Commerce électronique : des outils de concurrence loyale pour les transporteurs

Dès ses premiers balbutiements, le commerce électronique a été décrit comme le nouvel Eldorado du transport par camion puisque les consommateurs allaient de moins en moins se déplacer eux-mêmes pour faire leurs achats, le volet transport étant confié à des professionnels de la livraison.

La réalité a été plus nuancée comme on peut le constater ces jours-ci. Certains transporteurs bien établis ont eu du mal à faire face à la nouvelle concurrence de commerçants en ligne qui se sont lancés dans la livraison. Le Groupe V.A. vit présentement de telles difficultés, comme l’indiquait le texte que nous publiions hier et que vous pouvez lire en cliquant ici.

Le titanesque détaillant en ligne Amazon a été particulièrement agressif dans sa démarche d’intégration verticale. La firme américaine a passé des commandes pour 20 000 fourgons de livraison électriques eSprinter, nombre de ces véhicules étant destinés à des livreurs indépendants lui permettant de court-circuiter la chaîne d’approvisionnement conventionnelle.

TVQ pour tout le monde

Le succès de plusieurs de ces détaillants en ligne s’étant autoproclamés transporteurs tenait en partie à un avantage concurrentiel dont ils bénéficiaient en matière de taxes à la consommation. En ne prélevant pas toutes les taxes sur la vente de leurs articles, ces commerçants bénéficiaient d’une marge de manœuvre indue leur permettant de baisser leurs tarifs de transport d’une manière pouvant être assimilée à de la concurrence déloyale.

Les choses sont en train de changer, cependant. Si le fédéral tarde à agir avec la TPS, au Québec les géants de l’économie numériques tels que Google, Amazon, Apple, Netflix ou Spotify sont désormais inscrits au fichier de la TVQ depuis le 1er janvier, soit un peu plus d’une semaine. « L’objectif de cette nouvelle mesure est d’assurer une meilleure équité fiscale entre les entreprises québécoises, qui devaient déjà percevoir la TVQ, et les entreprises situées à l’extérieur du Québec qui, elles, n’avaient pas l’obligation de le faire. La volonté de notre gouvernement est donc de favoriser une saine concurrence pour les entreprises de chez nous », a déclaré le ministre des Finances, M. Eric Girard dans un communiqué émis ce matin par Revenu Québec.

Battre les « .com » à leur propre jeu

Une autre façon pour les entreprises de camionnage d’empêcher les détaillants en ligne de s’emparer du marché de la livraison au dernier point de destination (ou last mile delivery) est d’investir elles-mêmes ce marché en faisant preuve de la même souplesse d’opération, notamment en adoptant des véhicules de plus petite taille permettant de faire des livraisons de petit volume à plus faible coût.

Encore une fois, l’actualité est riche en rebondissements puisque c’est très exactement ce qu’a fait aujourd’hui J.B. Hunt aux États-Unis en annonçant l’acquisition du concurrent Cory 1st Choice Home Delivery.

« Cet investissement stratégique nous permettra de rehausser encore davantage nos capacités de livraison jusqu’aux consommateurs et d’accroître notre expertise en matière de livraison de meubles », a déclaré John Roberts, PDG de J.B. Hunt dans la foulée de l’acquisition.

Ce qui revient à dire que J.B. Hunt a saisi l’opportunité de battre une « .com » à son propre jeu.

Les transporteurs du Québec peuvent très certainement en faire autant.

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