Être déménageur au Québec le 1er juillet

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Le 1er juillet est le jour national du déménagement au Québec, un phénomène unique au pays. Nous avons plongé au coeur de l’action avec trois professionnels, histoire d’en savoir plus sur la logistique hors de l’ordinaire qui entoure cette journée chargée.

Andy Desormeaux, Jean-Philippe Ladouceur et Gheorjhe Comsulea sont tous les trois déménageurs pour l’entreprise Meldrum The Mover Inc. à Montréal..

Andy Desormeaux est le chauffeur du camion; il compte 32 ans d’expérience au volant, dont cinq ans dans le milieu du déménagement. Jean-Philippe Ladouceur possède 12 ans d’expérience dans la livraison de meubles et quatre ans chez Meldrum. Gheorjhe Comsulea cumule quant à lui cinq ans d’expérience dans le milieu.

Ils font non seulement du déménagement local à Montréal, mais aussi sur longues distances, livrant dans l’est du Canada et en Ontario.

J’ai suivi l’équipe lors du déménagement de locataires d’Hochelaga-Maisonneuve vers leur nouvelle habitation dans le Quartier des spectacles. J’ai pu les observer travailleurs pendant une journée très chaude, mais aussi en apprendre un peu plus sur leur métier.

De gauche à droite, Jean-Philippe Ladouceur, Andy Desormeaux et Gheorjhe Comsulea devant leur camion. (Photo : David Simard-Jean)

Ce qui motive Andy, Jean-Philippe et Gheorjhe à faire ce métier, c’est notamment la possibilité de faire de la route, mais aussi tout simplement de travailler. La journée du déménagement est donc un moment idéal pour eux. «On est excités de travailler durant la période du 1er juillet, car on est très occupés», lance Gheorjhe Comsulea.

Ils aiment aussi la proximité de leur travail. En effet, même si le travail est physiquement plus intense et moins payant que le camionnage longue distance, les trois travailleurs ont la chance de rester dans le coin où ils habitent, mis à part lorsqu’ils font du déménagement longue distance. C’est surtout le cas d’Andy Desormeaux le plus expérimenté, qui préfère travailler localement.

«Même après 14h de travail, je suis content parce que je sais que je reste dans ma ville et que je peux rentrer chez moi, contrairement à sur la route où je suis obligé de m’arrêter à un relais et de dormir dans la couchette», raconte-t-il.

Cependant, leur plus grande crainte, c’est de ne pas pouvoir toujours travailler. «Ce qui est le plus inquiétant dans un milieu comme celui-ci, c’est qu’il n’y a pas de garantie de toujours travailler», affirme Jean-Philippe Ladouceur. «Il n’y a pas longtemps de ça, il n’y avait pas beaucoup de déménagements, donc on travaillait moins. On est toujours inquiet de recevoir un message qui dit qu’on ne travaillera pas demain.»

Il y a aussi l’hiver, une saison moins propice pour déménager, donc plus tranquille pour les déménageurs.

Andy Desormeaux et Gheorjhe Comsulea transportent un fauteil vers leur camion (Photo : David Simard-Jean)

Fébrilité et défis

La période de juin à août est importante pour Meldrum, car elle représente 70% de son revenu. C’est important que tout le monde soit prêt pour le déménagement. Meldrum met en place toutes ses ressources pour cette journée. L’entreprise a pu compter sur 3 000 employés.

«On a beaucoup de gars qui sont excités pour cette saison car, pour eux, c’est le moment où ils travaillent le plus», souligne Josh Schwartz, vice-président et copropriétaire de Meldrum. «Nous sommes contents d’avoir des gens qui sont capables de travailler six à sept jours par semaine et de manière efficace.»

Un camion de déménagement de Meldrum (Photo : David Simard-Jean)

L’équipe fait souvent face à des défis lors de cette journée. Parmi ceux-ci, il y a la place de stationnement. Toute personne ayant déjà conduit à Montréal sait à quel point il peut être compliqué de stationner dans les rues de la ville, et les choses se compliquent encore plus avec un grand camion de déménagement.

L’équipe possède cependant un permis spécial lui permettant de  stationner n’importe où dans la ville. Mais si prendre une place dans une zone plus résidentielle reste assez simple, c’est plus difficile dans une rue étroite ou occupée du centre-ville. Ce fut notamment le cas lors de ma journée d’observation.

La concurrence pose aussi de gros défis lors de cette journée. Mais le problème n’est pas forcément la trop grande présence de compétiteurs pour la journée.

«Le secteur du déménagement connaît une si grande demande à la fin du mois de juin qu’il y a suffisamment de travail pour toutes les entreprises», explique Josh Schwartz. «Le but, c’est de trouver une entreprise fiable et compétente qui va convenir.»

Cependant, les choses se compliquent quand deux équipes compétitrices se font face. Jean-Philippe Ladouceur explique qu’il est possible que l’horaire de la compagnie puisse chevaucher celle d’une autre équipe, notamment quand le déménagement prend plus de temps que prévu. Il faut donc savoir s’arranger entre les deux équipes, ce qui peut être compliqué certaines fois.

Mais au fait: pourquoi les déménagements au Québec se déroulent souvent la même journée?

Il faut remonter à un accord conclu entre plusieurs propriétaires à l’époque du Bas-Canada. L’intendant François Bigot avait décrété que tous les baux devaient se terminer le 30 avril et qu’une permission était nécessaire pour quitter la campagne. La mesure visait à éviter un exode rural alors qu’on avait besoin d’agriculteurs.

Au départ, la date était donc fixée au 1er mai, mais elle a été changée dans les années 70 pour le 1er juillet. Contrairement à la croyance populaire, ce n’est pas un acte politique des indépendantistes contre la fête du Canada, mais plutôt une mesure pour éviter les complications des familles avec les transferts d’écoles, surtout en fin d’année scolaire.

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