Camo-route présente son analyse du métier de mécanicien de véhicules lourds routiers

L’industrie du transport routier, qui peine à recruter des chauffeurs depuis plusieurs années, fait maintenant face à une pénurie de main-d’œuvre quasi généralisée. Ce manque à combler concerne autant les répartiteurs que les commis aux pièces et les mécaniciens de véhicules lourds routiers (VLR).      

C’est à cette dernière catégorie d’emplois qu’était consacrée la plus récente analyse de métier réalisée par Camo-Route, en collaboration avec le Comité sectoriel de main-d’œuvre des services automobiles (CSMO-Auto), et dont les faits saillants ont été présentés le 8 juin dernier.

Cinquante-sept entreprises ont participé à un sondage qui s’est échelonné sur presque un an, soit de juin 2020 à mai 2021. Il est à noter que les flottes gouvernementales étaient exclues de l’étude puisqu’elles ne sont pas couvertes par les comités sectoriels de main-d’œuvre.

«Après la révolution électronique, l’électrification et l’intelligence artificielle vont venir.»

«L’impact des changements sur le métier de mécanicien de véhicules lourds routiers soulève un sentiment d’urgence d’adaptation des compétences actuelles et futures de ces travailleurs», a déclaré Line Côté, consultante, en début de présentation.  

L’un de ces changements se trouve du côté de l’évolution technologique, qui entraîne la complexification des systèmes mécaniques et la diversification des types de véhicules routiers.

«Après la révolution électronique, l’électrification et l’intelligence artificielle vont venir», de poursuivre Mme Côté, ajoutant que cela va mener à une évolution du métier de mécanicien de VLR au cours des prochaines années. «Il n’y a pas encore énormément de besoins pour les véhicules hybrides électriques, mais il faut vraiment se préparer parce que ça s’en vient.»

La fabrication des véhicules lourds est donc de plus en plus complexe, toujours selon Mme Côté, et ceux-ci sont de plus en plus spécialisés.

Tendances et enjeux

Les quatre principaux faits saillants révélés par l’étude sont les suivants :

  • Le secteur du véhicule lourd routier fait face à une importante pénurie de mécaniciens et mécaniciennes de VLR.
  • Les principaux défis à relever sont l’attraction, le recrutement et la rétention de mécaniciens et mécaniciennes de VLR qualifiés.
  • Le vieillissement de la main-d’œuvre ralentit la croissance et le développement technologique du secteur du VLR.
  • La solution privilégiée par les entreprises pour combler les écarts de compétence passe indéniablement par la formation des mécaniciens et mécaniciennes de VLR.     

En ce qui concerne la formation, Line Côté a rappelé que les offres existantes comprennent les programmes de formation initiale (du ministère de l’Éducation), la formation par les fabricants, la formation par les concessionnaires et la formation continue en entreprise.

73 pour cent des entreprises sondées ont dit avoir l’intention d’embaucher des mécaniciens ou des mécaniciennes au cours de la prochaine année. (Photo: Steve Bouchard)

Selon l’étude réalisée par les deux comités sectoriels, les besoins de formation les plus importants portent sur les tâches d’entretien de base (santé et sécurité, inspections gouvernementales obligatoires, entretien périodique, etc.).

Environ 50 pour cent des ateliers – tous secteurs confondus – ont des besoins de formation en matière de systèmes pneumatiques et hydrauliques, de moteurs, de systèmes électriques et électroniques ainsi que de transmissions.

«On se retrouve avec un bassin de main-d’œuvre non qualifiée alors que le métier se complexifie.»

En outre, pour faire face à la croissance des véhicules hybrides et électriques, les entreprises auront des besoins de formation grandissants en lien avec les systèmes de motorisation, les systèmes de conversion de tension, les accumulateurs, les systèmes de recharge et les systèmes de gestion thermique, entre autres choses. 

Le métier de mécanicien de VLR exige donc d’acquérir de plus en plus de compétences techniques liées à des technologies de pointe, mais la formation initiale suit difficilement l’évolution du secteur.

«On se retrouve avec un bassin de main-d’œuvre non qualifiée alors que le métier se complexifie», déplore Mme Côté, ajoutant que les entreprises du secteur ne disposent pas suffisamment d’outils pour encadrer efficacement le développement de cette main d’œuvre. «Plusieurs entreprises font faire les réparations post-garantie par les concessionnaires car elles n’ont pas les compétences nécessaires.» D’ailleurs, certaines formations obligatoires sont offertes aux concessionnaires par les fabricants.  

Parmi les 57 entreprises ayant participé à l’enquête, 73 pour cent ont déclaré avoir l’intention d’embaucher des mécaniciens ou des mécaniciennes au cours de la prochaine année.

Répondant à une question d’un participant, la présentatrice a rappelé que, de manière générale, la rémunération des mécaniciens de VLR est plus élevée que celle des mécaniciens automobiles.

Pistes d’action

Quatre recommandations émergent de cette analyse de métier, à partir desquelles un plan d’action sera mis en œuvre.

  1. Développer une stratégie de valorisation, de reconnaissance et de promotion avec les partenaires du marché du travail et du milieu de l’éducation.
  2. Solliciter le ministère de l’Éducation (MEES) afin d’entreprendre une révision du programme de formation initiale Mécanique de véhicules lourds routiers.
  3. Élaborer une stratégie de soutien et d’accompagnement du milieu de travail dans lequel œuvrent les mécaniciens et mécaniciennes de VLR.
  4. Instaurer une veille technologique visant à suivre l’évolution touchant l’industrie des véhicules lourds routiers.

Sondage

En fin de présentation, les participants étaient invités à répondre à un bref sondage concernant chacune de ces recommandations.

Afin de développer une stratégie de valorisation, de reconnaissance et de promotion, la majorité des répondant croient que la création d’une synergie entre les partenaires du marché du travail et du milieu de l’éducation constitue la meilleure solution.

Au sujet de la révision du programme de formation initiale Mécanique de véhicules lourds routiers, il a été déterminé que le déploiement d’une approche innovante de projets d’apprentissage accru en milieu de travail (ou de formation en alternance travail-études) devrait être considéré comme prioritaire.

Pour élaborer une stratégie de soutien et d’accompagnement du milieu de travail dans lequel œuvrent les mécaniciens et mécaniciennes, la majorité des participants pensent qu’il serait préférable de faciliter la structuration, l’accompagnement et la mise en place de pratiques de formation continue performante en entreprise.

Enfin, toujours selon la majorité des répondants, le développement de partenariats avec les intervenants clés des secteurs de l’automobile et du transport routier susceptibles de détenir des informations stratégiques sur l’évolution technologique de l’industrie des VLR serait la piste d’action à prioriser pour instaurer une veille technologique visant à suivre l’évolution de l’industrie.

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