Grands Rendez-vous de l’ACQ : les perspectives économiques de l’après-COVID

Optimisme… à court terme.   

Dans le cadre des Grands Rendez-vous de l’ACQ, Pedro Antunes, économiste en chef du Conference Board du Canada (CBOC), a abordé les répercussions de la pandémie sur l’économie mondiale et sur le marché du travail.  

Globalement, le CBOC s’attend à une reprise vigoureuse grâce aux vaccins et aux mesures de relance.

Malgré un déclin de 3,5 % en 2020, attribuable à la pandémie et au confinement, l’économie mondiale serait en meilleure posture que ce que laissait croire la plupart des estimations antérieures.

Pedro Antunes (capture d’écran)

Cette situation s’explique, entre autres, par les mesures de stimulation budgétaire et monétaire à l’échelle mondiale – mais plus particulièrement dans les pays développés.

Selon le CBOC, une forte croissance est prévue cette année et jusqu’en 2022, bien que les risques associés au déploiement du vaccin et aux variants de la COVID-19 pourraient facilement faire dérailler la reprise.

En comparaison avec la crise financière mondiale de 2007-2008, les consommateurs affichent un bon bilan – la richesse étant soutenue par un rebond des marchés boursiers et des prix des maisons. M. Antunes affirme qu’en 2020, les ménages canadiens ont mis de côté au-delà de 200 milliards de dollars en raison de la fermeture de l’économie. «On va mettre de côté un autre 150 milliards de dollars en 2021, donc l’épargne continue d’être forte», a-t-il ajouté.   

Il est à souligner que, grâce aux subventions gouvernementales, le nombre d’entreprises en faillite a diminué pendant la pandémie, en comparaison avec les récessions précédentes.  

Une hausse de la production sera nécessaire pour palier la faiblesse des stocks, ce qui contribuerait assurément à la relance économique et entraînerait, par conséquent, une vague de dépenses.

«Une reprise économique vigoureuse? C’est sûr en 2021-2022, mais une fois qu’on revient à la normale, la croissance est restreinte par les problèmes de capacité», de dire M. Antunes, en lien avec les inquiétudes soulevées par la capacité productive et la situation fiscale du Québec et du Canada.    

Difficultés en perspective

Certains secteurs, notamment le transport aérien et les industries connexes, devront patienter encore avant d’observer un retour à la normale. En ce qui concerne les répercussions sur la main-d’œuvre, les pressions sur le marché du travail varieront d’une industrie et d’une profession à l’autre.

Malgré une très légère baisse du nombre de postes de conducteurs/conductrices de camions vacants au Québec, par rapport à la moyenne de 2019, l’économiste en chef du CBOC rappelle qu’une importante proportion des camionneurs/camionneuses actuellement en poste prendront leur retraite à court ou moyen terme.     

De plus, le télétravail va changer le portrait des grandes villes au Canada, ce qui inquiète particulièrement M. Antunes. «Le télétravail pourrait entraîner un changement structurel énorme, non seulement sur l’espace de bureau mais aussi sur les commerces qui desservent ces travailleurs», explique-t-il. «Les répercussions sur l’activité du centre-ville seront considérables.»

L’explosion des déficits

«On s’inquiète, bien sûr, des dettes au niveau des deux paliers du gouvernement», a-t-il déclaré en fin de présentation. «Ça va être une situation difficile après la pandémie. On ne parle que de cette reprise économique au fil des deux prochaines années mais, après ça, il va y avoir des restrictions fiscales. L’inflation est-elle un risque? Je vous dirais que oui.»

Il a évoqué un possible cercle vicieux alimenté par l’augmentation des salaires qui, à son tour, entraînerait une augmentation des prix. «On commence à voir des salaires augmenter de 7 % en réponse à la pénurie de main-d’œuvre, et c’est quelque chose d’inquiétant», poursuit-il. «Est-ce que c’est temporaire? Est-ce que ça va rester? Je pense que ça demeure un risque important.» 

Lors de la période de questions, Frédérik François, conseiller, Affaires économiques et fiscales à l’ACQ, a demandé à M. Antunes comment toutes les mesures fiscales, les dettes astronomiques et les déficits seront financés à moyen terme.

«Personne n’adresse la situation fiscale de façon convaincante, c’est le statu quo», a-t-il répondu. «Ça veut dire des déficits assez importants au niveau fédéral qui continuent à moyen terme, et une fois qu’on arrive à 2026, il y a certaines mesures qui entrent en place pour essayer de réduire le fardeau fiscal.»

Selon lui, il ne serait pas étonnant de voir une augmentation des taxes ou des impôts au pays – une situation qui serait exacerbée en cas d’augmentation des taux d’intérêt.

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