La planification et l’éducation favorisent l’électrification des flottes

L’intégration des véhicules électriques (VE) dans les flottes exige une planification et une formation méticuleuses. La recherche, la planification des infrastructures, la prise de décision basée sur les données et l’éducation sont essentielles pour identifier les véhicules et les itinéraires adaptés à l’électrification, ont déclaré les panélistes lors de la conférence GreenTech de Truck World consacrée au potentiel de l’électrification des flottes.

La transition vers les VE est inévitable, car l’industrie et la société s’efforcent de décarboniser le secteur, ont affirmé les panélistes.

Kurt Neutgens, président d’Orange EV, a averti que rester fidèle au diesel pourrait bientôt devenir une erreur coûteuse.

«L’opportunité financière, les avantages opérationnels, c’est mieux à tous points de vue», a-t-il déclaré. «Si vous ne le faites pas maintenant, vous en subirez les conséquences dans trois ans.»

Scott Beck, vice-président des ventes chez Battle Motors, est du même avis, ajoutant que la transition n’est pas une affaire de tout ou rien.

«Si vous avez une flotte de 100 camions, électrifiez-en 10 pendant que vous modernisez complètement l’infrastructure. La transition se fait progressivement.»

Quand et où l’électrification est-elle justifiée ?

Cependant, il y a beaucoup de planification et d’éducation à faire avant d’intégrer les VE dans sa flotte.

Gabriela Favaron, directrice de l’infrastructure EV chez 7Gen, a indiqué que la planification de l’infrastructure, en particulier celle de recharge, est impérative pour l’électrification réussie d’une flotte.

Il s’agit de comprendre les besoins spécifiques de la flotte, tels que la distance journalière parcourue et les types de véhicules utilisés. Cela permettra de sélectionner l’infrastructure de recharge appropriée, y compris le type de bornes de recharge  et les logiciels nécessaires.

Selon elle, les nouveaux venus dans le domaine de l’électrification font souvent l’erreur de déployer les VE de la même manière que les véhicules traditionnels à moteur à combustion interne (ICE). Bien qu’ils soient similaires en termes de fonctionnement, l’approche doit être différente.

«Dans le passé, nous pouvions simplement nous rendre à une station-service et y faire le plein. Aujourd’hui, nous pensons, en fonction de vos opérations, que vous devrez construire votre station-service dans votre propre dépôt. Cela change complètement la dynamique de la réflexion sur l’infrastructure, la manière de la concevoir et de l’optimiser», a souligné Mme Favaron, ajoutant que les initiatives éducatives pour les équipes sont également essentielles pour assurer la préparation et la mise en œuvre efficace des stratégies d’électrification. Elle a insisté sur le fait que l’électrification est une option réalisable aujourd’hui, avec une technologie prête à être déployée.

Qu’est-ce qui rend la transition possible ?

Pour déterminer le point de départ de l’électrification, la clé réside dans des décisions basées sur des données, a déclaré Elizabeth Baker, partenaire de Deloitte pour la chaîne d’approvisionnement et les opérations de réseau. Les flottes doivent évaluer plusieurs facteurs, notamment les véhicules et les itinéraires qui peuvent être électrifiés en fonction de la capacité d’autonomie, de la technologie disponible et de la charge utile.

Ensuite, les gestionnaires de flotte doivent examiner leurs installations pour déterminer si elles sont adaptées à une infrastructure de recharge. Par exemple, il est préférable de rechercher des sites dont la capacité disponible permet d’accueillir des bornes sans nécessiter d’importantes mises à niveau, ce qui faciliterait l’intégration de l’électrification dans les opérations existantes.

«De plus, où obtient-on le meilleur rapport qualité-prix en matière d’émissions? Un véhicule en Colombie-Britannique bénéficie d’une réduction des émissions plus importante que, disons, un véhicule en Nouvelle-Écosse», a expliqué Mme Baker. Sur la base de ces évaluations et analyses, les flottes seront en mesure de déterminer si certaines installations ou technologies doivent être modernisées et quels sites et véhicules peuvent bénéficier de l’électrification dès à présent, et non dans plusieurs mois ou années.

Meilleures applications pour les VE

Il est également important de prendre en compte les applications des véhicules électriques.

Par exemple, les tracteurs de terminaux sont une excellente application pour l’électrification, ce qui est tout à fait logique pour les clients puisqu’ils peuvent être utilisés derrière la clôture. Le fonctionnement dans une zone confinée telle qu’un terminal ou un dépôt permet un environnement plus contrôlé pour le déploiement de l’infrastructure de recharge, a déclaré M. Neutgens d’Orange EV. Les tracteurs des terminaux étant déjà efficaces, le passage à l’électricité permet de réduire rapidement les émissions et d’améliorer l’efficacité. Il a ajouté que les VE fonctionnent mieux par temps froid que les véhicules au diesel.

M. Beck estime que la collecte des  déchets constitue  une autre bonne application pour les  camions électriques, car ils sont bien adaptés aux itinéraires courts, généralement compris entre 15 et 40 milles, même s’ils sont capables de parcourir des distances beaucoup plus longues. Cela leur permet de fonctionner efficacement avec des bornes de niveau 2, réduisant ainsi le besoin de bornes de niveau 3 à haute puissance.

Autre avantage des camions à ordures électriques :  leur fonctionnement est plus silencieux que celui des camions diesel traditionnels, ce qui les rend plus respectueux du voisinage, en particulier pour les collectes municipales tôt le matin.