Pont Pie-IX : remplacement du tablier imminent, entraves majeures à la circulation à prévoir

Le pont Pie-IX reliant Montréal à Laval fera l’objet de travaux de réfection majeurs en 2019, son tablier de dalles de béton et la structure d’acier le supportant devant être remplacés en raison de leur vieillissement.

C’est en effet ce qu’indiquent les documents du ministère des Transports de la Mobilité durable et de l’Électrification des Transports du Québec consultés par Transport Routier au cours des derniers jours. « C’est en route », confirme M. Gilles Payer, porte-parole du ministère à l’occasion d’une discussion sur ce projet majeur, inscrit au Plan québécois des infrastructures mais dont le dossier d’affaires (projections de coûts, échéancier précis) n’a pas encore été déposé.

Le pont, construit en 1966, est emprunté chaque jour par 80 000 véhicules, dont 5% de camions. Avec ses six voies de circulation, l’ouvrage est constitué de deux tabliers distincts d’une longueur d’un peu moins de 600 mètres.

Le projet entre dans la catégorie des travaux de plus de 100 millions de dollars. Le Service rapide par bus (SRB) sur Pie-IX, dont la réalisation est étroitement arrimée à la réfection du pont puisque les autobus y circuleront, devrait coûter à lui seul tout près de 394 millions.

Selon l’outil Inventaire et inspection des structures du MTQ, le pont Pie-IX est dans un indice de condition générale (ICG) de catégorie 2, ce qui signifie « Structure nécessitant des travaux majeurs ».

Le pont ne présenterait aucun risque à la circulation présentement mais il est clair que l’ouvrage de génie civil a vieilli. « Le pont requiert une intervention majeure en vue de remplacer les dalles en béton qui ont atteint la fin de leur vie utile ainsi que les poutres d’acier, dont les propriétés ne respectent pas les normes actuelles », peut-on lire dans la documentation du ministère des Transports.

La dernière inspection générale du pont Pie-IX, réalisée conjointement par les ingénieurs du MTQ et la firme montréalaise WSP Canada Inc., remonte à 2016. Une autre est prévue pour 2018 avant le début des travaux en 2019 mais elle n’a pas encore été effectuée.

Selon les informations préliminaires dont nous disposons, les camionneurs disposeraient d’une voie en moins en direction de Laval une fois les travaux terminés, puisque l’une d’elles serait réservée au service de transport en commun SRB.

Détours et dépenses de péages à l’horizon

Les répartiteurs des entreprises de transport par camion qui desservent la métropole et la Rive-Nord devront se creuser les méninges pour confectionner des itinéraires permettant de contourner Pie-IX pendant les travaux de remplacement du tablier, dont on peut présumer qu’ils s’effectueront un côté à la fois.

Les fruits et légumes de Courchesne Larose coûteront plus cher à transporter lors des travaux sur Pie-IX, en raison des péages et des salaires notamment.

Les 4 000 camions et 76 000 voitures qui empruntent le pont chaque jour devront en bonne partie être redirigés vers le pont Papineau de l’autoroute 19 ou le pont à péage de la 25. Ce dernier a bien sûr l’avantage d’offrir plus de fluidité, mais cela a un prix, souligne Stéphane Labelle, directeur de la distribution et du transport de la firme Courchesne Larose, établie à Anjou, et qui fait le commerce de fruits et légumes.

M. Labelle estime à plusieurs milliers de dollars ses frais de péage mensuels, frais appelés à augmenter lorsque la solution du pont payant sera encore plus attrayante et que les autres liens vers Laval seront congestionnés par la circulation ne pouvant plus utiliser Pie-IX. Au sujet de cette hausse de frais de péages anticipée, Stéphane Labelle commente : « Ça représenterait certainement un poids financier, mais qui selon moi vaudrait la peine plutôt que de rester pris dans le trafic. Quand on va dans l’est de Laval, c’est le calcul qu’on fait. Ça coûte quelque chose mais globalement on y gagne quand même. »

Heureusement pour Courchesne Larose, en raison de la nature même des produits transportés ses camions circulent peu en heures de pointe, étant plutôt actifs la nuit ou très tôt en matinée. Ce qui ne veut pas dire que l’entreprise ne subira aucun inconvénient en raison de la reconstruction du tablier du pont Pie-IX. « On va surtout subir les contrecoups des camions qui vont le contourner », déclare M. Labelle. «  Il va falloir penser à des alternatives. Soit changer nos heures de départ, soit contourner autrement. C’est certain qu’il va y avoir des répercussions si un tronçon est fermé », ajoute-t-il.

Du côté de l’Association du camionnage du Québec (ACQ), le PDG Marc Cadieux croit que cette fois sera la bonne pour le pont Pie-IX, dont on a pourtant déjà annoncé la remise à neuf. « Je pense qu’il faut y croire.  Il y a eu beaucoup de chemin de fait dans ce dossier. Je pense qu’on est rendus là », dit-il.

Évidemment, on ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs et cela s’appliquera au chantier du pont Pie-IX, estime M. Cadieux. « C’est sûr que c’est encore un projet qui nécessite des contournements, des restrictions », dit-il, se disant toutefois confiant que les membres de l’association qu’il représente soient avisés au moment opportun des plans de contournement du ministère. « Règle générale, nous avons toujours été informés suffisamment à l’avance des mesures de mitigation et nos commentaires sont souvent pris en compte », déclare le porte-parole de l’ACQ.

Transport plus cher en raison des salaires

Les salaires des chauffeurs est un autre élément dont il faut tenir compte lorsqu’il est question de bouchons de circulation causés par de grands chantiers dans la région métropolitaine. Selon Jean-Claude Fortin, président du Conseil d’administration de la compagnie de transport J.E. Fortin, plusieurs camionneurs refusent carrément de se rendre à Montréal et, pour ceux qui y vont, la rémunération se fait à l’heure plutôt qu’à la distance couverte. Cela signifie une hausse des coûts de transport lorsqu’un trajet donné demande plus de temps à parcourir.

« Les gens de Montréal sont en train d’interdire les camions partout. Certaines personnes n’ont pas l’air de se rendre compte que les camions sont nécessaires pour livrer leurs produits de tous les jours. Je ne peux quand même pas prendre le métro avec un voyage de bananes », témoigne M. Fortin, visiblement excédé par la multiplication des entraves à la circulation.

Son confrère de Courchesne Larose paie lui aussi à l’heure les chauffeurs qui œuvrent en milieu urbain. « Il va sûrement y avoir un coût à évaluer sur le nombre d’heures payées pour ceux qui roulent en ville, c’est certain », conclut M. Labelle au sujet du chantier à venir.

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