Day & Ross dévoile sa stratégie derrière l’achat d’un premier camion 100% électrique

Ça y est, vous avez décidé d’acheter un premier camion 100% électrique pour votre entreprise de transport. Vous voulez faire votre part dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, et vous voyez de plus en plus de modèles qui prennent le marché d’assaut. Mais voilà, vous ne savez peut-être pas par où commencer.

Photo : Day & Ross
Un des deux camions classe 6 de Lion électrique que Day & Ross a achetés en 2021. Photo : gracieuseté de Ray & Ross

Il faut d’abord en convenir : tout cela est nouveau pour un peu tout le monde. On entre dans un univers dans lequel les compagnies de transport ont peu ou pas de repères de performance avec lesquels jongler. La gestion de l’autonomie des batteries, l’infrastructure de recharge, le choix du manufacturier pour le camion, les besoins opérationnels spécifiques, la planification des routes et les bornes de recharge sont autant de questions pour lesquelles nous n’avez peut-être pas encore de réponses satisfaisantes.

Pour déblayer un peu le terrain et répondre à un maximum de questions, Transport routier a sollicité l’aide de Patrick Gervais de Lion Électrique. Vice-président du marketing et des communications chez le manufacturier québécois de camions classes 6 et 8 et autobus électriques, M. Gervais nous a refilé les coordonnées du spécialiste en environnement chez Day & Ross, Billy Rae Rattray.

Pourquoi? Parce que ce transporteur nord-américain basé dans les Maritimes a été, le premier au Canada, à acheter deux camions classe 6 de Lion Électrique en 2021 pour la livraison urbaine à Montréal. Il a donc accumulé, à ce jour, plus d’un an d’expérience pratique. Une expérience qu’il a accepté de partager avec Transport routier.

1- Quelles ont été, d’abord, les motivations en amont de ces acquisitions?

Pour mener la charge. Nous voulons plus précisément mettre notre leadership de l’avant afin de contribuer à stimuler l’innovation, faire progresser les véhicules émission zéro, réduire les émissions et promouvoir notre engagement en faveur d’une philosophie axée sur la durabilité.

2- Quels étaient le besoins opérationnels que vous vouliez aborder avec ce type de camion électrique ?

Les technologies électriques, quelles soient à émissions faibles ou nulles, commenceront à occuper une place plus importante dans la chaîne d’approvisionnement à mesure que les prix diminueront. Les premiers enseignements que nous en tirerons nous donneront un avantage concurrentiel dans la livraison de fret.

3- Quelle configuration avez-vous choisi, finalement?

Camion porteur classe 6 à un essieu avec hayon Delandia, 252kw/h de capacité de batterie et 390km d’autonomie maximale. Sa vitesse maximale est de 105km/h, et sa puissance peut atteindre 250 kW et 335 chevaux vapeur (équivalent). L’essieu avant peut porter 5 454 kg, alors que l’essieu arrière peut supporter 8 636 kg.

4- Quels types de livraisons vouliez-vous faire avec ces deux camions?

Exclusivement du ramassage et de la livraison en milieu urbain. Nous procédons toujours au cubage avant de peser, car nous traitons principalement des marchandises palettisées. Les camions servent essentiellement pour le travail de jour. On les recharge à leur retour.

5- Comment gérez-vous l’autonomie des camions au quotidien?

La préplanification était l’étape la plus importante. La planification de l’infrastructure électrique, la sélection de la route, le soutien à la maintenance, le cycle de fonctionnement, la planification du pire des scénarios. Tout cela fait partie de l’analyse qui précède la mise en service des unités. Grâce à cela, nous avons eu très peu d’impact sur nos opérations quotidiennes. La prochaine étape consiste à déterminer comment on pourra augmenter le taux d’utilisation par des équipes supplémentaires.

Photo: Day & Ross
Photo : gracieuseté de Day & Ross

6- Qui est responsable de l’entretien des composants électriques ?

Le manufacturier est totalement responsable de l’entretien des systèmes électrique haute tension qui se trouvent dans le camion. En cas de pépin, un technicien peut se déplacer dans nos locaux ou, si cela s’avère nécessaire, d’amener le camion dans un centre de service de Lion Électrique (NDLR).

7- Avez-vous choisi une borne rapide, lente ou intelligente pour recharger les batteries du camion ? Pourquoi ?

Nous avons choisi deux bornes rapides de 62.5kW DC avec un taux de charge combiné de 125kw. Nous l’avons utilisé comme un moyen de partager les ressources pour les futurs véhicules électriques de la flotte avec des cycles d’utilisation différents, mais aussi nous permettre de bénéficier de la charge d’opportunité sur les unités Lion si nous avons besoin de doubler l’utilisation ou la couverture des routes en dehors de l’exploitation normale.

8- Avez-vous été contraint d’adapter le système électrique de votre bâtiment ?

Nous avions une capacité suffisante pour supporter le lancement de ces unités, mais nous avons décidé de concevoir un nouveau système pour supporter une expansion future. Nous allons donc mettre à niveau notre service principal.

9 – Auriez-vous, un an après votre achat, des questions différentes à poser avant d’acquérir le prochain camion 100% électrique ?

Nous avons fait appel à nos intervenants spécialisés internes pour nous assurer que nous planifions à l’avance au-delà du lancement normal d’une unité. La sagesse voudrait que l’on planifie tôt, que l’on planifie encore et que l’on planifie encore.

Il y a beaucoup de choses à comprendre sur le plan opérationnel en ce qui concerne le cycle d’utilisation, le choix de l’autonomie, la température ambiante moyenne, les taux de charge, la charge utile moyenne, qui entrent en ligne de compte pour l’intégration d’une de ces unités, sans compter le long processus d’infrastructure si vous n’avez pas de capacité dans votre terminal.

Aujourd’hui, les bornes de recharge publiques pour les véhicules moyens et lourds ne sont pas une option viable. Conséquemment, la recharge sur notre site est la seule option possible. Si vous n’avez pas de capacité, il vous faudra plus ou moins 18 mois pour adapter l’infrastructure électrique des installations à vos exigences actuelles et futures.

Rédacteur professionnel depuis plus de 15 ans, Christian possède une expérience considérable à titre de journaliste spécialisé en transport, notamment à titre de directeur de la rédaction de L'Écho du transport, magazine aujourd'hui disparu, et de Transport durable magazine.

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  • Salut je m’appel Mathieu Cormier et travail pour le groupe CTMA aux iles de la madeleine . Nous sommes très intéressé à se procurer des camions électriques dans un avenir rapproché . Cependant on voudrais avoir un compte rendu de la part d’une compagnie comme la vôtre qui les utilisé depuis déjà un certain temps . J’aimerais avoir un contact avec qui pouvoir en discuter . Merci de me revenir