Femmes et camionnage: les passionnées de TYT

Une publication Facebook de Groupe TYT, à Drummondville, a peut-être attiré votre attention récemment. On peut y lire : «Chez nous, chacun contribue au succès de notre équipe. On est bien fiers de pouvoir compter sur des femmes aussi passionnées par leur métier. Roxane, Audrey et Laurie, ne sont que trois exemples qui nous ont choisis pour faire une différence.»

Les trois sont conductrices poids lourd chez TYT.

De la garderie au 18-roues

Laurie a 25 ans et elle habite à Lévis. Ancienne éducatrice en garderie, elle avait besoin de relever de nouveaux défis. Elle ne vient pas d’une famille de camionneurs, mais elle a toujours aimé les voitures et les courses de démolition, et elle a ensuite découvert les tirs de camions. Derrière ses longs cils et ses ongles manucurés, c’est une «fille de moteurs».

(Photo: Laurie Claveau)

C’est l’enthousiasme que son frère camionneur démontrait qui l’a motivée en premier à s’intéresser au métier. «Mon frère conduisait des camions depuis trois ans et je le voyais arriver avec des étincelles dans les yeux. Ça avait l’air vraiment « trippant »», lance-t-elle.

Son père et sa belle-mère se sont ensuite inscrits au CFTC de Charlesbourg. Elle en a appris plus sur le programme de transport par camion par leur entremise. «J’ai commencé le cours et j’ai adoré. C’est le plus beau cours que j’ai fait», dit-elle. «Je n’avais jamais monté dans un camion. Je n’avais jamais reculé de remorque de ma vie, même pas une petite remorque de voiture. J’ai commencé à zéro.» Aujourd’hui, elle conduit un 18-roues équipé d’une transmission manuelle à 18 vitesses.

Elle avoue avoir été un peu réticente au début à l’idée de devenir conductrice de camion, car elle ne connaissait pas de femmes qui pratiquaient le métier. Les professeurs du CFTC l’ont rassurée en ce sens. «Ils prônaient beaucoup le respect envers les femmes», partage Laurie.

Laurie aime la diversité d’emplois qu’offre le camionnage. «Quand tu t’inscris au cours, tu as la possibilité d’aller chercher toutes les classes de permis. Tu peux choisir ton type de transport et ton horaire dans une certaine mesure. Tu es capable de trouver un emploi en fonction de ta vie personnelle. Je fais du local pour être proche de ma famille et être capable d’avoir une vie. Tu n’es pas obligé de conduire un 53 pieds; tu peux faire à peu près ce que tu veux.»

Ce qu’elle a le plus aimé, c’est la sensation de conduite au volant d’un camion.

Elle conduit maintenant depuis deux ans et demi.

Après avoir touché au transport LTL, elle est passée au transport de conteneurs, un secteur qu’elle adore.

«J’ai un look un peu plus « poupoune »», convient-elle. «Au début, je me disais qu’on allait me critiquer, mais non! Quand j’arrive dans la cour des clients et les stationnements des relais routiers, je sens qu’on m’observe parfois. Mais je me dis : « regarde-moi bien, je suis capable de le reculer mon trailer« . Briser les stéréotypes, comme celui qui dit que les femmes ne savent  pas conduire ou reculer une remorque, défaire ces préjugés-là, c’est ce qui me plait le plus.»

«Les femmes, nous sommes minutieuses, patientes et je crois que nous donnons un très bon service à la clientèle», souligne Laurie, qui se dit très heureuse de son choix de carrière. «J’ai vraiment trouvé ma voie», résume-t-elle.

Un coup de foudre professionnel  

Roxane a 22 ans. Elle est conductrice de camion depuis 16 mois. Le Groupe TYT est son employeur depuis qu’elle a terminé sa formation au CFTC à Drummondville. Elle a en commun avec Laurie de ne pas avoir grandi dans une famille de camionneurs, d’aimer les voitures et la conduite, d’avoir fréquenté les derbies de démolition dans son enfance et de faire du transport de conteneurs.

«J’ai pété une bulle!», voilà comment elle explique son passage au camionnage. «Je travaillais chez un concessionnaire de véhicules récréatifs, mais ce n’était pas une carrière. Je ne savais pas trop ce que je voulais faire dans la vie. J’aime conduire, je me suis dit : « je vais aller faire mon cours de camionnage », et je suis tombée en amour.»

«Je ne prenais pas vraiment ce métier en considération, comme la majorité des gens qui ne savent pas ce que c’est être camionneur. Je ne me rendais pas compte de tout ce que ça pouvait être, conduire des camions. On a beaucoup de responsabilités, on doit composer avec les conditions météo et les autres usagers de la route.»

Au volant de son tracteur à cabine de ville, elle fait le trajet Drummondville-Montréal tous les jours. «En plein centre-ville de Montréal!»

La jeune femme avoue se faire occasionnellement regarder d’un drôle d’œil par des confrères et remarque que les automobilistes sont souvent impressionnés de voir une femme au volant d’un poids lourd. «Certains confrères sont surpris de voir une si jeune femme conduire un camion, d’autres sont fiers et trouvent ça cool. Un moment donné, tu ne portes plus attention à ça», dit celle que n’avait jamais vu le camionnage comme un milieu macho. «Je n’avais pas de préjugés, d’idées préconçues face au camionnage.»

Elle ne voit pas non plus le métier comme un obstacle à une éventuelle conciliation travail famille. «Plus ça va, plus c’est rendu flexible, être camionneur. Chez TYT, beaucoup ont des familles, mais il y a moyen de s’arranger», assure Roxane. «Mais ce n’est pas encore dans mes pensées d’avoir une famille», dit-elle en riant.

Roxane, Audrey et Laurie (Photo: Sonya Messier | Mayacom)

Roxane apprécie aussi la diversité qu’offre le camionnage. «Tu peux faire de la ville, du Montréal-Québec, du Maritimes-Ontario, du US. Il y a le conteneur, le flat bed, le dryx box, le spécialisé. Tu as le temps d’en essayer des choses avant de te tanner. C’est toujours nouveau quand tu conduis un camion : tu te lèves le matin et tu ne sais pas ce qui va arriver dans la journée.»

Elle apprécie la liberté que lui donne son travail. «J’ai un répartiteur qui me dit où je dois aller mais, quand je monte dans mon camion, je suis dans ma bulle, dans un monde à part. Et en tant que jeune femme, le camionnage me permet de me démarquer.»

Un retour aux sources

Audrey, 40 ans, a terminé son cours de conduite de camion en 2004. Elle a conduit jusqu’en 2009 avant de faire une pause parce que, monoparentale, elle devait s’occuper de sa fille.

«Je me suis toujours dit que lorsque ma fille volerait de ses propres ailes, je recommencerais.» Sa fille a maintenant 20 ans, et Audrey a repris le volant il y a un an et demi chez Groupe TYT. Elle fait du flat bed, beaucoup à Montréal, mais aussi à Victoriaville et à Québec. Son camion est équipé d’une transmission à 18 vitesses, et elle y tient. «Parfois, je tire des charges assez lourdes. C’est bon d’avoir des demi-vitesses», explique-t-elle.

Faire du flat bed, c’est un travail exigeant physiquement. «Ça prend de la persévérance», dit Audrey. «Si tu n’en as pas, tu tiendras pas le coup. Je me trouve des trucs, je ne suis pas le genre de personne qui va s’avouer vaincue avant d’avoir essayé.»

Elle constate que les femmes sont appréciées dans l’industrie du camionnage. «Certains clients nous disent que nous sommes plus minutieuses, que leurs cargaisons ne sont jamais brisées, que nous faisons attention sur la route.»

Ce qu’elle préfère dans le camionnage, c’est que chaque journée est différente. «Chaque jour apporte un nouveau défi et on doit trouver des solutions pour relever ces défis.»

Elle souhaite finir sa carrière dans l’industrie. «Tant que je serai capable physiquement, je ne veux pas arrêter. C’est mon dernier métier avant la retraite.»

Elle pourrait envisager de former de nouveaux chauffeurs plus tard, transmettre ses connaissances. «Le camionnage a cet avantage d’offrir différentes possibilités de carrière», termine-t-elle.

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.

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  • Je suis camionneur depuis plus de 40 ans. J’ai beaucoup moins de plaisirs a conduire ces dernières années. Les automobilistes et les autres camionneurs ne se respectent plus, les lois sont très sévères et les compagnies ne nous fournissent pas toujours de bon équipements pour travailler. Les routes sont en très mauvaises états par conséquent avec les années ont développe des problèmes de santé. Le reportage ne nous montre que les bons côtés du camionnage, cote familliale c’est très difficile.

  • Bravo pour ces reportage, je suis peut être un futur camionneur( commence mes cours en mai prochain),
    Et j’aime beaucoup entendre des histoires comme celle-ci, merci!