Deuxième vie

Comment tirer votre épingle du jeu dans le marché des camions d’occasion. Que vous soyez vendeur ou acheteur. 

Si vous cherchez des camions autoroutiers d’occasion ces jours-ci, les chances de trouver un bon véhicule à bon prix sont de votre côté, car le jeu de l’offre et de la demande est en faveur des acheteurs.

Les ventes exceptionnellement élevées de camions autoroutiers neufs au cours des dernières années, combinées au ralentissement qui commence à se faire sentir, ont pour effet de créer une surcapacité sur le marché.

«Je lisais tout récemment que le nombre de camions disponibles par cargaison a doublé depuis l’année passée, et qu’il y a presque quatre camions par cargaison disponible présentement», souligne Yvan Houle, président d’Atlas Camions usagés.

«Depuis juillet environ, le marché de l’usagé autoroutier est complètement à plat. En septembre seulement, 620 compagnies américaines de transport ont fermé leurs portes. Quand les États-Unis toussent, nous attrapons le rhume tout de suite après. C’est ce que l’on vit présentement.»

Personne n’ose prononcer le mot, mais M. Houle craint que l’on se dirige vers une récession et les entreprises qui font la reprise de véhicules auraient même commencé à bouger. «Si on se fie aux encans, le marché a commencé à tomber. Plus il y a de véhicules à vendre sur le marché, plus cela met une pression à la baisse sur les prix.»

Daniel Lamanque, représentant pour Centre du camion Gamache, constate lui aussi que les camions longue distance d’occasion ne sont pas les plus en demande, notamment en raison du manque de chauffeurs et des primes d’assurance qui sont très élevées.

Les acheteurs de camions usagés, ce ne sont pas les grandes flottes, mais plutôt les camionneurs indépendants et quelques petites flottes. «Les flottes vont parfois acheter d’occasion parce qu’elles ont décroché un gros contrat et que les délais de livraison des camions neufs sont trop longs. Nous sommes un gros dépanneur pour les grosses flottes», explique M. Lamanque.

«Souvent, avant de finaliser le contrat avec un camionneur indépendant, nous allons lui demander d’aller vérifier le prix des assurances, car ils ont beaucoup augmenté.»

«Auparavant, c’était le financement qui posait problème aux camionneurs qui voulaient se lancer en affaires. Maintenant, le problème pour eux c’est de se faire assurer. C’est pourquoi il y en a autant qui n’ont pas le choix d’aller travailler pour une autre compagnie», constate Yvan Houle.

La pénurie de chauffeurs a aussi un effet sur la vente de camions d’occasion. «Quand un bon chauffeur dit qu’il quitte pour se lancer à son compte avec un camion d’occasion, souvent son patron va offrir de lui acheter un camion neuf pour qu’il demeure dans la compagnie», illustre M. Lamanque.

Il en est tout autrement dans le segment des camions spécialisés, qui attire bon nombre d’acheteurs de véhicules d’occasion.

Michael Lussier, acheteur chez Camions Lussicam, confirme que ce marché est actif. Cela peut s’expliquer notamment par la difficulté que les acheteurs peuvent avoir à trouver des bennes à installer sur leurs camions neufs. «Les camions spécialisés déprécient beaucoup plus lentement que les camions autoroutiers, et les nombreux travaux routiers en cours au Québec ne doivent sûrement par nuire à la vigueur de ce secteur», analyse M. Lussier.

«Le marché est bon pour les bennes basculantes à 10 ou 12 roues, pour les camions à cabine de ville et pour les remorques aussi», constate Daniel Lamanque.

«Traditionnellement, les marchés de la construction et de l’excavation demeurent bons dans l’usagé. Les travaux routiers et le transport de pétrole, par exemple, sont des secteurs qui demeurent bons même en période de récession.»

Les avantages d’acheter d’occasion

L’achat d’un camion d’occasion présente certains avantages, notamment celui d’acquérir un camion à moindre coût et de l’avoir immédiatement. Souvent, le concessionnaire aura effectué de nombreuses réparations et améliorations entre le moment où il aura acquis le camion et celui où il le revendra.

Tout le succès de la transaction pour les deux parties, c’est de payer le prix juste au départ.

«Notre spécialité, c’est de reconditionner les camions que nous avons», souligne Daniel Lamanque. «Nous achetons souvent des concessionnaires car nous avons les pièces détachées usagées ou encore des camions d’occasions sur lesquels se trouvent les pièces dont nous avons besoin pour faire les réparations qui peuvent être requises. Environ 80 pour cent des camions que nous vendons au détail auront passé par les étapes de lavage, dégraissage, de décapage au sable pour le châssis et par la chambre à peinture.»

Les concessionnaires réputés font une inspection détaillée, remplacent les composantes mécaniques qui doivent l’être et installent des bons pneus au besoin pour que le camion soit prêt à travailler.

«Nous pouvons mettre 15 000 $ ou 20 000 $ sur un camion 12 roues», indique M. Lamanque.

Bâtir pour la revente

Quelles caractéristiques et composantes rendront votre camion neuf intéressant à la revente?

Évidemment, certaines marques sont plus recherchées. Les transmissions automatisées ou automatiques sont rentables aussi, car elles permettent à un plus grand nombre de personnes de conduire le camion.

De l’avis de tous les experts à qui nous avons parlé, le chrome peut aider un peu à la revente, mais ce n’est pas l’option la plus importante.

«Il faut penser polyvalence», souligne Michael Lussier. «Par exemple, un camion à cabine de ville sera plus intéressant si son empattement permet de le transformer en benne basculante. Vous n’avez peut-être pas besoin d’un différentiel à blocage intégral ou trois quart, mais cette option intéressera plus d’acheteurs à la revente. Si vous achetez un camion avec une transmission automatique, pensez à acheter la version sur laquelle on peut installer une prise de mouvement, car il sera possible de le modifier dans une autre configuration.»

Certaines caractéristiques intérieures peuvent aussi aider à la revente, comme opter pour un siège de bonne qualité ou un volant de bois. «Il vous en coûtera quelques centaines de dollars de plus pour installer trois ou quatre cadrans de plus dans le tableau de bord, mais les acheteurs d’usagé sont prêts à payer plus cher pour ce genre d’option», indique M. Lussier.

«Si le camion est équipé d’un moteur autour de 450 chevaux, c’est plus intéressant pour nous que si vous avez un moteur de 300 ou de 550 chevaux. Ce qui est gagnant, c’est un moteur dans la moyenne de ce qui se vend sur le marché», souligne Daniel Lamanque.

«Demandez-vous comment ce camion pourra intéresser le plus de monde possible», conseille Michael Lussier. «Il faut aussi éviter les spécifications qui limiteront les utilisations possibles du camion, par exemple des pneus simples à bande large sur un essieux à voie large, ce qui limite la flexibilité de configuration. La configuration six par deux n’est pas très valorisée non plus dans le marché d’occasion. Elle est intéressante du point de vue économie de carburant pour le premier acheteur, mais pas pour l’acheteur d’usagé.»

Les garanties

Yvan Houle recommande de prendre une garantie prolongée à l’achat d’un camion d’occasion. «S’il arrive un problème majeur, comme un bris de moteur qui entraîne une dépense de plusieurs milliers de dollars, l’acheteur est protégé et ne met pas son avenir en péril.»

Les garanties prolongées sont offertes pour des durées d’un à trois ans et peuvent coûter quelque 10 000 $ et plus, «mais c’est le prix à payer pour avoir l’esprit tranquille», affirme Yvan Houle. «En trois ans, le propriétaire devrait avoir mis assez d’argent de côté pour pallier les problèmes qui pourraient arriver la quatrième et la cinquième année.»

Le coût de la garantie prolongée peut être intégré dans le versement mensuel.

Les compagnies de financement seraient plutôt en faveur de cela, car un camion garanti a plus de chances de travailler, et de rapporter l’argent nécessaire au remboursement du prêt!

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.