Grève au Port de Montréal: l’ACQ exhorte le fédéral à intervenir
Après les blocus ferroviaires et la pandémie de la COVID-19, une autre tuile s’abat sur l’industrie québécoise du camionnage en 2020, alors que le Syndicat des débardeurs du Port de Montréal a déposé un préavis de 72 heures indiquant qu’une grève générale illimitée pourrait être déclenchée le lundi 10 août à compter de 7h.
Les opérations au Port de Montréal ont été perturbées par de courtes grèves touchant les terminaux à conteneurs depuis deux semaines. La convention collective entre le Syndicat des débardeurs et l’Association des employeurs maritimes (AEM) est échue depuis le 31 décembre 2018. La question des horaires est au cœur des négociations.
La grève toucherait cette fois tous les terminaux, y compris celui de Contrecoeur, mais n’affecterait pas la manutention de vrac liquide, les services d’Oceanex (terminal Bickerdike) et le terminal à grains (Viterra).
La tension entre les deux parties a monté d’un cran cette semaine, alors que le syndicat a accusé l’AEM d’avoir fait appel à des briseurs de grève. L’AEM s’est défendue en disant avoir confié des tâches à des cadres, comme cela est permis par la loi.
L’AEM dit avoir déposé une contre-proposition de trêve, avec obligation de résultats, que le comité exécutif du syndicat aurait refusée. « L’option privilégiée par l’Association demeure la négociation afin d’en arriver rapidement à une entente et nous évaluons toutes nos options», a indiqué l’AEM par communiqué.
Pour l’industrie du camionnage, les répercussions seraient majeures, prévient Marc Cadieux, PDG de l’Association du camionnage du Québec (ACQ).

M. Cadieux a fait parvenir deux lettres, l’une en date du 4 août, adressée au premier ministre Justin Trudeau, et une autre datée du 5 août, destinée à la ministre du Travail, Filomena Tassi et à d’autres ministres concernés, demandant de prendre les mesures nécessaires afin d’aider les deux parties à trouver une solution à ce conflit de travail. Les mesures prises pourraient aller de la désignation d’un médiateur à l’adoption d’un projet de loi spéciale.
Pour certains transporteurs, les activités portuaires représentent plus de 70 pour de leurs opérations. Une grève générale illimitée se solderait inévitablement par des mises à pied.
«Depuis le début de l’année, notre industrie a été frappée de plein fouet. Des transporteurs se retrouvent actuellement dans une situation précaire. Plusieurs d’entre eux sont à bout de souffle», souligne Marc Cadieux. «Maintenant, des transporteurs vont, dès lundi, dire à des camionneurs qu’ils n’ont plus de travail pour eux?», s’interroge-t-il.
Des navires sont d’ores et déjà redirigés vers Halifax, New York, Saint-Jean au Nouveau-Brunswick et possiblement quelques-uns vers Québec.
Les activités au Port de Montréal touchent directement un bassin de 110 millions de personnes. Une fermeture ou un ralentissement des services aurait des impacts sur les populations du Québec, de l’Ontario et des provinces maritimes, souligne l’ACQ. «Il y a les emplois directs, mais aussi plusieurs emplois indirects, comme chez les expéditeurs qui manutentionnent ou redistribuent les conteneurs. Les effets collatéraux sont considérables», de dire Marc Cadieux. «C’est une situation majeure. Le gouvernement fédéral doit s’impliquer rapidement et de façon significative.»
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