Le manque de mécanos et l’état des flottes de camions

OrdiCam 2000 était l’entreprise invitée à venir s’adresser aux membres de la Société des surintendants de transport de Québec, le 1er février dernier, dans le cadre de ses conférences mensuelles. Présentant les produits et services offerts par OrdiCam 200, son propriétaire Dany Perron a mentionné les systèmes de graissage automatiques des châssis de camions et de remorques. Il a fait une observation très intéressante sur ces dispositifs.

Essentiellement, M. Perron a indiqué que ces systèmes, en passant plus efficaces que ceux que vous avez peut-être connus il y a quelques années, sont particulièrement intéressants étant donné le manque de main-d’œuvre dans les ateliers. Parce qu’ils manquent de temps, les mécaniciens n’arrivent souvent plus à effectuer toutes les tâches d’entretien, notamment le graissage des châssis.

La remarque est importante, car elle incite à se poser la question: quelles conséquences la pénurie de mécaniciens a-t-elle vraiment non seulement sur l’efficacité et la durabilité des camions et remorques, mais aussi sur leur sécurité?

Le Bureau of Labor Statistics des États-Unis prévoit que, d’ici 2022, le secteur du camionnage commercial aura besoin aux États-Unis d’environ 67 000 techniciens hautement qualifiés et de 75 000 professionnels des moteurs diesel supplémentaires. En d’autres termes, dans trois ans, plus de 100 000 postes de techniciens/spécialistes du camionnage seront ouverts et à pourvoir.

Le manque de mécaniciens, donc, fait en sorte que certaines tâches d’entretien préventif, et probablement curatif aussi, sont reportées ou simplement pas effectuées. On peut penser aussi que des tâches sont confiées à des employés qui n’ont pas les qualifications nécessaires. Enfin, quand on manque de monde, on manque aussi de temps pour leur permettre de recevoir la formation continue essentielle qui est inhérente à leur métier.

Autre chose. Dans son Analyse du métier de mécanicienne et de mécanicien de véhicules lourds routiers de mai 2021, Camo-route se penche sur les défis qu’entraîne le vieillissement de la main-d’œuvre qui ralentit la croissance et le développement technologique du secteur. « lus l’équipe mécanique est âgée, plus on constate une résistance aux changements technologiques», souligne l’analyse. «Ces derniers demandent de maîtriser l’utilisation de nombreux logiciels de diagnostic et la capacité d’intervenir sur des systèmes complexes d’électronique, de connectivité et d’électricité».

À l’opposé, «plus les équipes de mécaniciens et de mécaniciennes sont jeunes, plus les entreprises sont en mesure de se doter des compétences requises pour suivre l’évolution. Les compétences numériques sont de plus en plus nécessaires à l’exercice du métier afin d’être en mesure de réaliser des activités diagnostiques reliées à l’électricité, à la connectivité et à l’automatisation».

Or, on le sait, les véhicules lourds sont de plus en plus connectés et, éventuellement, automatisés et électrifiés.

Si l’industrie n’arrive pas à renouveler suffisamment son bassin de techniciens de mécaniciens qualifiés, dans quel état se retrouvera le parc de camions lourds? Les systèmes automatiques peuvent prendre la relève pour des tâches comme la lubrification des châssis, mais l’humain sera toujours nécessaire dans les ateliers. Même si c’est davantage derrière un ordinateur portable que dans une fosse d’entretien mécanique.

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.