Ingénierie maison

LAVAL, Qué. – Alors que les employés de bureau de l’industrie du camionnage de partout en Amérique du Nord s’adaptent aux réalités du travail à domicile, il n’est pas surprenant que les ingénieurs aient fait appel à des moyens assez astucieux pour faire le travail.

Chez Nordresa, un développeur de groupes motopropulseurs électrifiés de Laval récemment acquis par Dana, un groupe soudé de 45 employés a commencé à travailler à domicile à la mi-mars. Après être passé d’une petite entreprise de quelques dizaines d’employés à plus de 35 000 dans le monde avec Dana, les déplacements professionnels abaient grimpé en flèche.

«Il y avait perpétuellement des gens Dana dans notre établissement, ou de nos employés dans un établissement Dana», de dire Marc Daigneault, cofondateur de Nordresa et chef de l’intégration des véhicules électroniques, Ingénierie. Les ingénieurs étaient dans une phase de développement de produits lorsque le confinement a frappé, visitant fréquemment les installations des clients et collaborant avec de nouveaux collègues aussi loin que le Mexique, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Le soudain confinement à domicile émise au Québec à la mi-mars a obligé les ingénieurs à s’adapter rapidement à une nouvelle réalité.

Les ingénieurs de Nordresa ont trouvé des moyens créatifs de faire avancer les projets en développement tout en travaillant à domicile. (Photo: Steve Bouchard)

«Au début, nous ne savions pas initialement si cela durerait une semaine, deux semaines», de dire M.  Daigneault en interview accordée avec Transport Routier. «Nous n’imaginions pas que ce serait 12 semaines, et nous avons dû être assez créatifs pour commencer à travailler ensemble à distance.»

Les ingénieurs sont habitués à collaborer en personne, à examiner les pièces en main et à organiser des séances de remue-méninges impromptues. Au lieu de cela, les ingénieurs de Nordresa ont commencé à utiliser Microsoft Teams pour tenir des réunions et partager des documents, tout en utilisant des caméras de téléphone portable pour échanger des images avec leurs pairs.

«Tous nos systèmes de données sont dans le nuage», souligne M.  Daigneault. «Nous avons accès à tous nos systèmes informatiques et à tous les logiciels dont nous avons besoin.»

Dans certains cas, les ingénieurs ont élevé l’expérience du travail à domicile à un tout autre niveau, construisant des laboratoires de fortune dans leurs salons. Un ingénieur du système de gestion des batteries de Nordresa a construit un système de matériel dans la boucle (hardware-in-the-loop) sur sa table basse, lequel était relié à Internet afin que les programmeurs du Michigan puissent y pousser des logiciels pour les tester.

Un autre a installé une station d’assemblage de faisceau sur sa table de cuisine et a fait appel à des collègues ingénieurs pour réviser des concepts à l’aide de sa caméra de téléphone intelligent.

En ce qui a trait aux répercussions sur le déploiement du projet, M. Daigneault a indiqué que certains délais à court terme ont été affectés lorsque le confinement a limité la disponibilité des pièces, mais étant donné que Nordresa travaillait sur des programmes pluriannuels, il n’y aura pas eu de perturbations majeures aux plans à plus long terme.

Il y a même eu des avantages. Marc Daigneault constate que l’entreprise est devenue mieux organisée et que la communication avait été renforcée.

L’entreprise sera plus indulgente à l’égard du travail à domicile à l’avenir, car les employés ont prouvé qu’ils étaient capables de le faire de manière productive.

«Le travail à domicile nous oblige à planifier plus de réunions», dit-il. «Nous avons des réunions quotidiennes. Chaque jour avec mon équipe, nous passons une demi-heure au téléphone à parler de nos objectifs pour la journée, de ce que nous essayons d’accomplir, des obstacles que nous rencontrons. C’est quelque chose que nous continuerons à faire après la Covid. C’est un excellent moyen de partager des informations.»

Marc Daigneault dit que l’entreprise sera plus indulgente à l’égard du travail à domicile à l’avenir, car les employés ont prouvé qu’ils étaient capables de le faire de manière productive. Et il y a des moments, a-t-il reconnu, où le bureau à aire ouverte n’est pas le meilleur environnement pour se concentrer. Une chose lui manque cependant : les activités sociales qui se développent en travaillant ensemble.

« Nous avons fait beaucoup d’activités sociales, comme le ski en hiver et le VTT en été », illustre-t-il.

Eaton adopte l’industrie 4.0

Dans la même veine, la société de gestion de l’énergie Eaton s’est adaptée aux nouvelles réalités des lieux de travail en mettant en œuvre un système appelé Industry 4.0. La société définit le concept comme «des technologies à la fois opérationnelles et informationnelles, permettant des systèmes de production autonomes connectés, optimisés, transparents, proactifs et agiles. Soutenues par un écosystème intégré, les technologies sont composées de réalité augmentée, de développement rapide d’applications, de robots autonomes, de simulation numérique et de fabrication additive »

Une ingénieure d’Eaton inspecte une turbine en méthacrylate d’uréthane imprimée en 3D. (Photo: Eaton)

« Je suis fier de notre équipe Vehicle Group et de son ingéniosité, en particulier pendant la pandémie de la COVID-19 », souligne Joao Faria, président d’Eaton Vehicle Group. «En tirant parti de la réalité augmentée, nous sommes en mesure de continuer à soutenir nos opérations à distance et de poursuivre le développement de nouveaux produits, garantissant que les délais de nos clients soient respectés malgré les défis mondiaux auxquels nous sommes tous confrontés.»

La société utilise les lunettes de réalité augmentée HoloLens 2 de Microsoft pour afficher et visualiser des images 3D, tout en étant connectée à distance.

Elle continue également de former des ingénieurs à l’utilisation de nouveaux équipements, ce qui était auparavant fait en personne, en faisant appel à la réalité augmentée.

Les robots sont utilisés pour optimiser le flux de fabrication et éliminer le besoin de chariots élévateurs et autres machines à fonctionnement humain, tandis que COBOTS – des robots conçus pour interagir avec les humains dans un espace partagé – gèrent en toute sécurité des tâches complexes et répétitives.

«Cela se traduit par une cohérence et une précision améliorées pendant le processus de fabrication», affirme Eaton.

Les applications de simulation numérique déterminent quelle solution produira le meilleur résultat, exécutant divers scénarios à partir de différents paramètres, tels que le nombre d’opérateurs, les temps de cycle, etc.

«Les applications sont utilisées pour définir de nouvelles cellules de fabrication et de nouvelles chaînes de montage ou pour repenser celles existantes», explique la société. «Dans la plupart des cas, le Vehicle Group voit sa productivité augmenter de 10 à 30% grâce à une production plus élevée ou à des investissements réduits.»

Eaton fait appel également à des outils d’impression 3D pour accélérer les processus, réduire les délais et les coûts d’achat et créer des produits plus hautement personnalisables.

«Les délais peuvent être réduits de quelques semaines à quelques jours, tout en diminuant les coûts de milliers à des centaines de dollars», affirme Eaton.

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.

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