La Loi 96 inquiète des travailleurs étrangers

Alors que l’immigration s’inscrit comme un moyen d’atténuer la pénurie de main-d’œuvre qui frappe fortement l’industrie, la Loi sur la langue officielle et commune du Québec (Loi 96) vient semer l’inquiétude chez les travailleurs étrangers. C’est ce que l’on a pu apprendre lors d’une conférence au 29e Congrès annuel de l’Association des mandataires en vérification mécanique du Québec (Asmavermeq) qui se termine aujourd’hui au Manoir Richelieu.

«Avec la nouvelle Loi 96, beaucoup de travailleurs anglophones pensent quitter pour d’autres provinces parce qu’ils ne sont pas capables d’apprendre le français», a souligné Mélanie Labonté, directrice des opérations chez Audet Immigration.

Des employeurs ont commencé à recevoir des démissions de travailleurs étrangers, y compris de conducteurs et de mécaniciens de véhicules lourds, qui craignent d’être renvoyés en raison des critères de la Loi 96 sur la maîtrise du français. Devant la tendance qui se dessine, les employeurs se tournent davantage vers les travailleurs immigrants qui parlent déjà le français.

«Les travailleurs écoutent les nouvelles comme tout le monde, et ils se demandent s’ils vont devoir quitter parce qu’ils ne parlent pas français», de dire Me Guillaume Audet, fondateur de la firme qui porte son nom. «Il y a cette crainte, surtout de la part des Philippins qui ne se francisent pas beaucoup malheureusement. Il faut souvent faire du damage control

Le damage control auquel Me Audet fait référence implique de rassurer la main-d’œuvre. «On leur explique de ne pas s’en aller en Ontario à cause de ces annonces politiques. On leur dit qu’ils peuvent continuer à travailler et qu’on va mettre encore plus d’efforts pour les franciser», explique Me Audet.

Et «la carotte au bout de la francisation», c’est la venue de la famille du travailleur au Québec et l’obtention de la résidence permanente. «Si les travailleurs étrangers ne vont pas à leurs cours de français, ils ne pourront pas devenir des citoyens canadiens et faire venir leur famille. C’est pour ça qu’on les pousse à se franciser.»

Me Guillaume Audet (Photo: Steve Bouchard)

Le gouvernement du Québec doit davantage faire la promotion des programmes de francisation, croit Me Audet. «Il faut davantage partager l’information, promouvoir les professeurs de langue qui sont disponibles dans chaque région»

Il n’y a pas de pénurie du coté des professeurs, semble-t-il. Souvent même, ces enseignants se rendront en entreprise. «Il y a des professeurs de français qui sont mobiles et qui vont enseigner à des petites classes chez les employeurs. Et tout cela est subventionné par l’état.»

Pour certains corps de métier, la main-d’œuvre étrangère est limitée à 10% des effectifs. La francisation devient donc encore plus importante : chaque employé qui est francisé et qui devient résident libère une poste pour un autre travailleur étranger.

«Plus tes travailleurs sont jeunes, plus ils sont diplômés et meilleurs ils sont en français, plus grandes sont leurs chances d’obtenir la résidence permanente en fonction des grilles de pointage technique de travailleurs qualifiés», explique Me Guillaume Audet.

Mais qu’est-ce qu’un niveau de francisation acceptable? Pour le savoir, il faut se tourner vers les tests de langues standardisés internationaux. «Le Québec octroie des points – et je trouve cela déplorable – seulement lorsque le candidat a atteint un niveau intermédiaire avancé en français. La plupart des collègues québécois de ces travailleurs auraient de la difficulté à obtenir ce niveau-là.»

Une partie de la solution consisterait à octroyer des points à partir d’un niveau de français parlé fonctionnel.

«Les travailleurs étrangers se font dire qu’il doivent avoir un niveau intermédiaire avancé pour éventuellement obtenir la résidence permanente. Ca décourage les travailleurs», constate Me Audet. «Il faut que le Québec s’ajuste pour commencer à octroyer un pointage dès qu’il y a une connaissance minimale de base du français. Ça encouragerait les gens.»

Steve Bouchard écrit sur le camionnage depuis près de 30 ans, ce qui en fait de loin le journaliste le plus expérimenté dans le domaine au Québec. Steve est le rédacteur en chef de l’influent magazine Transport Routier, publié par Newcom Média Québec, depuis sa création en 2000. Il est aussi le rédacteur en chef du site web transportroutier.ca et il contribue aux magazines Today’s Trucking et Truck News.

Steve rédige aussi le bulletin électronique de Transport Routier, Les nouveautés du routier, et il participe à l’élaboration des stratégies de communication pour le salon ExpoCam de Montréal, propriété de Newcom.

Steve est détenteur d’un permis de conduire de classe 1 depuis 2004 et il est le seul journaliste de camionnage au Québec à avoir gagné des prix Kenneth R. Wilson de la Presse spécialisée du Canada, l’or et l’argent deux fois chacun.

Steve a occupé la présidence et la présidence du Conseil du Club des professionnels du transport du Québec et il représente les médias au comité des fournisseurs de l’Association du camionnage du Québec. En 2011, il a reçu le prestigieux prix «Amélioration de l’image de l’industrie» remis par l’Association du camionnage du Québec.

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