COVID-19: les héros de la route – Denis Tardif

Denis Tardif, camionneur depuis 40 ans, a commencé à travailler il y a deux ans pour Transport LDC, à Notre-Dame-du-Bon-Conseil. L’entreprise exploite quelque 35 camions et plus de 50 remorques, en plus de faire affaire avec une dizaine de voituriers-remorqueurs. Elle se spécialise en transport de charges partielles, complètes et hors norme à travers le Canada et les États-Unis.

Dernièrement M. Tardif était à Houston, au Texas, transportant un chargement de structures d’acier et de treillis métallique. Ses voyages durent entre trois jours et deux semaines, parfois même un mois. Ces jours-ci, Denis et ses collègues travaillent sans relâche. «J’ai fait 6 000 kilomètres cette semaine et 4 200 kilomètres la semaine passée», précise-t-il, ajoutant qu’il s’attend tout de même à un ralentissement d’ici quelques semaines.

Selon lui, plusieurs des articles qu’il transporte aujourd’hui ont été commandés il y a près d’un mois, alors que les magasins étaient encore ouverts. La plupart de ces magasins sont aujourd’hui fermés et les propriétaires s’arrangent pour récupérer la marchandise livrée comme ils le peuvent.

Ce n’est un secret pour personne, les États-Unis n’ont pas réagi à la menace assez rapidement. Mais certains États prennent aujourd’hui la situation très au sérieux, notamment le Texas et la Floride. «Ça prend absolument un masque et des gants au Texas, sinon on risque d’avoir une amende», poursuit Denis Tardif. «La Floride est barrée, sauf pour les permis de conduire floridiens et les camions commerciaux. Il y a beaucoup de contrôles. Mais quand je portais des gants aux États-Unis il y a trois semaines, on me regardait comme un extra-terrestre.»

«Beaucoup de gens aux États-Unis ne sont pas encore conscients de la gravité de la situation», explique-t-il. «Il n’y a pas de Plexiglas dans les commerces et les caissières ne portent pas de gants. Je commence à entendre des camionneurs dire qu’ils craignent pour leur santé et qu’ils ne veulent plus aller aux États-Unis.»

Depuis quelques semaines, Transport LDC fournit à ses employés du désinfectant pour les mains, des gants et même des masques lorsque cela est possible. «Moi, je suis préventif et gréyé», de dire Denis Tardif avec une pointe de fierté. «Je lave ma carte de guichet quatre ou cinq fois par jour, je lave mon passeport après l’avoir repris et je lave même les clés du camion.»

Pour lui et ses collègues, la routine a bien changé. Il y a de moins en moins d’autos sur la route, ce qui permet aux camionneurs de parcourir une plus grande distance quotidienne en fonction du temps alloué. Selon eux, la différence est particulièrement flagrante à New York.

D’un point de vue économique, Denis considère que les choses ne vont pas trop mal, du moins pour l’instant. Mais il ajoute que la situation risque de se détériorer au cours des prochaines semaines. «À la fin du mois, ça va faire mal», croit-il. «Pour beaucoup de monde, 2 000 $ ça ne sera pas assez.»

* Quelques instants avant de publier ce texte, Denis Tardif nous a contactés pour nous dire qu’il est au chômage depuis ce matin.

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