Les coûts de la fraude sur les carburants continuent de grimper

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La fraude au carburant est en hausse et les entreprises de transport routier s’efforcent de déjouer ce problème croissant.

Hemant Banavar, vice-président des produits financiers chez Motive, a abordé la question lors de la Management Conference & Exhibition de l’American Trucking Associations à Austin au Texas, qualifiant le vol de carburant «d’épidémie silencieuse dans l’industrie aujourd’hui.»

(Photo : iStock)

«Les coûts augmentent sur tous les fronts», a déclaré M. Banavar, ajoutant que «2022 a été l’année la plus coûteuse pour les flottes.»

Il en coute 21% plus cher de faire du camionnage par rapport à l’an passé indique M. Banavar, soulignant la nécessité pour les entreprises d’en faire davantage pour éradiquer les achats frauduleux de carburant.

«La fraude est l’un de ces coûts cachés dont nous ne parlons pas souvent, mais qui fait baisser la rentabilité de l’entreprise», a-t-il affirmé.

Un simple vote à main levée dans l’assistance a révélé que de nombreux gestionnaires de flotte présents soupçonnaient l’existence d’une fraude au carburant dans le cadre de leurs activités. En revanche, il est difficile de savoir combien cela leur coûte. M. Banavar a souligné que les activités de fraudes par cartes ont augmenté de 77 % depuis le début de l’année alors que 120 000 incidents ont été signalés rien qu’au cours du premier semestre de cette année.

Fraude sous forme de service

Dans certains cas, les fraudeurs font le plein des véhicules personnels ou effectuent des achats dans les magasins en utilisant les informations de la carte volée. Mais il existe une autre tendance de plus en plus préoccupante, appelée «fraude en tant que service», qui consiste à vendre les données de cartes et les informations personnelles volées sur le dark web.

Parmi les autres formes de vol, on peut citer le clonage de cartes (reproduction de cartes de carburant dont les données ont été écrémées), les escroqueries promotionnelles (fausses offres de carburant gratuit ou autres incitations en échange de la saisie des informations de la carte, qui sont ensuite volées), le vol par le vendeur (dans lequel le vendeur surfacture et prélève une partie du prix total de l’achat), l’hameçonnage (faux courriels demandant des informations personnelles), la fraude des employés (faire le plein de leur véhicule personnel ou ajouter des articles tels que des cigarettes aux achats de carburant en utilisant la carte de carburant de la flotte), le siphonnage du carburant des camions de l’entreprise ainsi que le ravitaillement latéral (faire le plein d’un véhicule personnel à côté du camion de l’entreprise en utilisant la carte de carburant de l’entreprise).

Dans une enquête réalisée par un tiers à la demande de Motive, près de 50 % des répondants des flottes ont estimé que jusqu’à 5 % de leurs dépenses totales en carburant étaient frauduleuses. Dans ce cas, une flotte de 200 camions perdrait plus de 500 000 dollars par an à cause de la fraude au carburant.

Pourquoi les flottes n’en font pas plus pour les prévenir ?

«Les entreprises ont beaucoup de mal à savoir ce qui se passe», a déclaré M. Banavar. «Elles n’ont pas la visibilité dont elles ont besoin et, parce qu’elles ne peuvent pas chiffrer l’ampleur du problème, elles évitent de s’y intéresser parce que le retour d’investissement n’est pas clair. Elles n’ont pas la visibilité, les outils et la précision nécessaire et choisissent donc de ne pas réaliser le plein potentiel du problème.»

Les données relatives à la flotte et aux dépenses sont généralement consultées par le biais de systèmes disparates, ce qui rend difficile l’identification des activités frauduleuses.

Réduire le nombre de cartes de carburant

Selon M. Banavar, les flottes devraient réduire le nombre de cartes de carburant en circulation et, dans l’idéal, ne choisir qu’un seul fournisseur, afin de limiter les risques d’escroquerie. Elles doivent également rationaliser les systèmes qu’elles ont mis en place pour suivre les achats de carburant.

Les comparaisons manuelles entre les achats de carburant et le kilométrage sont «difficiles à réaliser» et doivent être effectuées régulièrement. Lorsqu’une infraction potentielle est constatée, des semaines peuvent s’être écoulées depuis le vol.

L’intelligence artificielle et l’automatisation aideront les flottes à lutter contre la fraude en rassemblant toutes les données de la flotte, des achats de carburant aux kilomètres parcourus, en passant par les millages au gallon, en un seul flux de données et en signalant rapidement les anomalies, a noté M. Banaver.

«Elles éliminent une grande partie des tâches manuelles et répétitives», explique-t-il. «Elles augmentent la précision et la capacité à détecter des choses qui, autrement, n’auraient pas été détectées.»

Des contrôles des achats de carburant doivent être mis en place, notamment en ce qui concerne l’heure de la journée et les commerçants figurant sur une liste blanche ou noire.

«Au-delà de la puce et du NIP, il est possible de renforcer la sécurité des cartes pour protéger votre entreprise», lance M. Banaver, soulignant que les technologies du NIP et de la puce sont vulnérables à la fraude des cartes et à la capture vidéo. Le déverrouillage par téléphone est un bon outil, a-t-il ajouté, car puisque le conducteur doit avoir un téléphone approuvé en sa possession pour effectuer la transaction, il offre un niveau de protection supplémentaire.

Mais outre les outils technologiques, M. Banavar estime que la formation de tous les employés est essentielle.

«Vous devez investir dans la formation des conducteurs et des employés pour qu’ils sachent comment repérer les fraudes potentielles», a-t-il insisté. «Vous devez instaurer une culture de la prévention de la fraude au sein de votre entreprise pour sensibiliser les gens à ce problème afin qu’ils puissent le repérer facilement. Ce n’est pas le travail d’une seule personne.»

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