COVID-19: les héros de la route – Stéfanie Théberge
Stéfanie Théberge a troqué son autobus du RTC contre un camion lourd il y a trois ans. Détentrice d’un permis de classe 1 depuis 1997, elle est aujourd’hui routière et formatrice pour le Groupe Trans-West, qui se spécialise dans le transport de denrées alimentaires entre le Canada et les États-Unis. Elle reprendra la route samedi pour une destination qu’elle ne connaît pas encore.
Alors que les camionneurs ont de plus en plus de difficulté à s’alimenter sur la route, en raison des mesures prises pour freiner la pandémie de la COVID-19, Stéfanie peut notamment compter sur la Cuisine Trans-West, à Lachine, qui prépare des repas abordables et équilibrés pouvant être dégustés sur place ou emportés sur la route par les employés.
«Je porte des gants chez les clients, j’utilise mon propre crayon et j’ai toujours à portée de main mon Purell», dit-elle, à propos des précautions qu’elle doit prendre pour se protéger, malgré la nature solitaire de son métier. «Ce n’est pas fait pour tout le monde, la solitude. J’écoute beaucoup de livres audio, de balados et de musique pour m’accompagner sur la route. Mais des fois je n’écoute rien, ça fait du bien. Je fais place à mon imaginaire et je contemple les décors de mes fenêtres de bureau!»
Certains camionneurs ont l’habitude de voyager avec leur conjoint ou leur conjointe, mais les compagnies refusent tout accompagnement pour l’instant, et c’est pareil à la frontière. «Les plus chanceux, c’est ceux qui voyagent avec leurs animaux», dit Mme Théberge.
Elle insiste sur le fait que tous les camionneurs n’ont pas la chance de pouvoir travailler en ce moment. «Il va y avoir des conséquences économiques pour ceux qui ne travaillent pas, et on devrait penser à ça avant de donner des bonus à ceux qui travaillent», dit-elle, ajoutant qu’on est dans les débuts et que la situation risque d’être de plus en plus difficile. «Je n’ai pas de problème avec le fait que les compagnies donnent des bonus, mais plutôt avec le fait que certains essaient de profiter de la situation pour en demander ou avoir de meilleures conditions salariales – je trouve ça déplacé en ces temps de crise. Je pense aussi aux personnes âgées qui vont mourir seules, à cause du confinement. C’est vraiment malheureux.»
Dernièrement, Stéfanie reçoit beaucoup d’encouragements de la part de ses amis. «Ça m’aide à garder le cap», conclut-elle. «Mais encore une fois, tout le monde n’a pas cette chance.»
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