Celle qui va: Shelley Uvanile-Hesch

Shelley Uvanile-Hesch veut combler l’écart entre les sexes dans le camionnage

Shelley Uvanile-Hesch est une femme en mission. Depuis la cabine de son Western Star 5700XE, elle travaille sans relâche à promouvoir la place des femmes dans l’industrie du camionnage.

Mme Uvanile-Hesch est PDG de la Women’s Trucking Federation of Canada (WTFC), une organisation qu’elle a fondée il y a trois ans afin de donner une voix aux femmes de l’industrie, tout en élargissant leurs horizons de carrière par l’éducation, la formation et le mentorat. La fédération compte plus de 300 membres, dont des chauffeures et des travailleuses de bureau, ainsi que des membres des forces policières et de ministères des Transports. Près du quart des membres sont en fait des hommes, souligne fièrement Mme Uvanile-Hesch.

« Il y a beaucoup d’harmonie au sein du groupe. Tout le monde aide tout le monde, sans égard à la compagnie pour qui ils ou elles travaillent », dit-elle. « Quelques-uns des gars – ils sont si formidables, feraient n’importe quoi pour aider les dames. »

Il reste toujours un écart à combler entre la représentation des hommes et des femmes dans l’industrie du camionnage. Mme Uvanile-Hesch se concentre sur des enjeux majeurs, comme l’équité en matière de rémunération et d’opportunités de promotions, aussi bien que sur des aspects plus praticopratiques du quotidien tels que la sécurité personnelle et l’accès à des salles de bains.

Elle ne peut supporter les inégalités. Les femmes sont plus patientes et donc plus sécuritaires derrière le volant, ditelle. La présence de femmes en plus grand nombre est non seulement positive pour ces dernières, mais représente aussi une opportunité de contribuer à contrer de manière significative la pénurie de chauffeurs.

Le défi est de parvenir à changer les vieilles mentalités et de faire réaliser aux dirigeants d’entreprises que d’avoir des femmes à des postes de commande, d’employer des femmes est une solution, pas un problème. « Je suis chauffeure de camions, alors je suis déroutée par la logique de certains cadres supérieurs »,
dit-elle. « Ils semblent constamment vouloir donner une valeur à tout ce qui les entoure. Tout doit porter une étiquette de prix. Mais les gens sont des êtres humains. Aucune personne n’a plus de valeur qu’une autre. Tout le monde contribue à sa manière. Nous avons slogan qui dit : “Dans les bureaux, sous le capot ou derrière le volant, nous sommes tous et toutes les pièces d’un même puzzle”. »

Résoudre de tels enjeux représente une tâche titanesque, à laquelle Mme Uvanile-Hesch s’attelle chaque jour. Avec plus de 12 000 abonnés Facebook, sa routine – après avoir conduit le camion pendant le quart de nuit puisqu’elle travaille en équipe avec son mari – consiste à passer quelques heures à mettre en ligne des messages inspirants et quelques nouvelles avant d’aller dormir. En après-midi, elle est de retour au poste, vérifiant ses courriels et faisant le suivi des conversations animées, et polies, engendrées par ses interventions sur les réseaux sociaux. « Je fonctionne vraiment 24/7, tout comme l’industrie du camionnage », dit-elle. « C’est mon bébé. »

En plus d’alimenter les réseaux sociaux, Mme Uvanile-Hesch travaille à faire passer son message au-delà des frontières de l’industrie du camionnage. « Ma façon de penser sort souvent des sentiers battus », indique-t-elle. « Je m’intéresse à des métiers occupés par des femmes qui n’ont pas nécessairement de lien avec le camionnage parce que je crois que les femmes peuvent s’entraider les unes les autres, nous rendre plus fortes en tant que groupe. »

Les efforts qu’elle déploie lui valent de nombreux appuis. En plus de la croissance du nombre d’abonnés sur les médias sociaux et de l’augmentation du nombre de membres à la fédération, elle reçoit le soutien de corporations telles que Western Star, qui a commandité l’installation d’une pellicule aux couleurs de la WTFC sur son camion de la firme Sharp Transportations Systems. D’autre part, le groupe ontarien The Thompsons a récemment enregistré un vidéoclip musical dont le titre est « Behind the Wheel » (Derrière le volant). Cette pièce a été écrite tout spécialement pour la WTFC et lui est d’ailleurs dédiée.

Plusieurs membres de la WTFC ont été impliqués dans l’enregistrement du clip. Mme Uvanile-Hesch se rappelle le weekend passé à travailler sur ce projet en juin dernier. L’expérience s’est révélée aussi agréable qu’intense, dit-elle. « Nos femmes s’encouragent beaucoup entre elles. Elles veulent partager. Elles veulent aider les femmes à s’épanouir. »

Les expressions qui revenaient le plus souvent pour décrire l’expérience une fois qu’elle eut été terminée étaient « excitante, puissante et solidarité féminine », dit-elle, reflétant ainsi les objectifs de camaraderie et de communauté de la WTFC.

Ce que ces femmes ne veulent pas, toutefois, c’est être traitées différemment. Mme Uvanile-Hesch estime qu’il est important qu’elles soient traitées comme tout autre chauffeur, même si elles doivent parfois faire les choses autrement. Une femme pourrait charger une remorque plateforme d’une autre manière qu’un homme le ferait parce qu’elle est plus petite et a peut-être moins de force dans le haut du corps mais, en bout de ligne, est-ce que ça compte vraiment? « Nous faisons notre travail aussi bien, sinon mieux que nos collègues masculins », ditelle. « Alors acceptez la réalité de qui nous sommes. »

Au final, les hommes et les femmes veulent les mêmes choses – du stationnement sécuritaire, des commodités, être en santé sur la route, passer suffisamment de temps à la maison et obtenir une rémunération égale à travail égal. Lorsque des femmes demandent des salles de bains, des douches privées ou de petits accommodements dans leurs camions, elles ne demandent pas d’être « traitées comme des princesses ou placées sur un piédestal », dit Mme Uvanile-Hesch. Elles veulent simplement faire leur travail.

Elle est persuadée qu’il y a des progrès qui se font, mais il demeure sans aucun doute place à amélioration. Elle aimerait voir les entreprises de camionnage ramener l’esprit de camaraderie, la participation à des événements sociaux ou caritatifs, appuyer des rodéos et faire en sorte que cela soit inclusif pour tous ceux et celles qui conduisent des camions. « L’industrie du camionnage doit revenir à ses racines », dit-elle.

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