COVID-19 :  Comment garder les cabines de camion propres

Combien de fois votre mère vous a-t-elle rappelé de vous laver les mains après être allé à la salle de bain et avant de vous asseoir à table? Si vous êtes comme beaucoup de gens, ces mots résonnent maintenant comme une sirène d’alerte lointaine. Pourtant, le lavage des mains n’est pas encore une habitude pour plusieurs personnes. Cela pourrait bientôt changer.

«Je suppose que j’ai changé certaines de mes habitudes. Je me tiens plus loin des gens, je me lave les mains plus souvent et je fais attention à ce que je touche et à la façon dont j’ouvre les portes», de dire le chauffeur Gary Ebelhar, qui voyageait de Vancouver à Los Angeles lorsqu’il a accordé une entrevue à notre collaborateur Jim Park la semaine dernière. «Mais je ne le fais pas tout le temps. Ce n’est pas encore devenu une habitude pour moi. Ce n’est pas la chose normale à laquelle moi ou quelqu’un d’autre est habitué.»

Non, ce n’est pas encore un comportement normal ou routinier. Pas plus que s’abstenir de se toucher le visage ou de se frotter les yeux quand on est fatigué. Pourtant, s’abstenir de tels contacts est un moyen recommandé pour réduire le risque d’infection par la COVID-19. Réduire est le mot clé ici. Il n’y a aucune garantie de prévention.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le virus se propage surtout de personne à personne lorsque les gens sont en contact étroit les uns avec les autres (dans un rayon d’environ deux mètres), principalement par les gouttelettes respiratoires produites lorsqu’une personne infectée tousse ou éternue. L’OMS affirme que ces gouttelettes peuvent se retrouver dans la bouche ou le nez des personnes qui se trouvent à proximité ou être éventuellement inhalées dans les poumons.

Les zones fréquemment touchées par les conducteurs pendant leur travail doivent être nettoyées et désinfectées lorsqu’un nouveau conducteur commence à travailler ou qu’un technicien fait l’entretien du camion.

Il serait également possible d’attraper la Covid-19 en touchant une surface ou un objet contaminé, puis en se touchant la bouche, le nez ou possiblement les yeux. Selon Santé Canada, il est possible d’attraper le virus à partir d’une surface, mais cette méthode de transmission n’est pas considérée comme le principal moyen de propagation du virus.

Les preuves actuelles suggèrent que le virus peut rester viable pendant des heures, voire des jours, sur différentes surfaces. Selon la source de l’information (il y a un certain désaccord à ce sujet), le virus peut survivre sur des surfaces poreuses comme le papier ou le carton pendant 24 heures, et sur des surfaces moins perméables comme le plastique, le verre ou l’acier pendant 48 à 72 heures. Mais ces chiffres n’ont pratiquement aucun sens puisqu’il n’y a aucun moyen de savoir quand, s’il y a lieu, une surface a été en contact avec le virus. Votre meilleure hypothèse est que le virus est présent, et donc, vous devez vous laver les mains dès que possible après avoir touché un objet sur lequel vous n’avez aucun contrôle, comme une poignée de porte, un clavier de guichet automatique ou un écran DEL dans un camion partagé.

En fait, presque toutes les surfaces à l’intérieur de la cabine, même les poignées de porte et les vitres, pourraient être une source de transmission. Même si Santé Canada souligne que le contact physique avec les surfaces n’est pas considéré comme la principale voie de transmission, cela ne fait pas mal d’être prudent et de se laver les mains fréquemment et soigneusement.

Comment garder la cabine propre

Ce conseil s’applique à tous les chauffeurs, mais particulièrement aux chauffeurs qui n’ont pas de camion assigné. Avant de commencer un quart de travail, essuyez toutes les surfaces que vous êtes susceptibles de toucher avec un produit de nettoyage approprié ou de l’eau chaude savonneuse. Cela peut prendre 10 minutes de plus au début du quart de travail, mais vous compenserez cela par l’absence de circulation sur les autoroutes ces jours-ci. Les surfaces comprennent le volant, le levier de vitesse ou la commande de changement de vitesse, tous les interrupteurs et toutes commandes du chauffeur ainsi que les poignées de porte (intérieures et extérieures) et les vitres. Et n’oubliez pas d’essuyer les surfaces dans le compartiment couchette. Si vous conduisez un camion assigné ou votre propre camion, prenez les mêmes précautions – mais vous n’aurez peut-être pas à être aussi vigoureux puisque vous êtes le seul occupant.

La literie devrait aussi être lavée régulièrement. Les autorités sanitaires recommandent d’utiliser de l’eau chaude et déconseillent de secouer le linge sale pour éviter de disperser le virus dans l’air. Lavez également le sac à linge ou jetez les sacs à ordures utilisés pour ranger le linge sale.

Les leviers et les sélecteurs de vitesse doivent être essuyés fréquemment. Les experts suggèrent de passer au moins une minute à frotter la surface.

En ce qui concerne les appareils électroniques comme les tablettes, les écrans tactiles et les claviers, éliminez toute contamination visible en suivant les instructions du fabricant. Envisagez d’utiliser des housses essuyables pour les appareils électroniques. Si aucune recommandation du fabricant n’est disponible, envisagez l’utilisation de lingettes ou de vaporisateurs à base d’alcool contenant au moins 70 % d’alcool pour désinfecter les écrans tactiles. Mais pour éviter les dommages, ne vaporisez pas de liquide directement sur les appareils et ne les plongez pas dans des solutions de nettoyage

Nettoyage pour les techniciens

Les autorités sanitaires affirment qu’on ne sait pas combien de temps l’air à l’intérieur d’une pièce (dans ce cas-ci, la cabine d’un camion) occupée par une personne atteinte de la Covid-19 reste potentiellement contaminé. Bien qu’il semble peu probable que l’environnement dans la cabine soit une source potentielle d’infection, il peut être conseillé de laisser les fenêtres ouvertes avant de conduire le camion ou d’en faire l’entretien. À tout le moins, les techniciens doivent porter des gants de protection ou essuyer soigneusement les surfaces qu’ils sont susceptibles de toucher lors de l’entretien du camion, en particulier les poignées de porte, le volant et le levier de vitesse. Et, bien entendu, ils doivent se laver soigneusement les mains une fois le travail terminé.

«Ils devraient être attentifs aux objets susceptibles d’être touchés souvent dans l’atelier, comme les téléphones, les écrans tactiles, les claviers, etc.», indique Joe Puff, vice-président de la technologie et de la maintenance des camions chez NationaLease. «C’est la même chose avec les camions – les poignées montoirs, les volants et les endroits que les chauffeurs touchent en permanence doivent être correctement nettoyés par précaution. Il suffit de peu, et ce petit effort en vaut la peine.»

Si vous devez faire réparer votre camion pendant que vous êtes sur la route, il se peut qu’on vous demande de rester avec le camion afin que le technicien n’ait pas à monter à l’intérieur.

Les solutions d’alcool ou d’eau de Javel sont les meilleures pour éliminer le virus au contact, mais une eau savonneuse chaude fonctionne presque aussi bien.

«Par mesure de précaution supplémentaire, les employés sont invités à ne pas entrer dans la cabine du camion à moins que les réparations/travaux à effectuer ne soient réellement dans la cabine», de dire Homer Hogg, directeur du service technique pour l’entreprise TravelCenters of America. «Nous demandons aux chauffeurs de rester dans la cabine pour effectuer des tâches telles que démarrer le moteur, allumer les feux, activer les clignotants et les essuie-glaces, appliquer les freins, etc.»

Pour les réparations ou les inspections qui nécessitent qu’un technicien entre dans la cabine, M. Hogg explique que les techniciens ont reçu l’ordre de porter des gants jetables. «Nous avons également demandé à nos techniciens de se laver les mains fréquemment et correctement, et de rester à la maison s’ils se sentent mal.»

Produits de nettoyage recommandés

Les produits de nettoyage éliminent les germes, la saleté et les impuretés des surfaces grâce à du savon (ou du détergent) et de l’eau. Le nettoyage ne tue pas nécessairement les germes mais, en les éliminant, on réduit leur nombre et le risque de propagation de l’infection. Les produits désinfectants tuent les germes sur les surfaces à l’aide de produits chimiques.

Santé Canada a publié une liste de désinfectants pour surfaces dures qui répond à ses critères d’utilisation contre le SRAS-CoV-2, le nouveau coronavirus qui cause la COVID-19. L’agence suggère de comparer le numéro d’identification d’un médicament (DIN) à huit chiffres figurant sur l’emballage (généralement en caractères quasi microscopiques) avec le numéro figurant sur la liste de produits pour s’assurer que le produit est efficace contre le virus, et qu’il est approuvé et sûr pour une utilisation au Canada.

La longue liste comprend des dizaines de produits de nettoyage commerciaux et industriels ainsi que des produits ménagers. Il s’agit de désinfectants, par opposition à de simples produits de nettoyage. En tant que désinfectants, ils ont une certaine capacité de tuer les virus, alors que les produits de nettoyage courants peuvent simplement transférer le virus de la surface au chiffon ou à la lingette. Dans les deux cas, les lingettes et les chiffons doivent être jetés ou lavés de manière appropriée après utilisation.

De nombreux produits recommandés contiennent de l’hypochlorite de sodium, qui est le principal ingrédient de l’eau de Javel. Si les produits figurant sur la liste de Santé Canada ne sont pas facilement disponibles, un mélange de cinq cuillères à soupe (un tiers de tasse) d’eau de Javel par gallon d’eau, ou quatre cuillères à café d’eau de Javel par pinte d’eau, constituent un substitut efficace. Le résultat ne sentira peut-être pas aussi bon que certains produits achetés en magasin, mais le mélange fera l’affaire. Et il ne faut jamais mélanger l’eau de Javel avec de l’ammoniaque ou tout autre produit nettoyant.

Les produits de consommation sont généralement prêts à l’emploi, mais certains produits commerciaux doivent être dilués selon les instructions du fabricant. Si vous utilisez de tels nettoyants, assurez-vous que la ventilation est adéquate pendant et après l’application.

Alors qu’il est difficile de trouver des produits de nettoyage efficaces, le désinfectant pour les mains est encore plus rare, à moins que vous ne soyez prêt à payer 17 $ pour une bouteille sur eBay. Les principales organisations de la santé affirment que les produits à base d’alcool, présentant des concentrations d’au moins 60 – 70 %, sont aussi efficaces que le lavage des mains à l’eau et au savon. Mais ne vous laissez pas tromper par l’illusion que vous faites la bonne chose si vous utilisez un produit dont la concentration d’alcool est moindre. Les autorités sanitaires précisent que ce n’est pas aussi efficace. La concentration est importante.

Il existe de nombreuses recettes sur internet pour fabriquer votre propre désinfectant à base d’alcool, mais la plupart des experts vous le déconseillent. Ils affirment que le produit pourrait s’avérer trop dilué, auquel cas il ne serait pas vraiment efficace. Il se pourrait aussi qu’il soit trop fort, ce qui pourrait entraîner des blessures.

Espaces publics

Supposons que les surfaces publiques puissent être contaminées. Vous devriez nettoyer les surfaces que vous pouvez, mais cela n’est évidemment pas possible dans de nombreuses situations. De plus, limitez le temps que vous passez dans des espaces fermés en compagnie d’autres personnes, et restez toujours à une distance d’au moins deux mètres les uns des autres.

«Les surfaces fréquemment touchées par les mains sont les plus susceptibles d’être contaminées», prévient Santé Canada. «Cela comprend notamment les poignées de porte, les rampes, les boutons d’ascenseur, les interrupteurs, les poignées d’armoire, les poignées de robinet, les tables, les comptoirs et les appareils électronique.»

En résumé, prenez des précautions et lavez-vous soigneusement les mains après avoir touché un objet dont vous n’êtes pas sûr, et ne touchez pas votre visage, ne mettez pas vos doigts ou quoi que ce soit d’autre près de votre bouche, votre nez ou vos yeux. Et si vous devez tousser ou éternuer, respectez l’étiquette en vous couvrant la bouche avec un mouchoir ou le bras, et bien sûr, en vous lavant les mains après coup, s’il y a lieu.

Restez en sécurité et aidez à aplatir la courbe.

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  • Bonjour ,

    Quelle est la mesure de protection pour les camionneurs routiers( camions lourds : Canada -U.S., qui voyages à deux , et qui ne peuvent être distants , vu la proximité des sièges.

    • Bonjour,
      Voici ce que dit, entre autres, le Guide des normes sanitaires COVID-19 de la CNESST.

      Distanciation physique

      Des adaptations doivent être apportées pour limiter le risque de transmission lorsque les
      principes de distanciation physique ne peuvent être respectés :
      • La pose de barrières physiques (cloison pleine transparente) entre différents postes de
      travail trop proches ou ne pouvant être espacés ;
      – éviter de partager des objets,
      – limiter les sorties et les déplacements au strict nécessaire ;
      • Les équipements de protection individuelle adaptés au risque sont fournis :
      – protection respiratoire,
      – lunettes de protection,
      – visière,
      – gants.