«Un des grands enjeux de l’ACQ, c’est de dénoncer les expéditeurs qui ne respectent pas les transporteurs.» – Marc Cadieux, PDG de l’ACQ

ENTREVUE

L’Association du camionnage du Québec (ACQ) représente plus de 500 entreprises membres exploitant plus de 20 000 tracteurs. En ce début d’année, son PDG, Marc Cadieux, fait le point sur différents sujets qui ont fait la manchette au cours des derniers mois, et qui l’alimenteront au cours de 2017.

TRANSPORT ROUTIER : Les chantiers routiers et la fluidité de la circulation, principalement à Montréal et en périphérie, sont des sujets qui ont pris beaucoup de place en 2016. Comment collaborez-vous avec les diverses instances gouvernementales et réglementaires afin de limiter les pertes de temps et inconvénients occasionnés par les travaux?

MARC CADIEUX : Nous nous sommes donné l’obligation d’être en communication constante avec les organismes concernés et d’émettre tous les jours notre bulletin info circulation. L’information nous provient notamment des 16 directions territoriales du ministère des Transports du Québec (MTQ). Notre travail quotidien consiste à épurer cette information, à garder ce qui concerne nos membres et à rendre l’information la plus conviviale possible. On parle d’environ 225 bulletins info circulation émis par année à tous les jours ouvrables et, pour y arriver, nous traitons de 9 000 à 10 000 communiqués différents.

TR : Que pouvez-vous nous dire à propos du programme Écocamionnage? Avez-vous confiance que le gouvernement Couillard le prolongera ou le renouvellera?

M.C. : Le programme faisait partie des principaux sujets que nous avons abordés en novembre dernier lors de notre rencontre avec le ministre Lessard. Il m’a indiqué d’emblée que le gouvernement examine le programme et qu’il y a une volonté de sa part de le renouveler. Il reste à voir sous quelle forme il le sera, mais nous avons amené des arguments afin qu’il soit bonifié. Le ministre a accueilli positivement notre message.

TR : À quel point la valse des ministres des Transports au gouvernement provincial, au cours des dernières années, a-t-elle perturbé ou ralenti vos représentations pour vos membres?

M.C. : Les changements de ministres dans un ministère de l’importance de celui des Transports peuvent avoir eu un effet de ralentissement, mais cela n’a empêché l’Association de continuer à travailler avec les directions du Ministère. La direction générale des transports avec laquelle nous faisons affaire est extrêmement performante et nous donne énormément d’écoute et de collaboration.

TR : Quel bilan faites-vous du Programme enrichi d’accès à la conduite de véhicules lourds? Les jeunes qui en ont fait partie sont-ils restés dans l’industrie?

M.C. : Le premier volet s’est déroulé de 2011 à 2014 et a rejoint une quarantaine de jeunes. Le second volet s’est mis en branle au début du mois de mai dernier et il s’échelonnera sur quatre ans. L’objectif pour la première année, c’est d’accueillir 75 candidats et nous visons un total de 300 jeunes conducteurs d’ici 2020. Il est difficile d’évaluer le taux de rétention des 40 premiers candidats mais, selon les sondages qui ont été faits et les commentaires recueillis, le programme va effectivement beaucoup plus loin que le simple fait d’attirer les jeunes. Nous apprécions beaucoup les efforts déployés par les entreprises pour les intégrer.

TR : Votre campagne «pasdecamions.com» a beaucoup fait parler récemment. Croyez-vous avoir atteint votre cible?

M.C. : La campagne a beaucoup fait réagir, mais le but ultime était de sortir du cadre des publicités ordinaires. Il fallait déranger un peu pour attirer l’attention. C’est l’ACQ qui est derrière cette publicité, mais c’est une campagne générale pour stimuler la jeune relève et attirer l’attention vers un métier à la recherche non seulement de chauffeurs, mais aussi de mécaniciens, de gens de logistique, de vente et de service après-vente ainsi que de gestionnaires de tous niveaux.

TR : Quels sont vos dossiers prioritaires pour 2017?

M.C. : La fluidité de la circulation va demeurer de toute évidence un dossier de première ligne, avec entre autres la main-d’œuvre. Au risque de me répéter, ces dossiers ne sont pas réglés et il faut continuer d’y travailler. La gestion de la circulation était beaucoup plus chaotique il y a quelques années, mais il y a encore d’énormes pertes de temps à cause des contournements et de la circulation.

Le problème de la main-d’œuvre se présente sous différents angles. Il y a un programme pour les jeunes et il y a aussi la main-d’œuvre un peu plus âgée. Nous continuons à travailler à l’amélioration de la fiscalité pour les gens qui veulent travailler encore quelques années lorsqu’ils auront atteint l’âge de la retraite. Il y a aussi l’immigration, évidemment, qui est un autre dossier parfois sensible. C’est la somme de tous ces leviers qui va nous permettre de renouveler notre main-d’œuvre.

Nous nous sentons beaucoup interpellés par la révision du Code de la sécurité routière et ce qui entoure la fatigue, les stupéfiants, les distractions et les cyclistes. Tout l’aspect de la légalisation de la marijuana est un dossier très délicat. On doit s’attendre à quelques défis juridiques.

TR : Comment voyez-vous l’arrivée des enregistreurs électroniques de bord (EEB)?

M.C. : C’est un dossier très important. L’arrivée des EEB va répondre en partie aux préoccupations des transporteurs à l’égard de la concurrence déloyale. Le plus grand défi qui se pose, c’est le comportement de certains expéditeurs qui ne respectent pas notre industrie; ils retardent le matériel roulant dans les cours, n’y portent pas attention, sont désordonnés dans leurs façons de faire et n’ont aucune sensibilité à l’égard du nombre d’heures qu’un transporteur peut perdre dans leur cour. L’un des grands enjeux de l’ACQ, c’est de dénoncer les expéditeurs qui ne respectent pas les transporteurs.

TR : Un rassemblement de camionneurs en novembre dernier a lancé le message que des petites entreprises de camionnage se sentent exclues des processus décisionnels et informatifs qui les touchent. Comment recevez-vous ce message?

M.C. : Je reçois leur message comme un cri du cœur. Je leur souhaite qu’ils trouvent un représentant qui participe aux discussions et aux réflexions que nous avons avec les gouvernements et qu’ils fassent partie des solutions. Il y a beaucoup d’enjeux que je peux partager avec eux, et il y a certainement des sujets sur lesquels nous pouvons faire front commun au nom de l’industrie dans son ensemble.

 

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.