Batterie et hydrogène: des experts font le tour de la question au colloque de l’ACQ

Avatar photo

Le colloque Électrification des transports et carburants alternatifs, organisé par l’Association du camionnage du Québec (ACQ) au début du mois, a levé le voile sur les énergies de l’avenir dans l’industrie québécoise du camionnage. Le volet portant sur l’hydrogène et l’électrification était très attendu.

(Photo : David Simard-Jean)

Pour parler de ces deux sujets, le colloque avait réuni un grand panel d’invités et d’experts dans le domaine. Le volet hydrogène proposait notamment les conférences de Frédéric Imbeault, directeur du développement des affaires F2fm chez Air Products; de Catherine Gosselin, chargée de projet senior chez Harnois Énergies ainsi que de Marc-André Caza, directeur général des ventes – Marché routier – Québec chez Cummins Canada.

Le volet électrification proposait quant à lui des conférences de Romain Gayet, directeur de la chaîne d’approvisionnement et de la commercialisation pour Propulsion Québec; Phillipe Louisseize et Charles Trudel, respectivement chargé de projets et chef de groupe applications technologiques pour l’Institut du véhicule innovant (IVI); Sylvain Cabatenos, chargé de comptes pour Cléo et Jean-François Brossard, directeur des technologies et innovations énergétiques chez Location Brossard.

Les conférenciers sont unanimes pour dire qu’avec la mise en place du Plan pour une économie verte 2030, il est très important de commencer dès maintenant à décarboner l’industrie du camionnage au Québec.

«2030, c’est dans moins d’une décennie et ça peut passer très vite, de dire Romain Gayet de Propulsion Québec. Il reste que malgré tout, le transport représente 9 % des GES au Québec. J’aime ça voir l’angle positif de la chose, soit que si on veut réduire 30% de nos émissions de GES, le tiers des solutions résident dans le transport lourd. Il y a un énorme potentiel de décarbonation dans le milieu, et ce sont les exploitants de flottes qui ont la main sur le changement.»

L’émergence de l’hydrogène

L’utilisation de l’hydrogène comme réactif de pile à combustible pour produire de l’électricité motrice est embryonnaire. Encore plusieurs modèles de camions à hydrogène sont en phase de test ou en développement. Cela n’empêche pas des intervenants de commencer à prendre des mesures.

Air Products se penche notamment sur l’approvisionnement en hydrogène à travers l’Amérique du Nord. Parmi les nombreux projets de la société, il y a la première station commerciale à Edmonton prévue pour 2024, un projet au Texas qui servira à produire 200 tonnes d’hydrogène par jour et un autre à Messena, dans l’état de New York, qui en produira 35 tonnes le jour.

Frédéric Imbeault d’Air Products (Photo : David Simard-Jean)

«On pense que l’adoption de l’hydrogène va se faire assez rapidement. Notre mandat, c’est qu’en 2025, nous serons capables d’avoir sur notre territoire une cinquantaine de stations-service dans les corridors commerciaux les plus achalandés», affirme Frédéric Imbeault d’Air Products.

Harnois Énergies a aussi démontré son envie d’avoir une place importante dans le développement de l’hydrogène vert au Québec. Catherine Gosselin a parlé de plusieurs initiatives de la compagnie, comme la mise en place de nombreuses stations commerciales dans la province, l’achat de cinq camions à hydrogène en 2026 – les premiers au Québec – ou bien la mise en place du premier train à hydrogène en Amérique du Nord sur le chemin de Charlevoix.

Cummins se donne comme objectif d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Pour y arriver, le motoriste compte faire appel à un large éventail de solutions énergétiques, comme l’a expliqué Marc-André Caza. On parle de diesel avancé et d’essence durable, de gaz naturel, d’hydrogène, de piles à combustible, de batteries et de systèmes hybrides.

M. Caza a présenté la plateforme agnostique de Cummins qui regroupe des moteurs à combustion interne pouvant être alimentés au diesel, au gaz naturel et à l’hydrogène et qui font appel à plusieurs composants communs.

Les opportunités de l’électrification

Contrairement aux piles à combustible hydrogène, l’utilisation de batteries en tant que source de carburant électrique est plus courante. Il n’empêche qu’elle en est à ses débuts et qu’il reste beaucoup de choses à améliorer.

Le panel d’experts pour l’électrification (Photo : David Simard-Jean)

Pour le moment, l’électrification du camionnage se fait par de petites initiatives de la part des entreprises. «Ceux qui réussissent le plus souvent, ce sont les gens qui ont décidé d’acheter un ou plusieurs camions électriques pour débuter, de les faire rouler pendant un certain temps pour en tirer des leçons et ensuite d’aller vers une électrification complète de la flotte. C’est sans aucun doute la meilleure façon de faire», indique Romain Gayet.

Il reste de nombreux enjeux, comme la gestion de la recharge, l’autonomie des véhicules, leur disponibilité ou bien la formation du personnel. «Notre message aujourd’hui, ce n’est pas de dire que les camions électriques sont la seule et unique solution pour tout le monde, mais ceux pour qui ça marche, ça marche», souligne Philippe Louissseize de l’IVI.

Propulsion Québec offre des séances de consultation gratuites pour les responsables d’entreprise. De plus, avec des partenaires comme l’IVI ou l’ACQ, l’organisme a mis en place un comité pour les exploitants de flotte et les transporteurs afin de discuter d’opportunités en matière d’électrification dans le transport lourd au Québec, par exemple analyser les meilleurs emplacements de bornes de recharge.

L’IVI a aussi parlé de son projet Flotte rechargeable – Camions lourds, dans le cadre duquel des entreprises pourront avoir accès à un camion électrique et à l’infrastructure de recharge pour électrifier leur flotte. La phase 3 se fera avec un Peterbilt 579 qui roulera chez Cascades Transport.

La filiale d’Hydro-Québec, Cléo, a présenté une conférence en partenariat avec Location Brossard. Sylvain Cabatenos de Cléo et Jean-François Brossard de Location Brossard ont tous les deux discuté de leur collaboration avec Globocam pour l’acquisition de dix véhicules électriques par Location Brossard.

Les subventions pour l’électrification

Trois conférences ont abordé les différents programmes de subventions pour l’électrification à batterie et à l’hydrogène.

Alain Lemieux, du ministère des Transports et de la Mobilité durable, est venu parler du programme Écocammionage, offert par le Gouvernement du Québec, qui aide les entreprises dans l’acquisition de technologie en lien avec le carburant renouvelable.

Catherine Labelle, gestionnaire de programmes de paiement de transfert pour Transports Canada, a pour sa part partagé les détails du programme fédéral d’incitatifs pour les véhicules moyens et lourds zéro émission (iVMLZE).

Il a aussi été question du Programme compétences véhicules électriques – Véhicules lourds (PCVÉ-VL), qui finance les mécaniciens de véhicules lourds dans leur formation pour l’entretien de camions électriques. Il a été présenté par le chargé de projet technique du programme Bruno Sauriol.

-Cet texte a été mis à jour depuis sa publication initiale.

Donnez votre avis

Vos données ne seront ni publiées, ni partagées.

*