La réalité augmentée s’invite dans vos ateliers

Vous ignorez ce qu’est la réalité augmentée? Si on se fie à la stupéfaction qui planait sur l’auditoire du Sommet canadien sur l’entretien de flotte (SCEF), tenu au printemps dernier en marge du salon ExpoCam, vous n’êtes pas les seuls. Mais si vous avez vu les films Iron Man ou Minority Report, vous pouvez vous en faire une petite idée.

La réalité augmentée consiste à superposer des éléments, comme des images et des vidéos, à la réalité qui nous entoure grâce des systèmes informatiques. Ces informations, générées en temps réel, sont visibles par le biais de dispositifs tels des téléphones intelligents ou des lunettes vidéo spécialement conçues. La combinaison des images de synthèse et des images filmées en direct, par les dispositifs, donne l’illusion qu’elles appartiennent au même monde.

De plus, grâce à des technologies comme la vision numérique ou la reconnaissance d’objet, l’information ajoutée au monde réel peut-être «manipulable» numériquement.

Matthew Johnston, qui dirige le développement commercial, le marketing et le développement de produits chez Design Interactive, a expliqué comment la réalité augmentée était sur le point de révolutionner les ateliers d’entretien. «Ce n’est plus seulement un gadget», a-t-il assuré, faisant référence à Pokémon Go, un populaire jeu vidéo mobile s’appuyant sur la réalité augmenté et dans lequel les joueurs sont appelés à se déplacer dans le monde réel. «Cela peut jouer un rôle important dans votre entreprise en termes de réduction des coûts et d’attraction d’une nouvelle génération de techniciens.»

Selon la vidéo montrée par M. Johnston, la technologie pourrait notamment servir d’aide-mémoire lors de la ronde de sécurité. Le chauffeur se déplacerait autour du véhicule et les éléments à surveiller seraient identifiés devant ses yeux ou sur son écran, selon s’il utilise des lunettes vidéo ou un téléphone intelligent. «Nous pouvons prendre des informations dans un manuel et les faire apparaître dans l’espace, en l’occurrence sur un camion,», a-t-il expliqué. «Et pas seulement des informations écrites mais aussi des images, des vidéos et des hologrammes interactifs en trois dimensions.»

Un technicien de pneus pourrait, par exemple, faire apparaître de l’information selon la marque et le modèle d’un pneu à changer. L’information numérique est superposée sur le pneu en question, ce qui permet au technicien de déterminer si le pneu doit effectivement être changé ou s’il peut encore rouler de façon sécuritaire, s’il présente des dommages ou des signes d’usure anormale, etc.

La réalité augmentée peut également faciliter la transition entre les bancs d’école et les ateliers, entre la théorie et la pratique. «Les étudiants manquent parfois d’expérience concrète», de poursuivre M. Johnston, ajoutant qu’il est possible de les guider en affichant de l’information directement sur le camion. Selon lui, une telle technologie peut aussi servir d’outil de séduction pour une nouvelle génération de techniciens, alors que les ateliers de mécanique sont souvent perçus, à tort, comme des endroits désuets et malpropres. «Il faut faire changer les mentalités», a-t-il déclaré.

Toujours à l’aide d’une vidéo, il a démontré que l’utilisateur pouvait sélectionner un hologramme de pièce, comme une vanne d’étranglement, et obtenir de l’information pratique sur cette dernière, faire pivoter l’image dans tous les sens pour l’examiner, et même désassembler chacun des composants de la pièce virtuelle. Tout cela, à l’aide d’un seul doigt.

La réalité augmentée pourrait aussi contribuer à faciliter la conservation et la transmission, à faible coût, du savoir-faire des employés qui partent à la retraite. Car, comme l’a souligné Matthew Johnston : «Nous savons que beaucoup de gens seront bientôt retraités, et on s’attend à devoir combler 75 000 postes [de technicien] aux États-Unis d’ici les trois prochaines années. Il est donc urgent pour nous de trouver une façon de recueillir les connaissances de ces individus et de les transmettre à la prochaine génération».

Si un technicien porte des lunettes de réalité augmentée, ses deux mains sont libres pour exécuter des tâches, ce qui rend la technologie d’autant plus efficace et donc, attrayante pour les propriétaires d’atelier. Mais, évidemment, un lieu de travail où cohabiteraient des employés à la vue partiellement obstruée et des véhicules en mouvement entraînerait d’importants problèmes de sécurité qu’il serait impératif de régler.