Digne d’un film
C’était un secret de Polichinelle dans l’industrie alors que tout le monde savait qu’il se tramait de drôles de choses dans certaines écoles de formation de routiers et dans l’émission de permis de conduire de camions lourds. Il a fallu quatre ans aux services de police de l’Ontario et du Québec pour mettre au jour des stratagèmes frauduleux impliquant des écoles de formation non autorisées, des interprètes qui passaient des tests pour des étudiants et l’utilisation de documents falsifiés pour obtenir initialement des permis de classe 5, puis des permis de classe 1.
La semaine dernière, à la suite d’une enquête conjointe, la police provinciale de l’Ontario a déposé six accusations, et la Sureté du Québec cinq accusations en lien avec divers gestes frauduleux.
L’enquête de la police de l’Ontario portait sur l’utilisation d’un interprète pour passer les tests de connaissances requis, sur des résidents de l’extérieur de la province qui demandaient un permis ontarien et sur des mesures visant à contourner la norme ontarienne de formation obligatoire pour les débutants.
Quand on lit les détails publiés par La Presse, on a l’impression de se retrouver dans un scénario de film, fonctionnaire corrompu et agent d’infiltration au menu.
L’opération découle d’une enquête amorcée en mars 2018 à la suite d’une information transmise aux policiers par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) selon laquelle «des réseaux organisés, avec la complicité d’écoles de conduite, fabriqueraient de faux permis de conduire, notamment de l’Inde et du Pakistan, afin de pouvoir les échanger contre des permis de conduire valides du Québec ou de l’Ontario».
Les accusés auraient fabriqué de faux permis de conduire de l’Inde ou du Pakistan indiquant que leurs titulaires avaient 36 mois d’expérience de conduite ou plus, comme requis pour être admissible au permis de classe 1, alors que ces candidats avaient «peu ou pas d’expérience de conduite».
Pendant des années, à coups de 100 $, un employé corrompu d’une succursale de la SAAQ «facilitait» le travail des accusés.
L’École de conduite Universel et la KS Driving School ont été identifiées par les enquêteurs au Québec. «Des agents d’infiltration ont été envoyés dans au moins une des écoles en se faisant passer pour des clients potentiels. Un suspect leur a exigé 2 500 $ pour obtenir le faux permis de conduire québécois et 3 700 $ pour le permis de classe 1 subséquent», rapporte La Presse.
Je suis sans mots devant ce stratagème qui a permis d’assoir au volant de camions lourds des individus qui n’avaient absolument pas les compétences pour ce faire. Bravo aux services de police du Québec et de l’Ontario pour leur enquête qui a permis de porter des accusations.
Face à une grave pénurie de conducteurs et conductrices de camion, il peut être tentant de tourner les coins ronds. S’il y a une chose à retenir : ne vous fiez pas qu’aux papiers, faites passer des essais routiers!
Steve Bouchard
Rédacteur en chef, transportroutier.ca