COVID-19: les héros de la route – Serge Lapierre
Serge Lapierre transporte des produits pharmaceutiques aux États-Unis pour la compagnie ontarienne Sharp Transportation. Nous lui avons parlé en début de semaine alors qu’il roulait en direction de Cambridge avant de partir pour le Tennessee et l’Oklahoma. Il se rendra ensuite au Texas pour y prendre sa pause obligatoire de 36 heures et récupérer un chargement de retour. Il sera parti près de deux semaines.
«J’ai tout ce qu’il faut dans mon camion, sauf une douche et une toilette», dit-il, précisant qu’il a suffisamment de nourriture pour manger convenablement durant la totalité de son voyage. «Même si tout ferme, je ne suis pas mal pris!»

Son fils ambulancier lui a même donné quelques trucs pour se protéger du virus lorsqu’il est sur la route. Par exemple, porter des gants pour manipuler son passeport et les bordereaux d’expédition. «C’est sûr que le douanier porte des gants, mais on ne sait pas ce qu’il a touché avant de prendre votre passeport, alors on devrait toujours porter des gants quand on le reprend», prévient M. Lapierre, ajoutant que son fils lui a montré la bonne façon d’enlever des gants. «Ensuite, les documents s’en vont en quarantaine pour 72 heures dans le coffre à gants.»
Il souligne aussi l’importance de rester concentré à ne pas se toucher le visage, autant que possible, alors que les gens se touchent le visage en moyenne une fois par minute. Enfin, il suggère de limiter les transactions en argent comptant et d’utiliser son propre crayon quand vient le temps de signer des documents.
«Si on se protège comme il faut, on est les personnes les moins dangereuses de la planète», a-t-il dit en parlant des camionneurs. «On ne voit jamais personne. Tout le social se fait avec le téléphone aujourd’hui. Avant c’était le CB mais plus personne ne l’utilise.»
L’un des principaux changements que M. Lapierre a constaté au cours des derniers jours, c’est l’attitude des automobilistes sur l’autoroute. Pour la première fois de sa longue carrière, il s’est fait klaxonner pour autre chose que des bêtises. «Quand je me suis retourné, j’ai pu lire thank you sur les lèvres de la madame et ça m’a fait vraiment plaisir», a-t-il dit. «Une autre chose qui a changé, c’est que j’ai l’impression de partir à la guerre quand je prépare ma valise!»
M. Lapierre garde donc le moral malgré la situation. Il croit cependant que les chargements non essentiels ne pourront bientôt plus transiter entre le Canada et les États-Unis, ce qui viendra perturber davantage la chaîne d’approvisionnement.
Donnez votre avis
Vos données ne seront ni publiées, ni partagées.