Groupe PIT : la circulation en peloton prend la route pour une première canadienne

Le Groupe PIT, division de FPInnovations spécialisée en transport, Transports Canada, l’Université d’Auburn et Minimax Express Transportation se sont taillé une place dans l’histoire en entreprenant pour la première fois au Canada des essais de circulation en peloton de véhicules commerciaux sur des routes publiques.

Ces tests fructueux se sont déroulés entre le 29 octobre et le 2 novembre sur des autoroutes aux environs de Montréal, La Tuque, Trois-Rivières et Blainville, au Québec. Le peloton comprenait deux camions de transport. La circulation en peloton est une nouvelle technologie écoénergétique où les camions, en convoi, sont reliés par un système informatique qui maintient la distance souhaitée entre eux et contrôle l’accélération et le freinage, réagissant plus rapidement qu’un conducteur ne serait capable de le faire. Des chauffeurs étaient au volant des deux camions du convoi tout au long des essais. À l’avenir, seul le camion de tête, suivi de camions automatisés, nécessiterait un conducteur. Il faudra cependant plusieurs années avant que cette technologie devienne réalité.

«Le groupe PIT est un chef de file en matière de tests et d’intégration de nouvelles technologies et cet exemple en témoigne. Nous nous réjouissons des résultats préliminaires obtenus et nous sommes convaincus qu’ils mèneront à d’autres avancées dans ce domaine dans un futur proche», a déclaré Edouard Proust, ingénieur au sein du Groupe PIT.

La technologie conçue par le département de génie mécanique de l’Université d’Auburn, en Alabama, a déjà fait l’objet d’essais sur la voie publique aux États-Unis. Le système est prévu pour maintenir entre les camions constituant le peloton, une distance prédéfinie (typiquement une vingtaine de mètres) et configurable par le manufacturier. Ce mode de fonctionnement permet à une voiture de promenade de s’insérer entre eux de façon sécuritaire. Le peloton se séparait aux entrées et sorties d’autoroute. En tout, l’équipe a parcouru environ 1000 km sur autoroute intégrée dans la circulation normale de véhicules.

«Nous avons conduit les camions dans différentes conditions météorologiques dans le passé, mais c’est la première fois que nous conduisions sous la neige, la pluie et sur la glace à la fois», explique James Johnson, ingénieur de recherche à l’Université d’Auburn. «Le contrôle du freinage et de l’accélération par le système a bien fonctionné dans ces conditions difficiles, et nous sommes satisfaits de la performance des camions durant les tests.»

Pour assurer la sécurité des essais, des véhicules d’escorte précédaient et suivaient le peloton et des ingénieurs de l’Université d’Auburn accompagnaient les deux conducteurs, qui avaient reçu une formation préalable. L’équipe responsable des essais était aussi en communication radio constante avec les conducteurs.

La technologie utilisée combine des mesures prises par radar et des données GPS en complément d’autres informations telles que le statut des freins et de l’accélérateur, le tout partagé entre les deux camions grâce au protocole de communication radio à courte portée (DSRC), ce qui permet de maintenir la distance voulue entre les camions et des conditions d’utilisation sécuritaires.

«Le système de l’Université d’Auburn est très fiable et nous avons été en mesure de passer la majorité de notre temps sur la route avec le mode peloton activé», se réjouit Édouard Proust. «C’est un bel accomplissement. Il serait prématuré de tirer des conclusions sur les données recueillies mais le système a réagi adéquatement à l’insertion des véhicules et aux conditions routières.»

L’objectif de la circulation en peloton est double : réduire la traînée aérodynamique de tous les camions, ce qui génère d’importantes économies de carburant, et limiter les émissions d’échappement. Éventuellement, la technologie pourrait aussi mener à l’absence de conducteur dans les camions qui suivent le véhicule de tête. Ceci réduirait le nombre de conducteurs nécessaires pour les compagnies de transport, aux prises depuis des années avec une pénurie de chauffeurs qualifiés qui ne semble pas s’atténuer. «Nous existons depuis 28 ans et le problème du recrutement des conducteurs est plus que jamais une réalité», déplore Yves Poirier, président de Minimax. «Au courant des deux dernières années, nous avons dû refuser des opportunités d’affaires à cause de la pénurie de chauffeurs. Notre industrie a besoin de trouver une manière d’attirer de nouveaux travailleurs.»

La circulation en peloton de camions n’est pas encore légale au Canada, mais les essais sont autorisés dans certaines provinces comme le Québec. Quelques États américains, notamment la Géorgie et le Tennessee, ont déjà légalisé la technologie avec des conducteurs au volant. «À la suite des résultats de ces essais préliminaires, Transports Canada va faire circuler une proposition plus tard cette année pour développer des lignes directrices en matière de sécurité pour les essais de circulation en peloton», d’ajouter Jeff Patten, chef de la recherche et du développement pour les routes chez Transports Canada. 

Compte tenu du succès des premiers essais sur routes publiques, le Groupe PIT prévoit de poursuivre dans cette direction tout en travaillant avec le groupe des opérations forestières de FPInnovations pour effectuer des tests sur chemin forestier afin de contrer la pénurie chronique de main-d’oeuvre qui sévit aussi dans l’industrie forestière.

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