À compter du 15 janvier, les camionneurs ne pourront plus entrer au Canada s’ils ne sont pas entièrement vaccinés

La chaîne d’approvisionnement était déjà en piteux état avec la pénurie de chauffeurs et de pièces pour fabriquer des camions, voilà qu’Ottawa et Washington rajoutent un obstacle au transport transfrontalier par camion.

En effet, l’Agence de la santé publique du Canada a annoncé en début d’après-midi qu’elle emboîte le pas à l’administration américaine qui a pris des dispositions similaires et que « certains groupes de voyageurs actuellement exempts de certaines exigences relatives à l’entrée au Canada ne seront admis au pays qu’une fois entièrement vaccinés au moyen d’un des vaccins approuvés pour l’entrée au Canada. »

Environ 1,2 million de chauffeurs américains ne sont pas entièrement vaccinés et, s’ils ne le sont pas d’ici le 15 janvier, se verront refuser l’entrée au Canada. (Photo : iStock)

Les camionneurs font partie cette liste.

Les travailleurs des secteurs agricole et agroalimentaire continueront toutefois de bénéficier de l’exemption.

Selon John Lyboldt, président de la Truckload Carriers Association (TCA), de 20% à 30% des chauffeurs de camions aux États-Unis ne sont pas encore vaccinés et 62% de cette frange n’ont pas l’intention de le faire. Cela représenterait 1,2 million de chauffeurs qui ne pourraient plus faire entrer des biens au Canada.

Les camionneurs canadiens non vaccinés ne pourront plus non plus faire de transport transfrontalier à compter du 15 janvier.

« Selon l’évolution des taux de vaccination, du nombre de cas et des taux d’hospitalisation, le gouvernement du Canada continuera d’envisager d’autres mesures ciblées aux frontières — ainsi que le moment de les lever ou de les modifier — pour assurer la sécurité des membres de la population canadienne », peut-on lire dans le communiqué émis par l’Agence de la santé publique.

De son côté, le ministre fédéral des transports, Omar Alghabra, estime que « le fait de s’assurer que les voyageurs sont vaccinés contre la COVID‑19 protège les voyageurs et les travailleurs du secteur des transports. »

Tempête parfaite?

L’Alliance canadienne du camionnage (ACC) a immédiatement réagi à la déclaration d’Ottawa en disant qu’elle allait demander plus de temps aux autorités des deux côtés de la frontière afin de permettre à l’industrie de s’adapter.

« Nous sommes extrêmement préoccupés à l’effet qu’une tempête parfait se prépare », a déclaré Stephen Laskowski, président de l’ACC, ajoutant qu’il ne sait pas combien de temps l’industrie du camionnage pourra continuer de livrer les produits essentiels dont les Canadiens et les Américains ont besoin.

M. Laskowski craint que des milliers de camionneurs, des deux côtés de la frontière, abandonnent carrément le métier alors que les transporteurs peinent déjà à combler les nombreux postes vacants.

« Deux classes de citoyens »

Plus près de chez nous à l’Association du camionnage du Québec (ACQ), le président-directeur général Marc Cadieux a lui aussi noté que, contrairement aux camionneurs, les travailleurs du secteur agro-alimentaire continueront de bénéficier d’une exemption.

« On crée deux classes de citoyens », dit-il, ajoutant que cela engendre de la frustration.

Et bien que son ton soit moins alarmiste que celui de son homologue de l’ACC, M. Cadieux estime lui aussi que certains chauffeurs pourraient abandonner le métier dans ce contexte d’obligation vaccinale. « Il est certain que nous perdrons des joueurs, parce que ceux qui ont la ferme conviction que le vaccin n’est pas pour eux quitteront probablement notre secteur d’emploi », dit-il.

Ajoutant que l’ACQ a toujours soutenu le mouvement vers la vaccination, M. Cadieux affirme d’autre part : « Au Québec, on a un très fort pourcentage de nos chauffeurs qui sont vaccinés. » Il estime que ce taux reflète celui de la population générale et que la nouvelle mesure pourrait inciter certains chauffeurs non encore vaccinés à aller de l’avant avant la date butoir du 15 janvier.

S’il comprend la joute politique canado-américaine, M. Cadieux rappelle néanmoins que les camionneurs travaillent majoritairement seuls dans leur cabine. « Même chez les expéditeurs et les clients, les contacts sont quand même minimes, ils sont modérés », dit-il pour illustrer le plus faible risque de propagation que dans d’autres secteurs d’activité.

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