Dans les coulisses d’Élève d’un jour au Centre de formation en transport de Charlesbourg

Ils sont de tous les horizons et envisagent de conduire des camions. Une journée avec des élèves d’un jour du Centre de formation en transport de Charlesbourg.

Les journées Élève d’un jour du Centre de formation en transport de Charlesbourg (CFTC) accueillent des gens intéressés par le métier de routier professionnel et désireux de plonger, pendant quelques heures, dans la vie d’un élève en transport par camion.

«Élève d’un jour propose une journée complète au CFTC. Les participants sont accompagnés d’enseignants qui leur expliquent les compétences théoriques du diplôme d’études professionnelles (DEP) en transport par camion», explique Véronique Bradley, directrice adjointe. «Ils visitent toutes les installations, essaient les simulateurs, conduisent sur notre circuit interne et vont avec nos enseignants sur la route.»

Il n’y a pas de portrait type de l’élève d’un jour, indique Yanick Savinsky, conseiller pédagogique au CFTC. «Il y a les jeunes qui viennent du secondaire et qui ont fait une démarche avec un conseiller d’orientation pour un projet de vie. Il y en a qui sont avec Emploi Québec, en recherche d’une nouvelle carrière. Nous avons accueilli des militaires et des policiers retraités, des couples qui veulent faire la formation et voyager ensemble. On a eu un père et son fils. C’est de tout acabit, de 17 à 77 ans.»

Les présentations

Le CFTC offre régulièrement l’activité Élève d’un jour. En mars dernier, nous avons passé la journée avec cinq d’entre eux.

Carolann est originaire du Bas-du-Fleuve et vit à Québec. Elle est agente administrative dans le domaine de la santé depuis quatre ans et veut opérer un changement de carrière. «Un ancien copain était camionneur quand j’habitais dans la région de Rimouski. J’ai eu un coup de coeur pour le camionnage, mais je n’ai pas voulu faire le cours à l’époque», raconte-t-elle. Une journée passée avec une amie camionneuse a relancé son intérêt. Au point où elle envisage sérieusement de faire la formation menant au DEP en transport par camion.

Les élèves d’un jour, de gauche à droite : Martin, Derek, Carolann, Jacob et Ariane. (Photo : Michel Lefebvre)

Martin habite à Beauport. Il a une formation en mécanique automobile et travaille pour un concessionnaire. «J’aime ça conduire. Je sais que le camionnage est un métier très en demande et je suis venu voir si c’est quelque chose qui me plairait», explique-t-il.

Jacob habite à Lévis et il est en quatrième année du secondaire. Il arbore une casquette Kenworth et peut vous nommer sans hésiter tous les fabricants de camions lourds. Mature pour ses 17 ans, il veut «découvrir et en apprendre plus sur le métier [qu’il] veut faire plus tard, parce que le camionnage, c’est une grosse passion pour [lui]».

Derek vient de la Côte-de-Beaupré. Il fait déjà du transport avec une remorque à plateau de 40 pieds, à plus de 4 500 kg de PNVB, avec son permis de classe 5. Il veut obtenir sa classe 1.

Ariane travaille sur une base saisonnière aux travaux publics de la Ville de Saint-Raymond dans Portneuf. Son conjoint a déjà sa classe 1, et ils souhaiteraient éventuellement conduire en équipe sur de longues distances, possiblement au moment de leur retraite. Le DEP en transport par camion donnerait en même temps à Ariane la classe 3 qui lui serait utile pour son travail.

Confirmer le choix

«Élève d’un jour va vous aider à consolider votre choix à savoir si ce métier est fait pour vous ou non», leur explique Yanick Savinsky, avant de céder la parole aux enseignants Michel Lefebvre et Stéphane Nicolas, qui allaient accompagner le groupe toute la journée.

La première heure et demie d’Élève d’un jour est consacrée à expliquer le programme Transport par camion. (Photo: Steve Bouchard)

Les enseignants du CFTC ont du vécu sur la route. Michel Lefebvre, qui y enseigne depuis 23 ans, a fait du transport d’animaux en plus de conduire des camions-citernes et des bétonnières. Il a aussi enseigné pendant six ans dans une école de camionnage privée.

Stéphane Nicolas est un ancien élève du CFTC et il est passé par un processus de réorientation de carrière. Diplômé en mécanique diesel, le camionnage l’a toujours attiré. «Un petit talent m’a amené vers une autre carrière, celle de professionnel de golf», confie-t-il aux élèves d’un jour. Il a été camionneur et formateur chez Transport Bernières et enseigne au CFTC depuis 2015.

La première heure et demie d’Élève d’un jour est consacrée à expliquer le programme Transport par camion. Suit une demi-heure de conduite sur simulateurs.

«On programme la transmission en mode automatique, car on veut simplement qu’ils voient comment cela fonctionne, quel est l’effet sur la route, comment utiliser les rétroviseurs…», indique Michel Lefebvre, ajoutant qu’à «la fin de la journée, après avoir été dans le camion, quand vous allez retourner chez vous dans votre auto, vous ne vous comporterez pas de la même manière».

La conduite sur simulateur est toujours une partie très appréciée d’Élève d’un jour. (Photo: Steve Bouchard)

«Vous ne verrez plus la signalisation routière, les espaces pour tourner de la même façon», de renchérir Stéphane Thomas.

En après-midi, le groupe voit comment on attèle une remorque, effectue une ronde de sécurité (RDS) et fait un test de freins avant de monter à bord des camions pour un exercice de conduite sur le circuit fermé du CFTC et un accompagnement pour un parcours sur la route.

«Vous êtes dans le métier à peu près le plus règlementé qu’il n’y a pas», avertit M. Lefebvre. «Avant même de partir de l’école, on a une RDS à faire, on doit s’assurer que les poids sont conformes et que l’arrimage est correct.»

«C’est un métier très diversifié aussi, poursuit-il. Plusieurs ne voient que le transport longue distance aux États-Unis. Mais il y a du local, du régional. J’ai bien gagné ma vie sur les bétonnières et j’ai aimé ça. Il n’y a pas d’âge dans le transport; vous pouvez en faire tant que vous êtes en forme. Vous allez vous faire une idée du genre de transport que vous voulez faire et, souvent, votre idée va changer au cours de votre carrière.»

La formation comprend des stages de deux semaines. Lorsqu’il était formateur chez Transport Bernières, Stéphane Nicolas a pris des stagiaires du CFTC sous son aile. «Nous partions cinq jours. Les élèves ont aimé leurs stages, mais certains ont réalisé que ce n’était pas le type de transport qu’ils souhaitaient faire. Ils n’aimaient pas coucher dans le camion par exemple. Mais il y a tellement de domaines, vous allez trouver celui qui vous satisfait.»

La question des couts de formation et des frais de subsistance durant les quatre mois et demi (615 heures) que dure le DEP a bien sûr été abordée. La formation en tant que telle est gratuite. L’élève doit seulement payer 74 $ pour couvrir le matériel pédagogique et de sécurité fournis par le CFTC.

Selon sa situation, le candidat peut obtenir de l’aide d’Emploi Québec, bénéficier du Programme de prêts et bourses, toucher des prestations d’assurance-emploi ou contracter un prêt personnel. Ceux qui ont des REER peuvent les utiliser. Pour ceux qui doivent garder leur emploi, des cours du soir sont offerts. Il y a aussi l’alternance travail-études chez des transporteurs.

Carolann, par exemple, envisage de travailler de jour et d’aller à l’école le soir. «J’ai fait des démarches avec Emploi Québec pour avoir de l’aide financière, mais on m’a refusée parce que j’ai présentement un emploi. Je ne ferme pas la porte à faire le cours en alternance travail-études.»

Martin envisage lui aussi de travailler de jour et de s’inscrire au cours du soir. «Je vais essayer de trouver un moyen de subvenir à mes besoins pendant la formation.»

On parle aussi des conditions de travail qui ont changé au cours des dernières années. Les entreprises ont plus de flexibilité et s’adaptent aux nouvelles réalités. «Nous avons des policiers retraités qui ne veulent rouler que quelques jours par semaine, et les employeurs les accueillent à bras ouverts», illustre Michel Lefebvre.

Après s’être amusés sur l’un des nombreux simulateurs du CFTC, les élèves d’un jour ont pris le lunch ensemble, puis se sont dirigés dans la cour pour la partie pratique. Nous avons recueilli leurs impressions.

«De l’extérieur, c’est imposant, mais ça se conduit bien, c’est pas si pire que ça», témoigne Martin.
Ariane a adoré sa journée et ne s’attendait pas à conduire un camion-remorque. «Ça donne une bonne idée si on aimerait le métier ou pas. C’est sûr qu’il n’y a pas le trafic et tout ce qui vient avec, et c’est bien correct, sourie-t-elle. Je ne pensais pas être aussi à l’aise, alors ça me donne encore plus le gout de commencer le cours. C’est certain que je vais le faire.»

«Pour moi aujourd’hui, c’est un rêve que je réalise», partage Jacob. «C’est la troisième fois que j’entre dans un camion, mais c’est la première fois que je conduis. J’ai adoré ma journée, ça a passé vite et j’ai hâte d’étudier ici, vraiment.»

Derek a lui aussi beaucoup aimé son expérience de conduite. Étant donné son travail, il va sans dire qu’il a bien réussi sa manoeuvre de marche arrière.

«C’est sûr que c’est différent d’un travail de bureau, mais ça a vraiment encore plus confirmé que je vais me diriger vers le camionnage», de dire Carolann. «Mon inscription était faite, mais je voulais faire la journée pour confirmer ma décision de changement de carrière. C’est fait.»

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.

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