Une première réflexion sur les modifications au règlement sur les heures de service

Il est encore trop tôt pour mesurer les répercussions des changements au règlement américain sur les heures de service, mais les transporteurs qui seront les plus touchés sont les flottes de charges complètes à forts volumes qui ont des chauffeurs sur la route pendant plusieurs semaines consécutives, analyse Noel Perry, économiste au sein de la firme FTR Associates.

Ce sont les transporteurs les plus susceptibles de perdre des heures de productivité en raison des changements à la disposition de remise à zéro après 34 heures de repos, a déclaré M. Perry lors d’une conférence en ligne présentée par FTR.

Selon les changements en vigueur depuis le 1er juillet, la remise à zéro doit maintenant comprendre deux périodes entre 1h et 5h du matin, et son utilisation est limitée à une fois par semaine. Les changements stipulent également que les chauffeurs doivent prendre une pause de 30 minutes pour chaque période de 8h.

L’effet nominal de ces deux changements concernant la remise à zéro se traduit par une baisse de productivité de 14 pour cent mais, puisque relativement peu de transporteurs seront affectés, l’effet brut ne sera que de 2,5 pour cent, toujours selon M. Perry.

«Ce sont les camionneurs longue distance, qui travaillent deux à trois semaines consécutives, qui seront le plus affectés par ce changement», a-t-il déclaré.

La pause de 30 minutes obligatoire aura probablement peu d’effets, d’ajouter M. Perry. Les chauffeurs prennent leurs pauses systématiquement lors des quarts de travail. «Au lieu d’arrêter 15 minutes ils devront arrêter 30 minutes. Il s’agit d’un changement mineur.» 

Il est important d’examiner les changements appliqués aux heures de service, en contexte avec d’autres réglementations fédérales, récentes ou en cours d’adoption, en matière de santé et de sécurité, a-t-il précisé.

La modification aux heures de service obligera les transporteurs à changer leur niveau de service ou à embaucher de nouveaux chauffeurs. M. Perry évalue la demande à environ 60 000 chauffeurs au cours de la prochaine année.

Mais lorsqu’il ajoute le nombre de chauffeurs qui seront nécessaires en lien avec plusieurs règlements à l’étude ou en cours d’adoption, il obtient un total de 1,2 million de nouvelles recrues attendues sur le marché du travail au cours des trois à quatre prochaines années.

Sa liste comprend le programme de renforcement de la sécurité CSA ainsi que certaines règles en attente, comme l’enregistreur électronique et son interdiction de contrainte envers le chauffeur ainsi que la base de données sur les stupéfiants et l’alcool. Il faut aussi envisager l’installation d’un limiteur de vitesse obligatoire, les normes de formation des conducteurs ainsi que le contrôle électronique de la stabilité.

D’autre part, en se basant sur l’économie actuelle, M. Perry ne prévoit pas d’énorme augmentation de la demande de transport de marchandises.

«Pour les quelques années à venir, l’économie n’exercera qu’une légère pression sur l’industrie (du camionnage).»

Entre-temps, les transporteurs et les expéditeurs peuvent tenter de minimiser les répercussions des modifications au règlement sur les heures de service, a-t-il déclaré.

Les transporteurs devraient intensifier le recrutement et prendre soin de leurs chauffeurs.

«Si vous songez à une augmentation de salaire, c’est probablement le bon moment.»

Les expéditeurs doivent s’assurer qu’ils disposent d’une souplesse financière en cas d’augmentation des coûts de transport, et doivent être flexibles dans leurs relations avec les transporteurs, conseille-t-il.

«Ce n’est pas le moment d’envoyer des camionneurs au loin et de leur demander de revenir en quatre heures parce qu’ils ont raté leur rendez-vous.»

Et songez à des programmes de coopération avec les transporteurs principaux pour agencer les cargaisons et l’équipement.

M. Perry ne croit pas que le litige en cours concernant la réglementation sur les heures de service mènera à une annulation des modifications.

La règle a été contestée devant une cour d’appel fédérale pour différents motifs, par l’American Trucking Associations et par le groupe de défense Public Citizen. Une décision pourrait être rendue à tout moment.

Si les juges avaient eu l’intention d’intervenir, ils l’auraient fait avant que la règle n’entre en vigueur. Il est donc probable que la règle soit maintenue, d’ajouter M. Perry.   

– Collaboration spéciale d’Oliver Patton, Heavy Duty Trucking

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.

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