Données sur les produits de base

En mai, l’indice Scotia des prix des produits de base, qui évalue les tendances influant sur le prix de 32 des principales exportations canadiennes, a modestement glissé de 2,6 % d’un mois sur l’autre, perte beaucoup plus faible que ce à quoi les nouvelles sur l’évolution des marchés des marchandises et boursiers nous auraient fait croire. L’indice global quant à lui est toujours supérieur de 56,1 % au creux cyclique enregistré en avril 2009.

« Plus du tiers des produits compris dans l’Indice Scotia des prix des produits de base, comme la houille cokéfiable et la potasse, ne sont pas inscrits en bourse, ce qui les protège dans une certaine mesure des frousses que des événements comme le ralentissement de la croissance en Chine font subir quotidiennement aux marchés économiques et financiers », remarque Patricia Mohr, vice-présidente, Études économiques, et spécialiste, Marchés des produits de base à la Banque Scotia. « À ce titre, l’Indice donne probablement une image plus exacte des prix des produits de base et de leurs répercussions sur l’économie que les indices fondés exclusivement sur les prix déterminés par les contrats à terme. »
Néanmoins, l’Indice a montré des signes de faiblesse générale en mai, ce qui est particulièrement vrai pour l’indice du pétrole et du gaz (-3,9 % d’un mois sur l’autre). Le brut WTI, indicateur pour l’ensemble de l’Amérique du Nord, qui se vendait tout juste au-dessus de 110 $ US le baril en avril, a glissé à 101 $ US en mai et à 90 $ US à la fin juin. La décision unilatérale de l’Arabie Saoudite d’augmenter sa production suivant l’impossibilité d’en arriver à une entente à la réunion du 8 juin de l’OPEP de même que l’annonce du 23 juin par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qu’elle vendrait des stocks stratégiques ont fait chuter les prix.
« La décision de l’AIE, qui représente 28 pays industrialisés consommateurs de pétrole, de mettre en vente 60 millions de barils de pétrole en 30 jours représente une importante rupture avec sa politique antérieure », note Mme Mohr. « Contrairement aux mises en vente antérieures dictées par l’urgence, après l’invasion du Koweït par l’Irak en 1990-1991 et l’ouragan Katrina en 2005, il semble que la vente actuelle soit surtout destinée à réduire le prix du pétrole et à stimuler l’économie américaine, qui ralentit, et, dans une moindre mesure, l’économie mondiale. »
L’auteure du rapport affirme aussi que la diversification des exportations du pétrole canadien vers l’Asie est vitale. Étant donné les prévisions de croissance importante de la production des sables bitumineux albertains au cours des 5 à 10 prochaines années (jusqu’à 0,6 ou 0,7 million de barils par jour d’ici 2015 et plus de 1,2 million de barils par jour d’ici 2020) et une augmentation limitée de la consommation aux États-Unis, Mme Mohr estime que la construction de nouvelles infrastructures d’exportation (pipelines ou réseau de trains-blocs jusqu’à la côte de la Colombie-Britannique) pour atteindre les marchés asiatiques, dont la croissance est rapide, est essentielle à l’économie canadienne. En mai, la consommation chinoise de pétrole a en effet bondi de 8,8 % d’une année sur l’autre, bien qu’elle ait ralenti d’un mois sur l’autre, et a gagné 10,9 % à ce jour en 2011. Inversement, la consommation américaine a chuté de 2,7 % d’une année sur l’autre et son évolution sera probablement neutre pour l’ensemble de 2011.
L’accès aux marchés asiatiques (Chine, Japon, Corée du Sud, Taïwan et Singapour) ferait en sorte que le pétrole de l’ouest du Canada se vendrait aux prix ayant cours sur les marchés internationaux. Le pétrole WTI (brut plus léger que le Brent) s’est vendu cette année 12,78 $ US le baril de moins que le Brent (une référence mondiale plus exacte). Bien que le Brent se soit replié à 105 $ US après l’annonce de l’AIE, il se vend tout de même 15 $ US de plus que le WTI. Jusqu’à un certain point, cette faiblesse inhabituelle du prix du WTI met en évidence, d’une part, l’augmentation des expéditions canadiennes grâce au nouveau pipeline jusqu’à Cushing, en Oklahoma (point d’établissement du prix des contrats pour le WTI à la bourse NYMEX), de même qu’un relatif rajeunissement des capacités de production de pétrole dans le centre des États-Unis, et d’autre part la capacité limitée des pipelines jusqu’aux centres de raffinage de la côte américaine du golf du Mexique. Ce rabais pourrait disparaître dès que Cushing sera reliée aux nouveaux pipelines vers les centres de raffinage susmentionnés et dont la construction est prévue. Ce serait toutefois très risqué sur le plan commercial que de ne se fier qu’à un seul grand marché à l’exportation.
L’indice des produits agricoles a défié la tendance en mai et a gagné 0,3 % d’un mois sur l’autre, ce qui a ralenti la diminution de l’ensemble des prix des produits de base. Après un ralentissement saisonnier cet été, les produits agricoles pourraient représenter dès l’automne prochain un des secteurs les plus vigoureux puisqu’on prévoit des prix records pour les producteurs américains de maïs et de blé en 2011-2012, évolution positive pour les agriculteurs et les investisseurs dans les engrais et l’équipement agricole, mais risque inflationniste, aussi bien ici qu’à l’étranger.
L’indice des métaux et des minéraux a lâché 2,3 % en mai, d’un mois sur l’autre, puisque le prix légèrement plus faible des métaux de base, du molybdène, de l’uranium et de l’argent contrebalance de beaucoup le prix élevé de l’or, de la potasse et du cobalt. Sur le marché des métaux de Londres, le cuivre est passé de 4,30 $ US la livre en avril à 4,05 $ US en mai, tout en étant encore extrêmement lucratif à 4,08 $ US à la fin juin.
Pendant ce temps, le prix de la potasse continue de se raffermir, le prix élevé des céréales et des oléagineux poussant à une application d’engrais encore plus grande au Brésil et en Asie du Sud-Est. Le prix au comptant de la potasse (FAB Vancouver) est passé d’une moyenne de 445 $ US la tonne en mai à 481 $ US en juin (et jusqu’à 510 $ US vers la fin du mois), un gain de 102 $ US depuis décembre.
 
 

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.

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