Ralentissement de la croissance en Chine et ses impacts

L’Indice des prix des produits de base de la Banque Scotia, qui permet d’analyser les tendances des prix de 32 des principales exportations canadiennes, a bondi de 6,1 % en glissement mensuel en avril et ne se situait qu’à 13,4 % de son sommet de juillet 2008. L’indice global, qui a gagné 60,4 % depuis son creux cyclique d’avril 2009, s’est fortement replié en mai après avoir enregistré des gains pendant dix mois de suite. Les prix des produits de base devraient se stabiliser au cours des prochains mois — le marasme estival approchant à grands pas — et connaître une reprise au quatrième trimestre.

« La nervosité liée au léger ralentissement de la croissance en Chine et aux inquiétudes relatives à l’incidence des prix élevés des aliments et de l’énergie sur les dépenses à la consommation et la croissance à l’échelle mondiale s’est insinuée sur les marchés des produits de base pendant la dernière quinzaine d’avril », remarque Patricia Mohr, vice-présidente d’Études économiques et spécialiste du marché des produits de base à la Banque Scotia. « Cependant, une forte augmentation des marges exigées par la CME pour la négociation des contrats à terme sur l’argent (elles ont grimpé de 84 % en plusieurs étapes au cours d’une période de deux semaines, soit du 25 avril au 5 mai) semble avoir déclenché, au début du mois de mai, une chute des prix de nombreux produits de base négociés en bourse. »
La production industrielle chinoise a ralenti, passant de 14,8 % en glissement annuel en mars à 13,4 % en glissement annuel en avril. Pour le premier trimestre de 2011, elle affiche une moyenne de 14,3 % en glissement annuel. Un indice instantané des acheteurs établi pour le mois de mai laisse entrevoir par ailleurs un autre léger ralentissement pour le mois, plutôt qu’un atterrissage brutal. Le resserrement du crédit en vue de contenir l’inflation (par exemple les restrictions sur les lettres de crédit pour les achats de matières premières) et de contrer la spéculation immobilière dans les grandes villes semble avoir ébranlé les activités.
« Deux événements inhabituels agissent aussi comme un frein sur la croissance chinoise, soit la pénurie de pièces dans les usines de montage de voitures japonaises en Chine, liée au tremblement de terre, ainsi que les pénuries d’énergie dans nombre de régions, en lien avec la sécheresse et la diminution de l’offre en hydroélectricité », note Mme Mohr. « Le plafonnement des tarifs d’électricité, imposé par le gouvernement pour empêcher que le prix élevé du charbon thermique soit transféré aux consommateurs, a aussi dissuadé les entreprises de services publics d’augmenter leur production d’électricité. »
Indice du pétrole et du gaz
L’indice du pétrole et du gaz a encore une fois tiré à la hausse les prix d’ensemble des produits de base vers le haut en avril (avec un bond de 10,5 % en glissement mensuel). Le prix au pair à Edmonton (brut léger) a bondi de plus de 16 $ US le baril, parallèlement à la flambée des prix du West Texas Intermediate (WTI), et atteint un niveau d’à peine 14,8 % inférieur à celui de son record historique établi en juillet 2008. Le pétrole lourd a aussi gagné plus de 10 $ US le baril à Hardisty, en Alberta. Fait intéressant, les prix à l’exportation du gaz naturel n’ont que peu augmenté, alors que la fermeture d’un nombre inhabituellement élevé de centrales nucléaires américaines à des fins de maintenance avait poussé vers le haut les prix du gaz naturel dans toute l’Amérique du Nord (une évolution contraire aux tendances saisonnières). Le prix du WTI, qui était tout près de 103 $ US le baril en mars, est passé à 110 $ US en avril.
Indice des métaux et des minéraux
L’indice des métaux et minéraux a aussi fait preuve d’une vigueur exceptionnelle en avril, gagnant 7,8 % en glissement mensuel. Après avoir atteint un record de 330 $ US la tonne pendant le deuxième trimestre de 2011, les prix contractuels payés en Asie pour la houille cokéfiable de première qualité de l’ouest du Canada chuteront probablement à quelque 280 $ US au cours du troisième trimestre. Bien que la production d’acier en Chine, qui représente 46,5 % de la production mondiale, se repliera probablement pendant l’été compte tenu des pénuries d’énergie, les marchés de la houille cokéfiable seront quant à eux soutenus par la dépendance de plus en plus marquée de la Chine envers les importations maritimes pour satisfaire sa demande. Le prix au comptant de la potasse (FAB Vancouver) pour vente à l’étranger est passé de 409 $ US la tonne en mars à 425 $ US en avril (en hausse de 82,50 $ US depuis le creux de l’automne dernier).
Le prix de l’uranium a lui aussi gagné un peu de terrain après avoir fléchi dans la foulée de l’incident du réacteur nucléaire de Fukushima-Daiichi, au Japon. Le prix au comptant a chuté, passant de 66,50 $ US la livre avant le tremblement de terre à 55,50 $ US à la fin avril, mais il s’est relevé et a atteint 57,50 $ US à la mi-mai. Au cours du 7e congrès annuel de l’énergie nucléaire chinoise, tenu à Beijing les 12 et 13 mai, un dirigeant de l’association chinoise de l’énergie nucléaire a indiqué que la capacité énergétique nucléaire utilisable de la Chine atteindra probablement 70 gigawatts d’ici 2020 (prévisions assez semblables à celles qui avaient cours avant les événements à Fukushima-Daiichi).
« Le marché au comptant du cuivre commence à se resserrer de nouveau en Chine », souligne Mme Mohr. « Les transformateurs de métaux ont réduit leurs stocks de cathodes de cuivre au quatrième trimestre de 2010 et au premier trimestre de 2011 en Chine ainsi que leurs importations en avril face au resserrement du crédit et aux prix élevés, mais la diminution de leurs stocks semble les avoir poussés à revenir sur le marché en mai. »
Indice des produits agricoles
Après avoir reculé en mars, l’indice des produits agricoles a repris du poil de la bête en avril (une hausse de 5,5 % en glissement mensuel). Le secteur des produits agricoles pourrait être un de ceux qui connaîtront le meilleur rendement d’ici la fin de 2011, vu la forte demande pour les engrais et l’équipement agricole. Le prix à l’exportation demandé par la Commission canadienne du blé pour le blé de première qualité est remonté à 459 $ US la tonne en avril (une augmentation de 73,4 % en glissement annuel) en raison de la sécheresse qui sévit dans les plaines du sud des États-Unis et qui menace la récolte du blé d’hiver. Les inondations au Manitoba et le temps pluvieux dans l’est de la Saskatchewan ont aussi retardé les semis dans l’ouest du Canada, bien que la Russie ait annoncé la fin de semaine dernière qu’elle lèvera son interdiction sur les exportations. Les prix du bœuf et du porc ont atteint de nouveaux sommets. Les prix élevés des céréales fourragères (maïs, orge) font croire que la reconstitution des troupeaux sera limitée aux États-Unis et au Canada au cours de la prochaine année.
 
 

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.

Donnez votre avis

Vos données ne seront ni publiées, ni partagées.

*