Les employeurs friands de formation professionnelle, la « Loi du 1 % » remise en question

L’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec (CRHA) vient de publier les résultats d’un sondage qui indique que les organisations sont manifestement convaincues de l’importance du développement des compétences.

Les membres de la haute direction des entreprises sont d’ailleurs légèrement plus intéressés et investis (86 %) que les employés eux-mêmes (83 %). De plus, deux tiers des organisations (67 %) investissent plus que le 1 % exigé par la Loi favorisant le développement et la reconnaissance des compétences de la main-d’œuvre.

Image de boussole qui pointe vers le mot « formation »
(Image : Groupe CNW/Ordre des conseillers en ressources humaines agréés)

Lorsqu’il y a des freins à la formation, les principaux obstacles sont le manque de temps (70 %) et l’incapacité à libérer les travailleurs (63 %).

Paradoxalement, le sondage permet aussi de constater que les organisations négligent le développement de certaines compétences qu’elles jugent par ailleurs prioritaires.

C’est notamment le cas pour les compétences relationnelles, jugées importantes par 98 % des répondants alors qu’elles sont développées dans seulement 47 % des organisations.

Les compétences techniques (82 %), ainsi que les compétences numériques et technologiques (64 %) sont celles qui reçoivent le plus d’attention.

« La transformation numérique qui s’accélère amène les organisations à prioriser les compétences techniques et technologiques des travailleurs. Mais derrière les machines, il y aura toujours des humains. Pouvoir communiquer, collaborer, s’adapter, gérer l’information et résoudre des problèmes figurent pourtant en tête de liste des référentiels de compétences du futur. Les organisations doivent en tenir compte », commente Manon Poirier, directrice générale de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés.

Réviser la « Loi du 1 % »?

Près de trois décennies après son adoption, la Loi favorisant le développement et la reconnaissance des compétences de la main-d’œuvre – mieux connue sous le nom de « loi du 1 % », puisqu’elle exige de la majorité des employeurs qu’ils investissent 1 % de leur masse salariale dans la formation de leur personnel – demeure utile. La très grande majorité des répondants (79 %) estime d’ailleurs que la loi reste pertinente.

Mais s’il est vrai que la grande majorité des organisations investissent en formation pour assurer leur productivité et leur compétitivité, et non simplement par souci de conformité à la loi, une organisation sur dix (11 %) qui est assujettie à la loi (les employeurs dont la masse salariale annuelle est de plus de 2 millions $) déclarait en 2020 avoir investi moins de 1 % en formation, voire rien du tout.

Ces organisations ont dû verser 30 millions $ au Fonds de développement et de reconnaissance des compétences de la main-d’œuvre, qui subventionne des projets de développement des compétences et de requalification.

Selon l’Ordre des CRHA, La loi gagnerait à être revue, notamment pour en diminuer la charge administrative, qui est jugée assez ou très élevée par 79 % des répondants.

« À la lumière de ce coup de sonde, les professionnels en ressources humaines accueilleraient favorablement la révision de la « Loi du 1% ». Elle conserve sa pertinence, mais elle devrait faire l’objet d’une modernisation pour alléger son administration et la rendre plus inclusive quant aux moyens de formation ou aux compétences admissibles », conclut Mme Poirier.

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