettre de réduire de plus de 40 % les émissions de NOx des véhicules lourds dès 2040, au fur et à mesure de l’arrivée de nouveaux véhicules dans le parc américain. En 2045, lorsque la majeure partie de la flotte réglementée aura changé de propriétaire, les émissions auront diminué de moitié par rapport aux niveaux observés sans les changements.
Réduire de 80% encore le niveau de NOx représente un énorme défi technique pour les constructeurs de véhicules et de moteurs. La Truck and Engine Manufacturers Association a qualifié cet objectif de «technologiquement impossible» et a prévenu l’EPA que la réglementation «ne permettrait pas d’atteindre les objectifs environnementaux, car les clients ne pourront pas se conformer à ces exigences.
L’association a estimé que la technologie nécessaire pour répondre à la réglementation ainsi qu’aux dispositions relatives à la garantie prolongée et à la durée de vie utile ajoutera 35 000 $ US au coût d’un camion, sans compter l’entretien supplémentaire qui sera requis.
«Nos membres sont pleinement engagés à travailler avec l’EPA et les autres parties prenantes pour une mise en œuvre réussie. En fin de compte, le succès ou l’échec de cette règle dépend de la volonté et de la capacité des flottes de camions à investir dans l’achat de la nouvelle technologie pour remplacer leurs véhicules plus anciens et plus polluants»
N’oublions pas que la phase 2 de la réglementation américaine sur la réduction des gaz à effet de serre est aussi en cours. Cette règle comporte des mesures de réduction des GES en 2021, 2024 et 2027. L’EPA veut maintenant resserrer la norme de 2027 encore davantage et elle travaille sur la phase 3 qui serait mise en œuvre en 2030.
Il y a 20 ans, les manufacturiers de moteurs n’ont pas disposé d’assez de temps pour développer les nouvelles technologies permettant de répondre aux normes de l’EPA, avec les problèmes de fiabilité et les hausses de consommation de carburant qui en ont découlé. Il faudra éviter de répéter les mêmes erreurs. Je serais prêt à un parier un vieux deux dollars que les ventes de camions de l’année modèle 2026 seront exceptionnelles.
Steve Bouchard
Rédacteur en chef, transportroutier.ca