Navistar se tourne vers Cummins
Navistar prévoit intégrer le moteur Cummins ISX15 à sa gamme de moteurs autoroutiers nord-américaine et l’offrir dans certains de ses camions à compter de janvier prochain.
Cummins Emission Solutions fournira son système éprouvé de post-traitement à base d’urée à Navistar qui l’utilisera avec son MaxxForce 15.
La nouvelle ne vous étonnera peut-être pas, mais Navistar a annoncé récemment qu’il fera appel à Cummins dans ses efforts pour offrir un moteur conforme aux normes de l’EPA l’an prochain. Cela implique notamment qu’un moteur Cummins ISX15 se retrouvera dans certains camions International.
Pour sa part, Cummins a rapidement indiqué que les deux entreprises ont une «entente de principe non contraignante» qui ne constitue pas encore un contrat, sous quelque forme que ce soit.
«Elle signifie notre intention de négocier un accord d’approvisionnement», nous a expliqué Carol Lavengood, porte-parole de Cummins.
Le fabricant de camions de l’Illinois a tenté de satisfaire aux normes nord-américaines 2010 sur les émissions polluantes sans faire appel à la réduction catalytique sélective (RCS), comme tous les autres fabricants, mais n’a pas réussi à atteindre le niveau de 0,2 gramme par cheval vapeur au frein de NOx obligatoire. En bref, il n’a pas été en mesure de franchir la barre des 0,4 gramme et a dû utiliser des crédits de l’EPA pour faire certifier et pour vendre ses moteurs non conformes.
À mesure que ces crédits s’épuisaient, l’organisme a permis à Navistar de continuer à vendre des moteurs lourds moyennant le paiement d’une pénalité de non-conformité de 1 920$ par moteur. Mais cette décision a entraîné une poursuite des manufacturiers concurrents contre Navistar et l’EPA. Un juge fédéral a récemment donné raison aux concurrents, ce qui a obligé Navistar et l’EPA à trouver une solution.
L’annonce de Navistar et Cummins arrive trois semaines après la nouvelle choc selon laquelle Navistar abandonnait son approche de réduction des émissions de 2010 s’appuyant exclusivement sur l’EGR pour plutôt se tourner vers une technologie que le fabricant appelle ICT+ (In-Cylinder Technology Plus). La compagnie indique que cette technologie va combiner son approche de combustion interne actuelle et un post-traitement à base de liquide pour répondre aux normes actuelles et futures de l’Environmental Protection Agency. En d’autres mots, comme les autres fabricants de moteurs l’ont fait en 2012, Navistar utilisera vraisemblablement la RCS en plus de l’EGR.
Nous avions écrit à l’époque que des spéculations laissaient entendre que Cummins pouvaient être impliqué dans ce changement de cap, mais les informations qui circulaient laissaient croire que Navistar développerait à l’interne sa technologie SCR. Après tout, des camions Navistar équipés de systèmes de post-traitement SCR circulent présentement eu Europe et au Brésil. L’annonce énumère trois stratégies que Navistar compte employer pour «rehausser la position concurrentielle de l’entreprise, entraîner une croissance rentable et donner de la valeur aux actionnaires ». Ces mesures sont :
«Adopter une solution de post-traitement éprouvée sur le marché américain afin d’accélérer la livraison de la solution de moteur propre de nouvelle génération ICT+ de Navistar; adopter un plan de transition de marché pour les ventes de moteurs de classe 8 et sécuriser un engagement de prêt d’un milliard de dollars qui rehaussera les liquidités de Navistar.»
En pratique, si une entente est conclue, Cummins Emission Solutions fournirait sa solution éprouvée de post-traitement à Navistar qui l’utiliserait avec le MaxxForce 13. L’intégration de la technologie ICT+ dans le moteur 13 litres commencerait au début de 2013.
«Navistar espère qu’en combinant le système de post-traitement de Cummins et ses moteurs MaxxForce existants, sa technologie ICT+ lui permettra de répondre aux normes 2012 sur la réduction des émissions polluantes et se prendra les devants face aux exigences de réduction des gaz à effet de serre de 2014 et 2017», indique la compagnie.
L’avenir du MaxxForce 15 est quelque peu nébuleux présentement. Navistar indique que, dans le cadre de la relation élargie avec Cummins, il prévoit offrir le Cummins ISX15 avec certains modèles, «élargissant ainsi la gamme de véhicules de la compagnie et les occasions sur le marché autoroutier». Navistar intégrera le moteur ISX15 à sa gamme de moteurs autoroutiers nord-américaine à compter de janvier prochain.
Cela signale-t-il la fin du MaxxForce tel qu’on le connaît présentement? Le MaxxForce s’appuie sur le bloc Caterpillar éprouvé et les systèmes de carburant, d’air et de contrôle des émissions de Navistar; il devait être utilisé aussi dans le camion CT660 de Cat ainsi que dans certains modèles International. On nous a assuré que les moteurs rouges de Cummins ne seront jamais peints en jaune, mais verra-t-on un Cat CT15 (un MaxxForce 15 revampé) pourvu d’un système de traitement des émissions Cummins dans le CT660?
Ce n’est qu’une des intéressantes questions que soulève l’annonce de Navistar et de Cummins, mais pour lesquelles nous n’avons malheureusement pas encore de réponse.
Navistar indique que durant la transition vers la technologie ICT+, il continuera à construire et à expédier ses camions dont les modèles sont conformes aux normes de l’EPA en utilisant les bonnes combinaisons de crédits d’émissions gagnés et de pénalités pour non-conformité. «La compagnie compte continuer ses discussions constructives avec l’EPA et la California Air Resources Board quant à sa transition vers la technologie ICT+».
Les pièces financières du casse-tête font en sorte que Navistar a dû rédiger «une lettre d’engagement ferme» avec un groupe bancaire dirigé par JPMorgan Chase Bank, N.A. et Goldman Sachs Lending Partners LLC et qui comprend Merrill Lynch, Pierce, Fenner & Smith Incorporated et le Crédit Suisse, lettre en vertu de laquelle les banques se sont engagées à consentir un prêt sécurité pouvant s’élever à 1 milliard de dollars. Une partie de ce financement servira à rembourser les créanciers actuels de Navistar.
– Par Rolf Lockwood
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