Nouveau système de logistique «made in Québec»
Québec – La division européenne du géant Procter&Gamble mettra à l’essai un nouveau système de logistique de transport de marchandises développé par M. Benoît Montreuil, chercheur de l’Université Laval.
Tel que lu dans le journal Le Soleil, Internet physique est un système de transport et d’approvisionnement qui se veut plus efficace que celui que l’on connaît actuellement. L’idée est d’optimiser le transport de marchandises pour cesser d’avoir sur nos routes des camions à moitié vides (voire totalement vides), d’éviter la multiplication des trajets entre le point de production d’un produit et son lieu de vente, et de faire disparaître le fonctionnement en vase clos de la grande distribution pour miser sur un système de partage du réseau.
Benoît Montreuil explique son projet en mettant l’accent sur les porte-conteneurs qui constituent un bon exemple de transport efficace. Les ports centralisent toutes les marchandises et, sur les bateaux, les conteneurs sont remplis de produits issus de plusieurs compagnies. Il serait absurde et cher qu’une seule compagnie affrète un porte-conteneurs pour assurer ses livraisons. C’est pourtant ce qu’il se passe sur nos routes, avec les camions.
Comme l’explique la journaliste Sophie Gall, l’idée de base d’Internet physique est donc de créer des centres de distribution partagés, qui pourraient être utilisés par plusieurs compagnies, et de faire de même pour le transport routier ou ferroviaire. Autrement dit, pourquoi des chips et de la lessive, fabriquées par deux compagnies distinctes, devraient être stockées dans des centres de distribution différents, appartenant à ces compagnies? Et si ces chips et cette lessive doivent être livrées au même endroit, pourquoi ne seraient-elles pas transportées par le même camion plein, plutôt que par deux camions à moitié vides?
Internet physique sera expérimenté, dès l’automne 2012, chez Procter&Gamble (P&G) Europe. Pourquoi procéder en Europe plutôt qu’au Québec?
«Parce qu’il faut bien commencer quelque part», répond M. Montreuil. Mais aussi parce que Procter&Gamble est une des rares industries au monde à avoir son propre département de recherche en logistique de transport et que l’entreprise a été séduite par le concept.
La logistique européenne de transport est très lourde, mais la conscience environnementale y est très développée. La volonté gouvernementale d’améliorer les choses est donc assez grande et les programmes de subvention sont conséquents. Ce projet d’Internet physique de 4,3 millions d’euros (5,2 millions $CAN) est financé à hauteur de 2,9 millions par la Commission européenne. Seize partenaires financent le reste en plus d’apporter leur expertise.
Sergio Barbarino, du département de recherche en logistique de transport chez P&G, assure que le projet ne restera pas uniquement en Europe puisque lui-même travaille selon une vision mondiale de P&G.
«Au Canada, aux États-Unis, en Chine, on va le faire partout dans le monde», a-t-il mentionné avant d’ajouter que le «vrai succès du projet, c’est quand P&G et d’autres entreprises se mettront ensemble pour la logistique de transport». Les gains prévus pour Procter&Gamble sont significatifs, selon Sergio Barbarino. Ces données chiffrées ne peuvent être rendues publiques. «Notre efficience passera de 40 % à 70 %, les coûts de transport et notre empreinte environnementale seront diminués proportionnellement», a-t-il toutefois précisé.
Pour Benoît Montreuil, ce projet pilote, «c’est passer de la recherche au business, c’est faire une démonstration sur des flux réels et montrer que ça peut marcher».
Sans pouvoir donner de détails, M. Montreuil a affirmé que le Québec verrait graduellement se propager Internet physique.
Pour lire un article paru dans le Globe and Mail qui traite d’Internet physique, cliquez ici.
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