Épuisement professionnel : Les chauffeurs tout juste derrière les travailleurs de la santé

Ils sont absolument essentiels au bon fonctionnement de la société. Ils manipulent ou transportent des produits qui peuvent tuer ou sauver des vies. Une erreur commise dans le cadre de leur travail peut être fatale pour eux et les autres. Tout cela engendre un stress énorme.

Ces affirmations s’appliquent tout aussi bien aux travailleurs de la santé qu’aux chauffeurs de l’industrie du transport routier. Pas étonnant que les chauffeurs professionnels (transport de marchandises et de personnes) arrivent au deuxième rang de la prévalence de l’épuisement professionnel, derrière les travailleurs de la santé.

Seuls 49% des chauffeurs du secteur du transport se sont dits fiers du travail qu’ils font. (Photo : iStock)

C’est ce que dévoile une étude menée par Recherche en santé mentale Canada auprès de plus de 5 500 travailleurs de différents secteurs d’activité au pays en décembre 2021. Alors que le taux moyen d’épuisement professionnel est de 35% pour l’ensemble des professions, il atteint 40% dans le secteur du transport, derrière le milieu de la santé qui occupe la première place à 53%. Le secteur de la finance, du droit et de l’assurance est à 39%, l’éducation et les soins aux enfants à 38% et les premiers répondants à 36%.

L’étude a pris en compte une multitude de facteurs en ce qui a trait à la façon dont les employés se sentent au travail, par exemple l’engagement, la reconnaissance, la charge de travail et la sécurité.

Mary Ann Baynton, directrice générale, Stratégies et collaboration, Stratégies en milieu de travail sur la santé mentale, a qualifié « d’alarmant » le nombre de travailleurs en épuisement professionnel.

« Ce n’est pas surprenant. Nous nous retrouvons encore une fois en période d’extrême incertitude, tandis que la pandémie nous fait vivre une nouvelle série de hauts et de bas. Les niveaux d’anxiété et d’épuisement atteignent de nouveaux sommets pour bon nombre d’entre nous », constate Mme Baynton.

L’étude fait également ressortir que peu de Canadiens estiment recevoir un niveau de soutien adéquat de leur employeur. Seulement un tiers des répondants ont indiqué que leur compagnie s’engage à offrir un environnement de travail à faible niveau de stress.

« Dans le contexte de pandémie, il est plus important que jamais pour les employeurs de considérer de nouvelles approches en matière de leadership pour venir en aide aux employés le plus à risque de souffrir d’épuisement professionnel. S’ils ne le font pas, les répercussions peuvent être considérables », estime Michael Cooper, vice-président, Recherche en santé mentale Canada.

Des ressources et outils gratuits pour les employeurs sont disponibles en cliquant ici.

Signes et symptômes

Bien que les signes et les symptômes puissent varier, l’épuisement professionnel est souvent caractérisé par la fatigue, le cynisme, la négativité et une efficience réduite au travail.

La situation est plus répandue chez les gens qui se fixent des attentes élevées, qui reçoivent des demandes déraisonnables ou qui sentent que leurs efforts ne sont pas appréciés. Bien qu’il ne constitue pas en soi une maladie mentale, l’épuisement professionnel (ou burnout) peut mener à l’affaiblissement et être durable. C’est pourquoi les professionnels du domaine privilégient des stratégies de prévention et d’atténuation.

Spécificités du transport

Transport Routier a obtenu copie de l’étude et nous y avons relevé certains passages qui concernent spécifiquement l’industrie du transport (encore une fois, les chercheurs ont mis l’accent sur la profession de chauffeur uniquement).

On peut par exemple y lire que « Le secteur du transport est le moins positif de tous les secteurs pour tous les paramètres de santé et de sécurité psychologiques. »

Le document souligne par ailleurs que les politiques visant à répondre aux préoccupations liées à la COVID-19 sont moins susceptibles d’avoir été mises en œuvre dans l’industrie du transport, ainsi que dans les petites organisations. Plus l’entreprise est grande, moins les travailleurs sont susceptibles d’avoir eu leur mot à dire à ce sujet, ajoutent les chercheurs.

En ce qui a trait au niveau d’engagement face à leur entreprise, seuls 49% des chauffeurs du secteur du transport se sont dits fiers du travail qu’ils font et 45% se disent voués au succès de leur organisation. Dans les deux cas, ces taux sont qualifiés de « considérablement plus bas que deux autres écarts-types ».

D’autre part, les chauffeurs sont seulement 35% à considérer que leur milieu de travail gère adéquatement les situations où les clients ont des comportements inappropriés à leur endroit.

Du côté positif, plus de la moitié (62%) des chauffeurs estiment que les gens de tous les milieux sont traités équitable dans leur environnement de travail et près de la moitié (47%) disent travailler dans des milieux où les gens se traitent mutuellement avec respect et considération.

La communication serait cependant à améliorer puisqu’à peine 58% des chauffeurs répondent positivement à la question « Au travail, je sais ce qu’on attend de moi ». Par ailleurs, seuls 35% des chauffeurs sondés disent être informés rapidement de changements importants qui surviennent en milieu de travail.

Le sentiment de sécurité au travail est également préoccupant, alors que 46% des chauffeurs disent disposer de l’équipement et des outils nécessaires pour accomplir leur travail de façon sécuritaire.

Enfin, 41% estiment que leur employeur offre une formation suffisante pour contribuer à leur sécurité physique au travail.

Vous pouvez consulter la version française de l’étude en cliquant ici.

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