La Compagnie électrique Lion offrira cinq véhicules électriques spécialisés intégrés

En collaboration avec six partenaires et avec une contribution de 7,9 millions de dollars du gouvernement du Québec, la Compagnie Électrique Lion va habiller son camion électrique de classe 8 tout électrique Lion 8 d’équipement spécialisé complètement intégré.

Évalué à 15,8 millions de dollars, le projet permettra de développer différents types de camions urbains spécialisés entièrement électriques, soit un camion de collecte des ordures, un camion nacelle, un camion frigorifique, un camion atelier et une ambulance.

Les camions spécialisés feront appel au même châssis et aux mêmes groupes propulseurs que le minibus entièrement électrique que Lion commercialisera l’an prochain.

Sept partenaires travailleront avec Lion pour développer, fabriquer et intégrer leurs technologies et leurs équipements spécialisés respectifs sur les véhicules électriques de Lion.

«Aujourd’hui, nous passons à une étape supérieure, à un niveau qui n’a jamais été atteint jusqu’à maintenant nulle part dans le monde», a déclaré Marc Bédard, PDG et fondateur de Lion. «Le projet actuel fera en sorte d’intégrer des équipements de spécialité électriques à 100 %, ou en grande partie électriques, sur des camions 100 % électriques, sans aucune source d’énergie secondaire. Pour le client, cela permettra d’acquérir un véhicule parfaitement intégré, comme s’il l’achetait d’un seul manufacturier.»

Les six partenaires de Lion sont Posi-Plus Technologies, un fabricant d’équipements industriels comprenant les élévateurs à nacelle; Boivin Évolution, manufacturier de bennes automatisées 100 % électriques destinées à la collecte de matières résiduelles; Fourgons Transit, important fabricant de fourgons secs et frigorifiques; Maxi Metal, concepteur et fabricant de camions d’incendie et de camions ateliers; Système PRAN, firme spécialisée dans les systèmes électroniques et de multiplexage pour véhicules, et Demers, deuxième plus grand fabricant d’ambulances en Amérique du Nord.

«Toute cette brochette de leaders rassemblés dans un même projet, je crois que c’est du jamais vu», a confié Marc Bédard.

Louis Leclair, président de Fourgons Transit, a expliqué à Transport Routier que son entreprise s’est donné comme défi de concevoir un fourgon pour véhicule de classe 6 offrant la même capacité de charge qu’un de classe 7. «Nous allons rendre le fourgon hyper léger et allons redessiner le fourgon frigorifique Frio pour optimiser l’efficacité énergétique, mais surtout réduire le poids de façon considérable. Ainsi, nous obtiendrons plus de charge utile et maximiserons l’autonomie de la batterie.» Fourgons Transit va particulièrement se pencher sur l’aérodynamisme, l’efficacité, le poids et l’intégration du fourgon avec le camion Lion8.

En ce qui a trait au nombre de fourgons que Fourgons Transit prévoit fabriquer pour le Lion8, M. Leclair a indiqué qu’il dépendra du prix du châssis, mais que son entreprise s’assurerait d’être concurrentielle dans ce qu’elle allait développer. «C’est un produit que l’on va distribuer partout en Amérique du Nord, on ne fait pas cela uniquement pour le Québec. Tout le design sera pensé pour une clientèle nord-américaine.»

Hydro-Québec a commandé un camion à nacelle prototype pour livraison en décembre 2020, nous a confirmé Claudine Bouchard, vice-présidente, Réseau de distribution. La société d’État compte effectuer des tests en vue d’évaluer la durée des batteries, «étant donné tous les équipements électriques et hydrauliques qui se trouvent sur les camions nacelle et que ceux-ci doivent parfois travailler dans des conditions météorologiques difficiles», d’expliquer Mme Bouchard à Transport Routier, ajoutant qu’il s’agissait d’une véritable collaboration avec Lion et Posi-Plus pour concevoir le meilleur camion à nacelle 100 % électrique possible. Mme Bouchard a souligné elle aussi l’enjeu du poids des batteries, en raison notamment de la période de dégel au Québec qui restreint les poids autorisés. Questionnée à savoir combien de camions à nacelle électrique Lion8 Hydro-Québec pourrait compter dans sa flotte à moyen terme, Mme Bouchard nous a répondu qu’il faudra attendre de voir les résultats des essais.

Les Lion8 spécialisés sont destinés autant au marché du Canada que des États-Unis, nous a indiqué Patrick Gervais, vice-président Marketing et Communications pour Lion. «Il y a une grande demande de plusieurs industries pour l’électrification, notamment en raison des coûts d’entretien plus bas.

Lion a d’ailleurs vendu son premier camion de collecte de matières résiduelle tout électrique à la Ville de White Plains, dans l’État de New York.

La compagnie ouvre présentement ce qu’elle appelle des «centres d’expérience» un peu partout aux États-Unis. Elle en a ouvert un à New York en octobre, va en inaugurer un autre à Los Angeles en janvier, a triplé la capacité de son centre de Sacramento et prévoit ouvrir cinq nouveaux centres aux États-Unis l’an prochain.

«Les centres d’expérience sont des endroits où les gens peuvent venir voir nos produits et en faire l’essai», explique M. Gervais. «On y donne aussi de la formation et on y fait l’assemblage final de certains véhicules. C’est là aussi que son basées les équipes de service.»

En ce moment, ce sont le marché de la collecte et celui de la nacelle qui sont les deux plus  intéressants pour Lion aux États-Unis.

«Il y a 15,5 millions de camions aux États-Unis, c’est un marché qui est énorme pour nous», nous a confié Patrick Gervais. «À compter de janvier prochain, nous aurons une capacité de production de 2 500 camions par année. Notre objectif est d’atteindre cette capacité le plus rapidement possible et de l’augmenter avec le temps.»

Les gens de Lion souhaitent que le Québec fasse figure de pionnier dans l’adoption du camion électrique, mais ils savent évidemment que le volume se trouve au sud de la frontière. Présentement, les commandes se divisent environ moitié-moitié entre le Canada et les États-Unis mais chaque mois, les États-Unis gagnent du terrain, en raison notamment de la structure financière du pays et de sa volonté d’intégrer des véhicules zéro émission, plus grande qu’au Canada, constate M. Gervais.

«Les incitatifs à l’achat accélèrent clairement le processus d’acquisition, et les Américains en offrent plus que les Canadiens, à l’exception du Québec et de la Colombie-Britannique. Étonnamment, on voit une belle ouverture en Alberta et au Manitoba, où il y a de l’hydro-électricité.»

Lion prévoit que ses ventes s’établiront éventuellement à 80 % aux États-Unis et à 20 % au Canada.