Des groupes d’affaires demandent à Ottawa d’intervenir alors que débute la grève de la Voie maritime du Saint-Laurent

Des groupes d’affaires ont demandé au gouvernement fédéral d’intervenir pour éviter un long conflit de travail à la Voie maritime du Saint-Laurent, craignant que la grève qui a commencé tôt dimanche n’ait un effet profond sur leurs membres.

La Voie maritime du Saint-Laurent a fermé ses portes après que des centaines de travailleurs ont débrayé peu après minuit en raison de l’échec des négociations contractuelles.

(Photo : Unifor)

Unifor, le syndicat représentant les quelque 360 grévistes, a déclaré la semaine dernière qu’il restait très éloigné de la direction sur la question clé des salaires. Quelques heures avant la grève, la Corporation de Gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent a indiqué que les négociations n’avaient pas beaucoup progressé et a fait valoir que les revendications salariales du syndicat pourraient entraîner une augmentation des péages.

La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) a indiqué que les retards dus à la grève pourraient entraîner des pertes de ventes et de revenus à un moment où les petites entreprises sont déjà confrontées à d’autres problèmes tels que l’inflation et les pénuries de main-d’œuvre.

«Nous espérons que le gouvernement fédéral ne restera pas sur la touche et qu’il n’attendra pas une autre grève de 13 jours comme celle du port de la Colombie-Britannique», a déclaré Jasmin Guénette, vice-président des affaires nationales à la FCEI.

«Nous espérons que le gouvernement fédéral interviendra et trouvera un moyen d’assurer la reprise des activités de la Voie maritime du Saint-Laurent le plus rapidement possible.»

La Fédération affirme que les petites entreprises ont été gravement touchées par la grève de juillet en Colombie-Britannique, au cours de laquelle des milliers de travailleurs portuaires provinciaux ont débrayé pendant 13 jours. Ce mouvement de grève a gelé des milliards de marchandises dans l’un des ports les plus actifs du pays.

La dernière chose dont l’économie a besoin aujourd’hui, c’est qu’une autre route commerciale très fréquentée soit bloquée, a affirmé la fédération.

Véronique Proulx, la PDG de Manufacturiers Exportateurs du Québec (MEQ), s’est aussi exprimée sur le sujet. «Ce conflit de travail va fortement affecter nos entreprises. Il s’agit d’une autre interruption au cœur de la chaine d’approvisionnement et c’est l’ensemble des manufacturiers du Québec qui est encore une fois pris en otage. La voie maritime est l’artère économique principale du Québec et de l’Est du Canada. Nous encourageons les parties impliquées à négocier une entente dans les plus brefs délais afin de mettre fin à cette situation.»

La Chambre de commerce du Canada a également appelé à une intervention fédérale dans le conflit. Elle note que la voie maritime soutient 66 000 emplois et est à l’origine d’une activité économique de 34 millions $ par jour, de sorte que tout arrêt de travail nuirait à l’économie.

«En particulier en cette période critique, les Canadiens ont besoin de stabilité dans leurs chaînes d’approvisionnement», a souligné l’organisation dans un communiqué. «Nous demandons instamment au gouvernement du Canada d’utiliser tous les outils dont il dispose pour résoudre cette grève immédiatement.»

Le ministre fédéral des transports, Pablo Rodriguez, et le ministre du travail, Seamus O’Regan, ont écrit sur la plateforme de médias sociaux X, anciennement connue sous le nom de Twitter, pour exhorter tout le monde à retourner à la table des négociations.

M. O’Regan a publié une deuxième fois sur la plateforme dimanche après-midi, disant que lui et M. Rodriguez avaient appelé la Corporation de Gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent et Unifor pour leur dire clairement qu’ils devaient «retourner à la table» pour conclure un accord et «remettre la voie maritime en marche.»

L’année dernière, des marchandises d’une valeur de 16,7 milliards $, dont près de la moitié sont des céréales et des minerais de fer, ont emprunté la Voie maritime du Saint-Laurent, un système d’écluses, de canaux et de chenaux qui s’étend sur plus de 300 kilomètres.

On s’attend à ce que la grève affecte immédiatement les expéditions de marchandises le long de l’artère qui relie Montréal au lac Érié. La société attendait une réponse à la demande qu’elle avait adressée au Conseil canadien des relations industrielles en vue d’obtenir une ordonnance confirmant l’application du Code canadien du travail en ce qui concerne le transport des céréales pendant une grève.

Les pourparlers ont débuté en juin avec l’aide d’un médiateur fédéral et se sont poursuivis après qu’Unifor a adressé un préavis de grève de 72 heures à l’employeur mercredi. Une fermeture du système a eu lieu pendant cette période, permettant aux navires de quitter la Voie maritime. Aucun navire n’attend actuellement de sortir du réseau, mais plus de 100 navires sont affectés par la situation, a indiqué l’autorité de la Voie maritime.

Unifor a déclaré qu’il n’était pas parvenu à conclure un accord avec l’employeur avant la date limite de la grève, malgré les négociations. Les employés vont de l’ingénieur à l’administrateur et sont répartis entre cinq sections locales.

Les travailleurs ont dressé des piquets de grève dimanche à St-Lambert, au sud de Montréal, et à St-Catharines, en Ontario.

Dimanche, les deux parties se sont accusées mutuellement de se retirer de la table des négociations.

Le syndicat a déclaré qu’il restait en désaccord sur la question des salaires, principal point d’importance des négociations. Le syndicat a annoncé, peu après le déclenchement de la grève, qu’il restait ouvert aux négociations.

Le directeur québécois d’Unifor, Daniel Cloutier, a souligné la persévérance du comité de négociation envers le dialogue constructif et a dit qu’il a «négocié de bonne foi jusqu’au dernier moment, mais nous ne pouvons pas permettre que les droits des travailleuses et travailleurs soient compromis. Nous restons ouverts à la discussion et espérons que l’employeur reconsidérera sa position pour le bien de tous.»

La Corporation de Gestion de la Voie Maritime du Saint-Laurent a déclaré que le syndicat a peu bougé sur ses revendications salariales, mais a ajouté que les enjeux sont élevés et qu’elle est déterminée à trouver une solution qui sert les intérêts de tous.

«Nous restons déterminés à poursuivre les discussions à la table des négociations et à parvenir à un accord de travail équitable», a lancé Jean Aubry-Morin, porte-parole de la société, dans un courrier électronique.

Donnez votre avis

Vos données ne seront ni publiées, ni partagées.

*