Opération séduction
Faire preuve de créativité dans les aménagements pour rendre les gens heureux au travail
Si la main-d’œuvre est difficile à attirer et à garder dans les cabines des camions, les défis ne sont pas moindres à l’intérieur des murs des concessionnaires, des flottes et des fournisseurs. Les stratégies et approches utilisées pour réinventer les lieux de travail afin de séduire et de retenir les meilleurs talents sont de plus en plus créatives.
Récemment, Kenworth Montréal a procédé à la réouverture officielle de sa concession après des travaux de rénovation de 2,6 millions de dollars.
Au sommet des priorités sur la planche à dessin trônait la lumière naturelle. Des fenêtres ont été agrandies et ajoutées pour faire entrer plus de clarté à l’intérieur de la concession. La façade de la salle de montre est littéralement un vaste mur de verre.
«Nous avions trois objectifs en tête», nous a expliqué Mike Parent, directeur général de Kenworth Montréal. «Nous voulions rehausser l’expérience client, mettre à jour un édifice datant de 1972 pour l’amener au niveau «premium» de nos produits, et améliorer l’expérience de nos employés, car le milieu de travail devient très important lorsque l’on recrute des gens. C’est la première impression qu’ils ont de notre entreprise.»
Paré Centre du camion, à Lévis, a inauguré tout récemment ses nouvelles installations, dont la superficie a presque triplé dans le cadre d’investissements atteignant près de trois millions de dollars.
L’entreprise en a profité pour aménager des pièces spacieuses, lumineuses, pratiques et accueillantes. «Les bureaux sont plus grands, plus fonctionnels et la plupart ont la lumière du jour», souligne Sarah Paré, vice-présidente aux opérations. «Nous avions deux mini-salles à manger, et nous avons aménagé une très grande cafétéria qui peut accueillir une quarantaine de personnes en même temps, permettant aux gens de relaxer et de se côtoyer. Nous avons aussi aménagé une belle salle pour la formation.»
Mais il se trouve aussi une caractéristique unique : une terrasse a été aménagée sur le toit, offrant un environnement exceptionnel au personnel qui peut profiter du soleil. On peut s’attendre aussi à ce que cet environnement favorise les activités communes.
Le plaisir au travail comme valeur d’entreprise
La lumière naturelle se trouvait également en tête de lice des caractéristiques sur lesquelles Jacques DeLarochellière misait lorsqu’il a entamé le travail de planification du nouveau siège social d’Isaac Instruments, à Saint-Bruno-de-Montarville. L’entreprise connaît une croissance marquée depuis quelques années. «En 2016, nous étions 60. La première phase de construction de notre nouvel édifice compte 133 postes de travail, et Isaac est déjà prête pour une phase d’agrandissement.»
«Nous avons six valeurs d’entreprise et l’une d’entre elle, c’est d’avoir du plaisir. On passe assez d’heures au bureau, c’est primordial d’avoir du plaisir au travail», lance le président d’Isaac.
Les nouvelles installations sont impressionnantes : salle de yoga, terrasse extérieure, immense espace centralisé rassembleur regroupant cafétéria et agora, sans oublier un gymnase pleine grandeur surplombé par une salle d’exercice sur mezzanine baignée de lumière naturelle.
Cette lumière naturelle, on la trouve partout dans l’édifice de 37 000 pieds carrés érigé sur un terrain de 360 000 pieds carrés. L’édifice a même été orienté en fonction de faire entrer le maximum de lumière du jour. Tous les bureaux bénéficient en fait de lumière naturelle, le principe étant que les bureaux à aire ouverte se trouvent le long des fenêtres, et les gens qui ont un bureau individuel profitent de cette lumière même s’il n’est pas muni de fenêtres.
«Le second objectif, c’était le confort thermique», de dire M. DeLarochellière. L’édifice contient une multitude de zones thermiques et il y a des thermostats dans chaque salle. «Tout le monde n’est pas confortable à la même température», de dire le président d’Isaac, pour qui les interactions entre les collaborateurs (vous ne l’entendrez jamais dire employé, mais collaborateur, collègue ou contributeur) sont primordiales.
On trouve pas moins de 20 salles de collaboration, disséminées un peu partout dans l’édifice, lieux de rencontres d’équipes quotidiennes. «Je crois aux débats d’idées, aux échanges. Quand on voit nos collègues, on est plus ouverts à leurs idées. Ce que l’on veut, ce n’est pas que le meilleur impose son idée, c’est que la meilleure idée s’impose par elle-même».
Un agent du confort collectif s’occupera, entre autres, du potager de l’entreprise! Un BBQ au gaz sera mis à la disposition de ceux qui pourraient avoir envie, par exemple, de faire des hamburgers un vendredi.
Des douches sont là pour ceux qui viennent travailler en joggant ou à vélo. Un espace a été prévu pour, qu’éventuellement, un barbier vienne faire des coupes de cheveux périodiquement. Réfléchissant à voix haute, Jacques DeLarochellière se dit qu’il pourrait bien demander à quelqu’un de venir faire les changements de pneus de ses collaborateurs dans le garage de l’entreprise deux fois par année.
«On leur fait gagner du temps en offrant au bureau des services qui prendraient de leur temps personnel », conclut M. De Larochellière « Tu connais mieux tes collègues parce tu as joué au volley-ball avec eux. Tu as gagné du temps en jouant au hockey cosom durant ton changement de pneus, au lieu d’aller attendre au garage L’idée, c’est que les gens travaillent ensemble mais, qu’ils s’amusent ensemble aussi.»