De l’oxygène pour le lion?
Marc Bédard n’était pas peu fier d’inaugurer la nouvelle usine de fabrication de batteries au lithium-ion de Lion à Mirabel en début de semaine. Et on ne pourrait pas lui reprocher. Cette usine pourrait bien permettre au PDG de Lion de souffler un peu après des semaines difficiles.
L’annonce a eu pour effet de faire remonter l’action de Lion de 2,35$ à 3,39$ en 24 heures. La valeur de l’action de Lion a atteint un sommet de 28,40$ en juin 2021 et un creux de 2,28$ le 12 avril dernier.
Les dernières semaines de Marc Bédard, donc, n’ont pas été faciles.
Son plus dur coup, Lion l’a peut-être reçu lorsque Nikola Motors Company a fait l’acquisition du fabricant de batteries Romeo Power l’automne dernier.
En novembre 2020, Romeo Power avait annoncé par communiqué la signature d’un contrat de production pluriannuel avec Lion. Ce contrat devrait générer 234 millions de dollars de revenus pour Romeo Power sur une période de cinq ans à compter de 2021 et il couvrait l’ensemble de la flotte de camions urbains commerciaux de classe 6-8 de Lion.
Selon toute vraisemblance, en achetant Romeo Power, Nikola aurait sérieusement affecté la capacité de Lion de s’approvisionner en batteries. Lion a d’ailleurs intenté une poursuite contre Nikola en cour fédérale des États-Unis. Cette entente, avance Lion, «a été l’objet d’une ingérence délictueuse de la part de Nikola.»
Nous rapportions le mois passé que la poursuite repose essentiellement sur deux arguments : premièrement, Nikola aurait demandé à Romeo d’augmenter ses prix de 65% avant d’annuler le contrat une fois la prise de contrôle complétée et, deuxièmement, Nikola aurait tenté de débaucher des clients de Lion.
Cette usine que M. Bédard a inaugurée, Lion l’avait fait bâtir, mais l’a revendue quelques mois après la fin de sa construction en 2022 pour en devenir locataire. Québec et Ottawa ont investi près de 100 millions de dollars dans le développement de l’usine. Le Fonds de placement immobilier BTB en a fait l’acquisition pour 28 millions $.
Le 28 mars dernier, sous la plume du journaliste Thomas Gerbet de La Presse, la Société des alcools du Québec (SAQ) exprimait son insatisfaction face au camion de Lion électrique dont elle a pris possession au début de février. «Le camion Lion que nous avons acquis doit répondre à nos besoins et spécifications en matière d’autonomie et de capacité de charge utile. Depuis l’annonce, Lion a dû apporter beaucoup d’ajustements pour satisfaire ces exigences», avait confié Linda Bouchard, porte-parole de la SAQ à M. Gerbet.
Marc Bédard a répondu en disant qu’il est normal qu’un véhicule revienne au début d’une relation d’affaires.
Un début d’année difficile donc. L’inauguration de l’usine de batteries de Mirabel permettra-t-elle au PDG de Lion de mieux respirer? Les actionnaires lui souhaitent sûrement de tout cœur.