Chris Spear passe à l’offensive lors de son discours à l’ATA

Le président et chef de la direction de l’American Trucking Association (ATA), Chris Spear, est passé à l’offensive lors de son discours annuel sur l’état de l’industrie, réclamant des changements allant de l’âge minimum pour conduire aux nouveaux outils de dépistage des drogues, ainsi que des investissements massifs dans les infrastructures.

Il a même annoncé un nouveau programme intitulé Independent Contractor Ambassadors Program, pour répondre à «l’érosion concertée du modèle traditionnel des entrepreneurs indépendants».

Ces différents appels à l’action s’inscrivent dans le contexte d’une industrie en plein essor. Le tonnage des flottes publiques a augmenté de 8 % au pays depuis le début de l’année, et selon le guide American Trucking Trends, l’industrie a généré une activité économique de 700 milliards de dollars l’an dernier, en hausse de 3,5 % par rapport à 2016.

«Nous commandons beaucoup de nouveau matériel. Au rythme de fabrication actuel, il faudrait neuf mois aux fabricants de camions lourds d’Amérique du Nord pour constituer l’ensemble des unités de classe 8 dans les carnets de commande. Nous assistons présentement à la croissance la plus rapide de l’industrie du camionnage en 20 ans», a déclaré M. Spear.

À lui seul, le fret de l’ALENA a généré des recettes de 6,6 milliards de dollars US l’année dernière, et le nouvel accord États-Unis-Mexique-Canada régira près de 1 200 milliards d’échanges commerciaux. «Nous voulons augmenter ces chiffres et il est essentiel d’avoir un accord révisé offrant une croissance durable pour notre industrie», a-t-il déclaré. «Nous félicitons le président et son équipe de négociateurs d’avoir conclu un accord avec le Mexique – préservant les investissements américains dans les entreprises de camionnage mexicaines – et d’avoir déterminé les conditions d’un accord avec le Canada.»

Ce n’est pas la seule raison pour laquelle il applaudit le président américain Donald Trump. Il a expliqué que l’association avait été l’une des premières à appuyer les réformes de l’impôt fédéral qui sont maintenant une réalité.

«C’est votre argent. Vous l’avez gagné et il vous appartient, pas au gouvernement», de poursuivre M. Spear, soulignant que la réforme fiscale alimente maintenant une économie nationale dont le taux de chômage est inférieur à 4 %.

Néanmoins, l’association n’est guère disposée à ralentir ses efforts de lobbying.

«Nous avons des affaires en suspens à Washington. Nos adversaires continuent de semer les graines de la méfiance et autres demi-vérités, diffusant leurs propres récits sur notre industrie», a déclaré celui qui a été présenté comme le guerrier en chef de l’association.

Il a décrit le débat sur le Federal Aviation Administration Authorization Act (F4A) – obligeant les chauffeurs et les transporteurs à se conformer aux règles de l’État plutôt qu’à des règles fédérales uniformes – comme une «guerre de tranchée», et a rappelé que l’ATA s’est prononcée contre la California Meal Break & Rest Break Law qui dépasse les normes fédérales. «Le simple manque de places de stationnement disponibles a contraint nos chauffeurs à se garer dans des conditions non sécuritaires, se mettant eux-mêmes et le public automobile en danger», a-t-il déclaré.

Maintenant que les dispositifs de consignation électronique (ELD) sont en place, et que les infractions en lien avec les heures de service sont au plus bas, c’est le moment pour la Federal Motor Carrier Safety Administration des États-Unis de mettre à jour la réglementation sur les heures de service, a-t-il ajouté. «Les ELD mettent plus de données à la disposition de l’industrie que jamais auparavant, ce qui permet à l’ATA de recommander des améliorations sensées à cette réglementation, et de resserrer le contrôle sur le temps de détention.»

Dans le contexte de la marijuana légalisée, M. Spear a poursuivi l’appel de l’ATA visant à obtenir davantage d’outils de dépistage des drogues ainsi qu’un système d’échange des résultats.

«Nous avons vu neuf États et le Canada légaliser la marijuana à des fins récréatives, tout en luttant contre la propagation tragique de la consommation d’opioïdes. Cette réalité montre encore une fois nos valeurs et comment cette formidable industrie peut défendre une main-d’œuvre sûre et sans drogue», a-t-il déclaré. «L’ATA travaille avec les organismes de réglementation fédéraux pour enfin permettre le test capillaire comme moyen alternatif de dépistage pré-embauche.»

Il a également fait écho à de appels lancés au gouvernement fédéral pour autoriser les chauffeurs de camions âgés de 18 à 21 ans.

Quarante-huit États permettent déjà aux jeunes de 18 ans de conduire inter-États. L’ATA fait des pressions pour qu’ils puissent franchir les frontières des États s’ils répondent à des exigences strictes en ce qui a trait aux heures de service, à la formation, aux systèmes de sécurité et à la présence de chauffeurs accompagnateurs expérimentés.

«Malgré tout cela, certains des soi-disant groupes de sécurité s’opposent d’emblée à cette proposition», a-t-il déclaré. «Allons droit au but – où étaient ces mêmes groupes de sécurité lorsque 48 États ont adopté des lois autorisant un jeune de 18 ans à conduire un véhicule commercial inter-États? … Où se situent ces mêmes obstructionnistes par rapport à l’envoi d’un jeune homme de 18 ans combattre dans nos guerres?

«Nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre que les chauffeurs viennent nous voir», a-t-il ajouté. «Nous devons être autorisés à rivaliser pour le même talent que les autres industries, et leur apprendre à utiliser ce matériel de manière responsable et en toute sécurité.»

«La pénurie chronique de chauffeurs et de techniciens fait désormais partie de l’actualité nationale – alimentée par la confiance des consommateurs, un âge de retraite bien supérieur à la moyenne et des affirmations erronées selon lesquelles nos camions n’auront bientôt plus besoin de chauffeurs.»

L’ATA cherche également à rationaliser les pouvoirs des États, à ouvrir des perspectives de carrière dans le secteur du camionnage à un plus grand nombre d’anciens combattants, et à aider à canaliser les talents urbains dans l’industrie en mettant l’accent sur les minorités et les femmes.

Même les routes sur lesquelles ils circulent étaient au centre de leurs préoccupations.

L’ATA préconise de nouveaux investissements dans les infrastructures par l’intermédiaire du projet Build American Fund. Alors que les camions paient déjà la moitié du Highway Trust Fund, l’association souhaite que les entreprises de camionnage versent 340 milliards de dollars supplémentaires au cours de la prochaine décennie. «Le fonds Build America est de l’argent réel, pas un financement factice comme les partenariats public-privé (PPP) et le recyclage des actifs», a souligné M. Spear. «Notre proposition coûte moins d’un cent sur le dollar à administrer, consolide le Trust Fund presque à sec, et n’ajoute pas un sou au déficit de notre pays.»

Trois transporteurs et l’ATA ont même intenté un procès au Rhode Island, soutenant que ses péages pour les poids lourds étaient inconstitutionnels. «Des stratagèmes de péage pour camions sont maintenant envisagés dans plusieurs États, y compris le Connecticut et la Virginie, mon État d’origine», a-t-il déclaré. «Dans l’Indiana, le gouverneur a récemment annoncé une augmentation des péages de 35 % pour les camions empruntant une route à péage privée dans en Indiana. En retour, l’État obtient un prêt d’un milliard de dollars pour des projets non liés aux infrastructures, ce qui laisse l’industrie du camionnage seule pour tout rembourser.»

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