L’hydrogène: le nouveau buzz
J’étais en train de souper hier soir au comptoir d’un restaurant d’Hanovre en Allemagne quand quelqu’un assis deux sièges plus loin m’a demandé si j’étais en ville pour le grand salon IAA Transportation qui ouvrait le lendemain. Bien sûr que j’étais là pour le salon, et lui aussi.
J’ai oublié son prénom, mais c’est un docteur en ingénierie électrique italien qui était là pour présenter une pompe haute pression qu’il avait conçue.
Parenthèse : ce matin, je me suis rendu au salon avec lui et son collègue, italien lui aussi, marié à une Québécoise de Saint-Eustache qu’il a rencontrée au Maroc… Fin de la parenthèse.
Mais revenons à notre ingénieur du souper. Un moment donné, il me demande ce que je pense de la pile à combustible.
Donc, moi, un journaliste de camionnage détenteur d’un baccalauréat en études françaises, devait soudainement dire mon opinion sur les piles à combustible à un docteur en génie électrique.
«C’est drôle que vous me demandiez ça, docteur, car ce dont j’ai entendu le plus parler au cours des derniers jours, c’est l’hydrogène. Mais vous, vous en pensez quoi, doc?»
Alors, de dire mon nouvel ami, c’est que pour la livraison du dernier kilomètre, l’électricité à batterie va s’imposer, mais que pour les livraisons longue distance, les charges plus lourdes et les terrains vallonnés, c’est l’hydrogène qui va faire le travail.
Imaginez ma déception : mon ingénieur italien pense exactement ce que l’on entend partout depuis toujours à propos de l’hydrogène.
Je vous le donne en mille : l’hydrogène va être le «buzz» des prochains mois comme l’électricité à batterie l’est depuis les deux ou trois dernières années.
Après un avant-midi au IAA Transportation, je peux assurer que le buzz se confirme ici. C’était la cohue et un peu la folie au kiosque que Nikola Motors partage avec le manufacturier de camions Ivaco lorsque le Nikola Tre propulsé à l’hydrogène a été dévoilé sous les cris et les sifflets. Sa production en série aux États-Unis est prévue au deuxième semestre de 2023. J’ai demandé à Michael Lohscheller, président de Nikola Motors, si le Nikola à hydrogène arriverait sur les routes canadiennes à peu près en même temps qu’aux États-Unis. Sa réponse : «le Canada est un marché important pour Nikola, cela ne fait pas de doute, mais en ce qui a trait au déploiement, il n’a pas encore été déterminé».
Il est beaucoup, beaucoup question d’hydrogène en Allemagne aujourd’hui. Les mots qui résument le salon sont : énergie durable, émissions nulles et décarbonation.
Mais même de notre côté de l’Atlantique, il se passe des choses importantes avec l’hydrogène.
Cummins a annoncé qu’il offrira un moteur de 15 litres alimenté à l’hydrogène.
Werner Enterprises – transporteur américain qui possède 8 000 camions et 24 000 remorques – a signé une lettre d’intention avec Cummins pour prendre livraison de 500 moteurs à combustion interne de 15 litres alimentés à l’hydrogène, lorsqu’ils seront disponibles. Werner a déjà été annoncé comme une flotte d’essai pour la technologie, qui est construite sur une plateforme qui accepte tous les types de carburant.
Bison Transport et Trimac Transportation transporteront l’an prochain des marchandises avec des «glider kits» alimentés avec des piles à combustible à hydrogène de Ballard Power Systems et des groupes propulseurs électriques Dana.
Je vous tiens au courant de ce que je verrai ici à Hanovre et, d’ici là, je vous souhaite une bonne lecture de nos nouveautés.
Steve Bouchard
Rédacteur en chef, transportroutier.ca