Une évaluation en 6 points avant d’embaucher un camionneur

Il est de notoriété publique que les comportements humains erratiques sont le principal vecteur d’accidents sur les routes. La vitesse, le stress, la fatigue, le surmenage, les erreurs de jugement et d’inattention, la jeunesse, l’inexpérience, la témérité et la conduite brusque sont autant de facteurs aggravants.

Notamment chez les camionneurs.

Conduire sans louvoyer et de façon prévisible sur l’autoroute augmentera les chances du candidat d’être recruté. Photo : Christian Bolduc

Afin de réduire ces facteurs de risques chez les professionnels de la route, plusieurs outils pédagogiques existent en amont et en aval d’une embauche par un transporteur. En aval, il y a la formation continue, les évaluations périodiques et les incitatifs pécuniaires. En amont, il y a notamment la vérification du permis de conduire, la prise de références et… l’évaluation pratique du candidat.

1- Un voyage, ça se prépare

La ronde de sécurité. Cette opération permet de vérifier les compétences du candidat concernant les éléments de sécurité suivants sur le camion : les freins, les fluides et lubrifiants, les pneus, la suspension, les éclairages, le matériel de secours, les essuie-glace, le rétroviseurs et les roues. De plus, le candidat doit évaluer la solidité de la cargaison si celle-ci est attachée.

2- L’attelage, pour ne pas perdre sa cargaison

Le bon candidat saura qu’il faut bien aligner le pivot avec les mâchoires avant de coupler la sellette à la remorque. Il vérifiera, en avançant légèrement, que la hauteur est bonne et que le couplage est solide. Avant de remonter les béquilles et connecter correctement les cordons d’alimentation, notamment les contacts électriques, il ira sous la remorque pour s’assurer que les mâchoires sont bien fermées.

3- Reculer avec grâce et précision

S’il a descendu les fenêtres de chaque côté du tracteur, actionner ses clignotants d’urgence, appliquer le principe G.O.A.L. (Gets Out And Looks, ou sortir et évaluer), vérifier l’arrière de la remorque dans ses rétroviseurs, positionner correctement le camion avant d’amorcer la marche arrière, choisi la vitesse la plus basse et manoeuvrer correctement en ligne droite, par la gauche et par la droite, le candidat gagnera de précieux points auprès de son employeur potentiel.

4- Rouler comme un pro

Un bon routier est prévisible dans sa conduite. Il roule au centre de la voie, ne louvoie pas, regarde dans ses miroirs à toutes les cinq à sept secondes, reste concentré et anticipe les dangers, respecte scrupuleusement les limites de vitesse et les panneaux de signalisation, maintien une distance suffisante – pour un freinage sécuritaire en cas d’urgence – avec le véhicule devant lui et une procédure stricte lors des changements de voie. Dans une courbe, il garde l’intérieur de la voie, ajuste sa vitesse aux conditions de la chaussée et balaie la route de ses yeux à intervalle régulier.

5- L’art du virage

Virer, que ce soit sur une route, dans une cour ou une zone commerciale, exige du candidat qu’il respecte certaines consignes précises. La bonne vitesse à l’approche, d’abord, déterminera la réussite de la manoeuvre. Une évaluation adéquate de l’espace disponible – et des dangers, notamment les piétons et cyclistes aux abords des carrefours – doit être faite rapidement en amont. Avant de s’engager dans le virage, une vérification des champs arrière dans ses rétroviseurs est aussi requise.

6- Mettre fin à la livraison avec un sans faute au dételage

S’il veut réussir son évaluation et être embauché, le candidat suivra finalement ces quelques recommandations quant au dételage de sa semi-remorque : activer le frein de stationnement avant d’enfiler un gilet et des gants de sécurité et de descendre du tracteur. Insérer ensuite les cales derrière les roues de la semi-remorque, descendre les béquilles, débrancher les cordons d’alimentation, déverrouiller la sellette d’attelage, remonter dans sa cabine et avancer légèrement le tracteur, vérifier la stabilité de la remorque et installer, au besoin, une béquille de sécurité sous la remorque.


L’auteur de ces lignes remercie chaleureusement Charles Morier, enseignant en conduite de camions lourds au Centre de formation en transport routier de St-Jérôme (CFTR), pour sa précieuse collaboration dans ce dossier.

Rédacteur professionnel depuis plus de 15 ans, Christian possède une expérience considérable à titre de journaliste spécialisé en transport, notamment à titre de directeur de la rédaction de L'Écho du transport, magazine aujourd'hui disparu, et de Transport durable magazine.

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