Une stratégie qui complique le transport vers les États-Unis

VANCOUVER — Des camions qui font demi-tour aux frontières Canada-États-Unis est un problème qui revient de plus en plus. Ce phénomène grandissant est une conséquence directe de la nouvelle stratégie des États-Unis, la Northern Border Strategy.

Le 5 juin dernier, le Department of Homeland Security (DHS) des États-Unis a annoncé la mise en place de cette nouvelle stratégie qui s’applique à chacun des 120 points de douanes.

Cette nouvelle stratégie vise à accroître le partage d’informations et la coopération entre les diverses agences de sécurité nationale des deux côtés de la frontière.

«Cette tactique facilitera la tâche des agents frontaliers dans leur choix de donner le droit de passage ou non», explique Mme Janet Napolitano, chef dirigeante du DHS.

Les États-Unis ont déjà accès au registre de dossiers criminels canadien mais leur but est de développer davantage les infrastructures afin d’avoir accès à de l’information digitale. La nouvelle stratégie permet aussi au DHS de recevoir de l’information du bureau de l’immigration canadien sur le statut des résidents temporaires.

Même si cette nouvelle stratégie est décrite comme étant une façon de rendre les échanges commerciaux et les voyages plus sécuritaires et plus fluides, les opinions sur sa légitimité sont divisés.

Express Pardons Canada, une agence qui aide les Canadiens qui sont aux prises avec un dossier criminel, affirme que cette nouvelle stratégie causera beaucoup plus de problèmes aux camionneurs et fera augmenter drastiquement le nombre de demi-tours à la frontière américaine.

Pour le moment, les agents de protection des frontières n’ont accès qu’aux données récentes du registre des dossiers criminels. Mais Express Pardons Canada craint qu’avec l’application de cette nouvelle stratégie, les douaniers auront bientôt accès à un historique complet du registre des dossiers criminels. Ce changement pourrait faire augmenter les délais aux douanes en plus de mettre en péril la sécurité des renseignements personnels du Canada.

«Chaque jour, nous recevons des appels de camionneurs qui traversent la frontière depuis des années sans aucun problème et soudainement, un casier judiciaire datant d’une dizaine d’années refait surface et ils sont obligés de rebrousser chemin», explique M. Jared Church, fondateur de l’agence Express Pardons Canada.

«Vous pouvez demander aux personnes en charge de l’embauche pour les compagnies de transport. Un grand nombre d’entre eux ont du mal à trouver des chauffeurs appropriés au pays et de demander qu’ils aient un passé sans tache, cela est impossible», renchérit M. Jared Church.

Le Canada et les États-Unis ont un partenariat commercial qui se traduit par 28 814 camions et 1,6 milliard de dollars de marchandises qui traversent la frontière chaque jour.

«Les entreprises canadiennes de camionnage et d’expédition ainsi que l’économie canadienne ont besoin d’hommes et de femmes qualifiés pour traverser la frontière chaque jour. C’est la principale raison qui fait que les gens viennent à nous », a déclaré M. Jared Church. «Une passe rapide «FAST PASS» est essentielle aujourd’hui pour les camionneurs canadiens. Les entreprises et l’économie canadienne ne peuvent tout simplement pas se permettre d’avoir des produits canadiens qui se font retourner à la frontière», a-t-il poursuivi.