Éclairage de cabine pour contrer la fatigue au volant

L’entreprise québécoise Chronophotonix a élaboré un système d’éclairage de cabine permettant de réduire la sensation de fatigue au volant pour les chauffeurs qui conduisent de nuit.

L’appareil, baptisé Bluewake et vendu 750 $ au détail, a plus ou moins la taille d’un téléphone cellulaire qu’on installe sur le tableau de bord et émet une lumière bleutée qui agit sur le cerveau en le mettant en mode « journée » même en pleine nuit, afin de contrer les effets d’assoupissement. Des brevets pour cette technologie ont été obtenus du Canada, des États-Unis et de l’Australie.

Le concept est né des travaux de photobiologie – l’effet de la lumière sur le cerveau – du professeur Marc Hébert, de l’Université Laval à Québec. Il s’est associé à une équipe de collaborateurs, dont le président de Chronophotonix Jacques Dénommée, pour trouver des applications commerciales à ce système et le camionnage de nuit est rapidement apparu comme un important marché potentiel.

Rappelons que les problèmes de sommeil sont un facteur majeur de fatigue au volant et que selon la National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), aux États-Unis seulement cette fatigue a causé 72 000 collisions qui ont fait 44 000 blessés et 800 morts en 2013, la dernière année pour laquelle des données sont disponibles.

« Nous devons trouver moyen d’atténuer ce problème de fatigue », a commenté le professeur Hébert, soulignant qu’elle est la troisième cause d’accidents de la route, après la vitesse et l’alcool.

« Nous modulons de façon artificielle cette lumière bleutée à l’intention des chauffeurs de camions de manière à agir sur leur horloge biologique », explique M. Dénommée.

Environ 200 appareils sont présentement à l’essai chez six clients, dont Terminaux Montréal Gateway du port de Montréal qui gère du transport multimodal et la firme de camionnage Systèmes Danfreight de Joliette, qui a mis en place une politique de gestion de la fatigue à laquelle l’émetteur de lumière bleutée est intégré, précise Julie Catalano, directrice de la conformité chez Danfreight.

Dans la vidéo de candidature présentée par le transporteur aux prix santé et sécurité au travail de l’Association du camionnage du Québec (ACQ), on peut voir le témoignage de Julie Deneau, routière chez Danfreight, qui affirme : « C’est comme si on était en plein jour et ça diminue de beaucoup la fatigue. »

Julie Deneau, de Systèmes Danfreight, consulte un message de sécurité sur son ordinateur de bord.

En entrevue à Transport Routier, M. Dénommée tient à contrer la perception selon laquelle une sur-stimulation du cerveau des chauffeurs pourrait éventuellement leur faire accumuler une dette de sommeil nuisant à leur sécurité sur un cycle complet d’heures de conduite. « Au contraire, ils dorment mieux le jour », dit-il, contrairement aux difficultés à dormir pendant les périodes de repos causées par la consommation chronique de boissons énergisantes.

Nous avons demandé au président de Chronophotonix si l’émission de lumière en cabine ne risquait pas d’altérer la vision que le chauffeur a de la route loin devant lui. Ce dernier répond que la lumière bleutée n’est pas plus agressante que celle des multiples écrans se trouvant à bord des camions modernes. « On ne parle pas d’une lumière blanche, on parle d’une lumière bleue. Donc les puissances ne sont pas les mêmes », explique-t-il.

Mieux, affirme-t-il, cette luminosité apaisante aiderait à réduire l’éblouissement des chauffeurs qui croisent des véhicules équipées de puissants phares à DEL.

Il admet cependant que l’efficacité de la solution Bluewake peut varier d’une personne à l’autre. « L’être humain, ce n’est pas une machine », dit-il, ajoutant par ailleurs être optimiste face à l’impact que son entreprise peut avoir sur le bilan routier.

« On espère sauver des vies, c’est la raison pour laquelle on fait ça », conclut M. Dénommée.

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