Vos essieux relevables sont-ils sûrs?
Des essais effectués en Alberta, par un spécialiste de la reconstitution d’accidents de la Gendarmerie Royale du Canada, ont apparemment révélé que certains systèmes d’essieu relevable peuvent faire en sorte que des ensembles camion-remorque aient besoin de deux fois plus long pour s’arrêter dans certaines conditions.
Ces essais – rapportés pour la première fois par le journal Edmonton Sun en octobre, ont été menés par le caporal Barry Red Iron de la GRC, à la suite de deux accidents mortels survenus dans le sud de l’Alberta.
Les tests ont démontré que certains systèmes d’essieu relevable transfèrent de manière disproportionnée la masse parmi les essieux, surchargeant les essieux et les pneus, ce qui peut réduire l’efficacité du freinage.
Lors d’une conférence de presse, M. Red Iron s’est bien gardé de dire que les essieux relevables sont dangereux, mais il a indiqué que certains systèmes «ne fonctionnent pas comme ils le devraient».
Incidemment, M. Red Iron n’est plus autorisé à parler aux médias depuis la parution de l’article du Sun. Toutefois, Allen Scraba, propriétaire de ARS Trucking, dont les camions ont pris part aux tests, a indiqué à notre publication-sœur, Today’s Trucking, que les essais ont permis «d’ouvrir les yeux».
Des tests menés sur plusieurs combinaisons de type Super B ont démontré la possibilité d’un problème majeur sur au moins un système d’essieu relevable, lequel, dans ce cas précis, a été conçu par le fabricant de la remorque.
Apparemment, selon M. Scraba, lorsqu’il y a une fuite d’air, ou si l’ensemble tracteur-remorque est utilisé sans qu’il n’y ait d’air dans la suspension (comme c’est parfois le cas, lorsque, par exemple, le chauffeur prend une remorque chargé à 3h le matin et oublie de remettre de l’air dans le système), la répartition normale de l’air parmi les essieux peut être compromise.
«Lorsque vous activez l’interrupteur et évacuez l’air de la suspension à essieu relevable de certains fabricants, la masse n’est pas distribuée également. On voit des masses très basses sur les deux essieux avant, alors que l’essieu arrière reçoit tout le reste du poids.»
Plus spécifiquement, les essais ont démontré que l’essieu avant d’une remorque de tête dans une configuration de type B supporte 200 kg, l’essieu du centre supporte environ 500 kg, alors que le dernier essieu supporte plus de 23 000 kg. Sur la remorque de queue, la différence est moins prononcée mais, avec 1 300 kilos sur le dernier essieu, le problème demeure.
«Si vous transférez toute cette masse sur ces essieux et qu’il n’y a pas d’air, vous ne savez pas que vous n’avez pas de freins», prévient M. Scraba. « … les roues patinent lorsque vous devez faire un arrêt brusque.»
Lorsque le Sun a rapporté ces essais la première fois, les gens du ministère des Transports de l’Alberta en ont minimisé l’importance, indiquant que les bris au système pneumatique, particulièrement avec les essieux relevables, sont rares.
Cependant, Transports Canada a accepté d’analyser les essais de la GRC. Sans disposer d’autres détails, nous savons que les gens de Transports Canada ont abordé le sujet avec des membres de l’Association d’équipement de transport du Canada (AETC) lors d’une réunion à huis clos tenue durant la conférence annuelle de l’organisme qui a eu lieu en novembre.
Transports Canada n’avait pas commenté au moment d’écrire ces lignes, mais il y a lieu de croire que le gouvernement reconnaît qu’il y a un problème jusqu’à un certain point.
Don Moore, directeur général de l’AETC, n’a pas pu fournir plus de renseignements sur cette réunion, mais il a confirmé qu’elle a eu lieu en présence de décideurs et de fournisseurs de l’industrie de la remorque afin de faire un «échange de renseignements». M. Moore a ajouté que, malgré l’absence de preuves présentement, l’AETC prend au sérieux le processus de «cueillette de faits».
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