Le gaz naturel: une option de décarbonation à ne pas oublier

Si les batteries et l’hydrogène sont des options de choix quand on discute d’énergie renouvelable pour le transport routier, le gaz naturel comprimé et renouvelable se présente aussi comme une autre option intéressante pour un avenir zéro émission dans l’industrie.

Cette source d’énergie était un des sujets du Colloque sur l’électrification des transports et carburants alternatifs organisé par l’Association du camionnage du Québec (ACQ). Elle a été abordée par Richard Prévost, représentant de ventes et formation en GNR/GNC pour camions chez EBI énergie, et Francisco Doyon, conseiller au développement du gaz naturel pour véhicules (GNV) chez Énergir.

Le profil idéal

Selon Richard Prévost, il existe un profil idéal pour une flotte alimentée au gaz naturel: une flotte privée ou dédiée, exploitée sur des routes prévisibles et récurrentes. Le camion, idéalement équipé de jupes de remorques et d’un déflecteur de toit, tracte une remorque fourgon ou une remorque frigorifique à deux ou trois essieux affichant une masse totale en charge de 110 000 lb ou moins, et parcourt une distance de 120 000 km/an ou plus. Les itinéraires doivent être composés d’un maximum de routes comprenant un minimum d’arrêts.

M. Prévost ajoute qu’une flotte privée serait encore plus idéale qu’une flotte dédiée, car elle assume entièrement le coût du carburant, et peut donc profiter des économies, alors qu’une flotte dédiée peut facturer une surcharge.

Les entreprises ont avantage à bien organiser leurs routes. «On a vu des transporteurs qui réassignent leurs routes par rapport à leurs nouvelles technologies, explique Richard Prévost. Faire preuve de complémentarité et avoir les bons outils à la bonne place, c’est gagnant.»

Il faut aussi continuer de surveiller les données télématiques afin d’avoir une meilleure vue d’ensemble des performances des camions. Mais, peu importe la méthode utilisée, le transporteur doit toujours réfléchir aux façons d’améliorer l’efficacité de sa flotte. «Il faut continuer à penser efficacité peu importe le carburant ou l’énergie utilisé.»

Un ravitaillement organisé

Les deux conférenciers ont expliqué le fonctionnement des stations de ravitaillement de gaz naturel. Ils ont aussi tous les deux mentionné le corridor Québec-Windsor, qui s’étend sur 1050 km et comprend 11 stations publiques et quatre détaillants.

Richard Prévost ajoute que le ravitaillement est un processus facile et sécuritaire. Se ravitailler ne présente en effet aucun risque (à moins de faire la très évitable erreur de fumer à côté de la station), se remplit aussi vite qu’un camion diesel et ne nécessite pas de certification. De plus, un plein donne 900 km d’autonomie.

Le prix sera encore plus bas avec l’économie du carburant et la nouvelle réglementation sur la taxe carbone

En ce qui concerne le prix du carburant, Francisco Doyon d’Énergir nous rassure en affirmant que le prix d’un plein au gaz naturel est inférieur au diesel : sans la TPS et la TVQ, le diesel revient à 1,60 $ du litre, alors que le gaz naturel comprimé ne coûte que 75 cents du litre.

Le prix sera encore plus bas avec l’économie du carburant et la nouvelle réglementation sur la taxe carbone. «Cette réglementation va venir ajouter près de 12 cents sur la facture du prix du diesel d’ici 2030. Pour la taxe carbone, le gaz naturel émet moins que le diesel», indique Francisco Doyon.

Cependant, il y a d’autres options que les stations de ravitaillement pour les entreprises. «Il y a des compagnies qui préfèrent faire le plein chez elles et qui vont avoir leur flotte à leur terminal le soir, ajoute M. Doyon. C’est possible d’avoir une station qui est dimensionnée pour ravitailler tous les véhicules sur plusieurs heures. Pour certaines flottes, c’est un choix intéressant.»

Une nouvelle solution accessible

Richard Prévost et Francisco Doyon sont d’avis que le gaz naturel comprimé et renouvelable sont tous les deux des carburants alternatifs prometteurs et facilement accessibles aujourd’hui. «Le GNR est une solution qui est offerte maintenant. Tu m’appelles demain matin et on l’a disponible immédiatement. Ce n’est pas une technologie futuriste que l’on aura dans une dizaine d’années», déclare M. Prévost.

Les deux conférenciers ont aussi parlé avec beaucoup d’enthousiasme du moteur X15N développé par Cummins.

Richard Prévost pense que le principal défi n’est pas de s’approvisionner en gaz naturel, mais de commander les camions et d’avoir des ateliers certifiés pour leur entretien.