Le Canada et le commerce international

Les exportations vers les États-Unis ne devraient plus représenter que 60 % des échanges commerciaux canadiens d’ici la fin de la décennie.

En effet, les entreprises canadiennes dépendent de moins en moins des États-Unis pour les échanges commerciaux, et leurs exportations sont maintenant 30 % plus diversifiées qu’il y a dix ans, selon un nouveau rapport économique de Marchés mondiaux CIBC.
« Le principal catalyseur de cette évolution est la forte augmentation des exportations destinées aux marchés émergents et le déclin marqué des exportations vers les États-Unis qui, actuellement, sont revenues à leurs niveaux d’avant l’ALENA », indique Benjamin Tal, économiste en chef adjoint à la Banque CIBC. « À ce rythme, les exportations vers les États-Unis ne devraient plus représenter que 60 % du total des exportations d’ici la fin de la décennie, et près de 90 % de la diversification devrait être lié aux marchés émergents. »
On peut lire dans le rapport que les entreprises canadiennes profitent de taux d’intérêt historiquement bas pour financer leurs investissements, dont certains ont pour objectif d’accroître les possibilités d’exportation.
« La croissance des investissements des entreprises a été supérieure à celle des exportations vers les États-Unis au cours de 30 des 36 derniers trimestres, ce qui constitue, et de loin, la plus longue période de croissance supérieure jamais observée », ajoute M. Tal. « De plus, bien que les exportations réelles vers les États-Unis aient à peine varié au cours de la dernière décennie, les investissements des entreprises ont réussi à croître à un rythme annuel moyen de plus de 4 %, ce qui constitue également un écart record quant à la croissance. »
M. Tal ne considère pas vraiment que cette forte progression des dépenses d’investissement est attribuable à la force du dollar canadien. Il a constaté que les importations réelles de matériel et d’outillage augmentent actuellement à peu près au même rythme que lorsque le huard était beaucoup plus faible.
M. Tal signale que même si le fait de cibler davantage de marchés d’exportation nécessite des investissements supplémentaires, cela suppose également de meilleurs résultats financiers. Des recherches universitaires sur le lien entre la diversification des exportations et les bénéfices des sociétés montrent que cette relation est très peu linéaire. Les deux extrêmes (niveau de diversification trop élevé ou trop faible) ont une incidence négative sur les bénéfices, tandis que l’influence la plus positive s’observe quand on passe d’un niveau faible à un niveau moyen de diversification.
« Comme les exportations vers les États-Unis représentent encore un important 75 % du total des exportations, il est évident que le Canada se trouve actuellement dans la phase optimale de son processus de diversification, tout accroissement de cette diversification faisant augmenter de manière notable les résultats financiers », ajoute-t-il. « Déjà, les exportations vers les États-Unis, exprimées en pourcentage du chiffre d’affaires des entreprises canadiennes, avoisinent leur niveau le plus bas depuis le début des années 1990, ce qui laisse supposer une réduction notable de l’influence des exportations vers les États-Unis sur les bénéfices des sociétés. Cette influence continuera de décliner à mesure que les exportateurs canadiens accroissent leurs liens commerciaux avec d’autres marchés. »
La diversification se réalise de deux façons, soit en augmentant le nombre de marchés avec lesquels nous avons des échanges commerciaux et en augmentant le nombre de produits que nous vendons. En apparence, il semble que nous avons réalisé des progrès pour ce qui est des marchés, mais que nous avons du retard quant à la diversité des biens que nous exportons. « La forte progression des exportations liées à l’énergie (tant au chapitre du volume que de la valeur) s’est traduite par une réduction de 10 points de l’indicateur de diversification des exportations canadiennes par produit », fait remarquer M. Tal.
« Cependant, cet indicateur général cache une tendance plus prometteuse lorsqu’on observe plus attentivement la fabrication et les produits industriels. Dans ce domaine, la diversification générale, mesurée par volume, a progressé de plus de 30 % au cours de la décennie. L’important ici, ce sont les secteurs qui ont contribué à la diversification des produits et des destinations, comme le bois et le papier, les produits chimiques, les métaux et les minéraux, l’agriculture, l’alimentation, le matériel et l’outillage et l’aérospatiale. »
M. Tal ajoute qu’une diversification accrue des exportations au chapitre de la destination et des produits est non seulement nécessaire au maintien de la rentabilité, mais également essentielle comme protection contre la plus forte volatilité économique qui fera vraisemblablement partie intégrante du paysage économique dans l’avenir. La dernière décennie a été caractérisée par une volatilité réduite de l’économie, en général, et des bénéfices des entreprises, en particulier. L’augmentation des emprunts des consommateurs a joué un rôle déterminant dans l’atténuation de la variabilité économique au cours de cette période.
M. Tal croit que le rôle du crédit sera probablement moins important dans la nouvelle équation économique et que l’économie perdra ainsi son principal amortisseur de chocs. Il prévoit que la récente augmentation de la volatilité se poursuivra dans un avenir prévisible et que les entreprises du Canada s’adapteront à la nouvelle réalité en devenant plus souples et plus promptes à réagir.
« Ces changements se caractériseront par diverses mesures, comme une modification de diverses pratiques d’embauche, des pratiques financières plus prudentes, un recours accru au personnel de vente pour reconnaître les changements se produisant sur les marchés, une capacité accrue de changer de type de produit, ce qui, en retour, pourrait nécessiter des immobilisations différentes, ainsi qu’une meilleure capacité à modifier la composition des ventes en cours de cycle. »
« La période d’après la grande récession et la nouvelle équation de la croissance économique qui la définira pourraient fournir aux entreprises canadiennes une occasion en or de se restructurer de telle manière qu’elles pourront réduire leur dépendance envers l’économie américaine tout en améliorant leurs résultats financiers. L’important ici sera de poursuivre les efforts délibérés visant à diversifier les activités d’exportation, tant en ce qui a trait à la destination qu’aux produits, et de le faire en sachant bien que cette diversification n’est plus un choix, mais une nécessité. »
                               

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.

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