Congrès annuel de l’ACQ : la pénurie de main-d’œuvre fait réagir

La présentation Dossiers d’industrie, qui donnait le coup d’envoi du 68e congrès annuel de l’Association du camionnage du Québec (ACQ), s’est avérée un franc succès.

Il a notamment été question de l’éternelle pénurie de main-d’œuvre qui pèse sur l’industrie du camionnage et les secteurs connexes. Bernard Boulé, directeur général de Camo-route, a rappelé que le comité sectoriel de main-d’œuvre de l’industrie du transport routier au Québec faisait la promotion du DEP en transport par camion. Grâce à une formule appelée Alternance travail-études, qui combine l’apprentissage en classe et en entreprise, «les candidats deviennent des employés dès le premier jour», de dire M. Boulé.

«Il faut se distinguer des autres secteurs en manque de main-d’œuvre, particulièrement auprès des minorités», a-t-il ajouté. Pour attirer la nouvelle génération de travailleurs, M. Boulé recommande de mettre l’accent sur les camions en tant qu’outils technologiques, d’assurer un meilleur accueil et une meilleure intégration aux nouveaux employés, et de présenter l’industrie du transport routier comme un secteur prospère et en pleine croissance.

Mais selon plusieurs personnes dans l’assistance, il s’agit d’une industrie surréglementée, ce qui n’aide en rien l’attraction de la nouvelle génération. Il est vrai que les amendes auxquelles s’exposent les chauffeurs de camions sont nombreuses et sévères. Comme l’a souligné Pierre Aubin (L’Express du Midi/Les Transports Audec/Les Transports Delson) durant la période de questions, personne d’autre n’est aussi à risque que les chauffeurs de camions, et ce, peu importe le secteur d’activité. «Oublier de remplir une ligne dans le logbook, ça peut coûter très cher», a-t-il dit.

De plus, il n’est pas rare qu’un chauffeur soit appelé à commencer sa journée de travail aux petites heures du matin, ce qui est également susceptible de décourager les nouveaux venus.

Pascal Leclerc, directeur général de CMW Express, a profité de la période de questions pour suggérer aux transporteurs de changer leur mode opérationnel afin de permettre à plus de chauffeurs de rentrer à la maison le soir. «Alternez entre les horaires en proposant du local une semaine et du transport longue distance l’autre semaine», a-t-il suggéré.

M. Leclerc a également plaidé en faveur d’un assouplissement de la réglementation régissant les grands trains routiers, ce qui permettrait de réduire le nombre de chauffeurs dont l’industrie a besoin tout en atteignant plus rapidement les objectifs en matière d’émissions polluantes.

C’est justement Yanick Blouin, du Ministère des Transports du Québec (MTQ), qui a succédé à Bernard Boulé sur la scène. Il a fait une mise au point sur les essieux délestables, ajoutant que l’un des objectifs visés était l’harmonisation avec les autres administrations d’ici la fin de l’année. «Je ne peux rien confirmer pour l’instant, mais je crois que vous allez être contents», a-t-il déclaré.

En ce qui concerne les trains routiers, notamment la circulation en hiver, l’ajustement des charges et dimensions et l’intégration des technologies aérodynamiques, M. Blouin parle d’un nouveau règlement qui entrerait en vigueur dès novembre prochain.

Parmi les autres sujets abordés, il y avait bien sûr le programme Écocamionnage – toujours en vigueur jusqu’au 31 décembre 2020. Le principal intéressé assure que le MTQ travaille déjà sur un projet de renouvellement du programme.

Enfin, il a été question de la stratégie de développement des parcs routiers (relais routiers) du Ministère. Cette stratégie vise, entre autres choses, à moderniser les installations existantes et à remplacer certaines installations fermées. «On veut essayer d’avoir une halte routière à chaque 100 kilomètres», a déclaré M. Blouin, ajoutant qu’il s’agirait d’un mélange d’établissements publics et privés.

Soulignons également la présence de Cécile Bardon, du département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), qui a abordé le délicat sujet du stress post-traumatique à la suite d’un accident.

Mme Bardon et ses collaborateurs testent présentement un programme visant à réduire ces difficultés et à favoriser une récupération plus efficace des camionneurs après un accident grave. Ce projet pilote, qui s’appuie sur la prévention précoce, vise à développer des stratégies de soutien adaptées au milieu et aux besoins des employés accidentés.

Ils ont d’ailleurs besoin d’aide pour identifier et contacter les camionneurs impliqués afin de leur proposer de participer au projet pilote, de recevoir le programme et de participer à son évaluation. Vous pouvez contacter directement l’équipe de recherche avec les coordonnées d’un camionneur ayant vécu un accident grave de la route, dans les trois jours suivant l’accident, par courriel au : felx.sarah@courrier.uqam.ca.

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